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le Lundi 14 mars 2016 12:44 Volume 33 Numéro 13 Le 11 mars 2016

20 chefs d’accusations pour la ferme laitière Chiliwack dans l’Ouest canadien

20 chefs d’accusations pour la ferme laitière Chiliwack dans l’Ouest canadien
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Chantal Quirion À la suite d’une enquête menée par Mercy For Animals, les propriétaires de la ferme Chilliwack Cattle Sales dans la région de Vancouver et sept de ses employés font face  à 20 accusations en vertu de la Loi sur la prévention de la cruauté envers les animaux de la Colombie-Britannique. Chacun d’eux est passible d’une amende allant jusqu’à 75 000 $, d’une peine d’emprisonnement de deux ans et d’une interdiction à vie de posséder des animaux. Les prévenus comparaîtront devant la Cour pour une première audition en avril indique Vandhana Bala, conseillère pour Mercy For animals. Le système judiciaire confirmera ou infirmera par la suite s’il y a matière à procès. « Ce cas devrait sonner l’alarme quant à l’omniprésence dans l’industrie laitière de la déchirante cruauté envers les animaux », commente Mme Bala. Selon Mercy For Animals, l’enquête en caméra cachée montre des travailleurs de la plus grande ferme laitière au Canada en train de frapper et de torturer des vaches. Mercy For Animals demande que les protections juridiques des animaux d’élevage soient plus étendues. Le document filmé en mai 2014  montre  des employés de l’entreprise en train d’asséner des coups de pied et des coups de poing à des animaux, d’utiliser des chaînes et des tracteurs pour hisser les vaches en l’air, de serrer des plaies purulentes et de frapper les taureaux dans les testicules, rapporte l’organisme dans un communiqué émis le 1er mars. Immédiatement après l’enquête, Mercy For Animals s’est adressé à la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux de la Colombie-Britannique (BSSPCA) qui a ensuite perquisitionné les installations et recommandé que des accusations criminelles soient déposées. Au moment de l’enquête, Chilliwack Cattle Sales était l’un des principaux fournisseurs de Saputo, multinationale montréalaise et plus grand transformateur laitier au Canada. Après la diffusion de la vidéo, Saputo avait réagi rapidement en affirmant qu’elle cessait de s’approvisionner chez Chiliwack. En 2015, après des discussions avec Mercy for Animals, Saputo annonçait l’adoption d’une nouvelle politique de bien-être animal pour toute sa chaîne d’approvisionnement mondiale en produits laitiers. Moins d’un mois plus tard, le ministre de l’Agriculture de la Colombie-Britannique, Norm Letnick, a annoncé que la province adoptait un Code de pratique de l’industrie laitière au sein de la politique provinciale de prévention de la cruauté envers les animaux, mais sans lui donner force de loi. Le Code de pratique de l’industrie laitière énonce certaines exigences minimales en ce qui concerne le traitement et le bien-être des vaches laitières du Canada. « Il y a des cas de cruauté qui ne peuvent être niés mais il faut faire attention au sensationnalisme. Il y a souvent des nuances à apporter. Aux États-Unis, le public a été tellement inondé de ce genre d’information qu’il n’y porte même plus attention. Nous comme producteurs ont fait de notre mieux. Chez nous on a trois traites par jour et on est rarement là pour la troisième. Que faut-il faire? Installer des caméras partout ?», questionnait Marc Quesnel, producteur laitier à Moose Creek dans l’Est Ontarien. Pour sa part, Johanne Lafrance productrice laitière de Saint-Eugène précise qu’il y a des normes à respecter pour le déplacement des animaux. L’utilisation du tracteur et de chaînes est parfois incontournable mais les pattes de la vache doivent rester en contact avec le sol et des courroies de cuir sont utilisées pour éviter que l’animal ne se blesse. Autrement dit, l’utilisation de telles méthodes ne sont pas forcément cruelles. Pour sa part, Marc Laflèche, producteur laitier de Saint-Albert considère que ce genre de publicité nuit à tort à l’image de l’industrie laitière. Comme d’autres producteurs qui ont émis des commentaires dans cette affaire, le mot d’ordre serait plutôt, « nuances ». Ce sera au tribunal d’en décider.