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le Mercredi 20 avril 2011 0:00 Volume 28 Numéro 16 Le 20 avril 2011

La Ferme rêveuse en fait rêver plus d’un

La Ferme rêveuse en fait rêver plus d’un
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Alors que les agriculteurs de la région s’affèrent à préparer leur machinerie et équipements en vue des semences, un agriculteur de Curran, Kornel Schneider, entrevoit déjà une récolte fructueuse avant même d’avoir ensemencé ses champs. Est-ce parce qu’il est visionnaire, ou rêveur, comme l’indique le nom de sa ferme ? Son secret réside plutôt dans l’utilisation d’un semoir à l’air pour le moins particulier.

 

Depuis trois ans, l’agriculteur d’origine suisse utilise un prototype de semoir à air adapté entre autres pour le brome. Puisqu’il en avait assez d’avoir de la difficulté à semer du brome au printemps, en raison de la difficulté à doser précisément les quantités de semences vu la forme de la semence, Monsieur Schneider est allé chercher l’expertise d’un fabriquant autrichien pour régler son problème. L’agriculture de précision étant beaucoup plus avancée en Europe, il a choisi de s’adresser à la compagnie Hatzenbichler. Sa femme Olga et lui ont donc fait le grand voyage avec un sac de brome dans les valises.

 

C’est donc en 2008, soit 2 ans après avoir passé sa commande, que l’agriculteur a reçu son semoir. Monté sur des peignes, la pièce est équipée de 2 semoirs. Le premier, destiné aux graminées permet de semer plus en profondeur, et le deuxième aux légumineuses qui nécessitent d’être semées plus en surface.

 

Malgré le coût élevé de la pièce d’équipement, soit près de 30 000 $, il ne pourrait plus s’en passer désormais et ses clients non plus d’ailleurs. « Les clients pour qui je fais des travaux à forfait ne veulent plus semer sans cela quand ils ont prit connaissance des résultats », soutien Monsieur Schneider. De fait, son utilisation comporte de nombreux avantages.

 

Diminution des mauvaises herbes et hausse des rendements

L’un des bienfaits les plus appréciables de ce semoir à air est sans doute la diminution considérable du taux de mauvaises herbes. « La pression des mauvaises herbes a été réduite de moitié et les rendements ont augmenté de 20 % », explique l’agriculteur qui n’est pas peu fier de dévoiler ces chiffres. Le semoir à air a pour effet de répartir les semences plus uniformément au champ qu’un semoir conventionnel, ce qui élimine la présence de sillons entre lesquels s’établissent les mauvaises herbes. Bien qu’il n’ait pas l’habitude d’épandre des pesticides, la gestion des mauvaises herbes s’avère par conséquent beaucoup plus facile et moins coûteuse qu’avant.

 

Bref, cette meilleure répartition et la diminution du nombre de mauvaises herbes permettent à Monsieur Schneider d’obtenir des pâturages d’une densité à en faire rêver plus d’un, ainsi qu’une une hausse non négligeable du rendement de ses récoltes de plantes fourragères. « La nature n’a jamais rien semé en ligne. C’est l’une des raisons pourquoi j’aime bien que ce soit bien réparti », lance Kornel Schneider.

 

Taux de refus réduit

L’agriculteur, qui envoie ses vaches laitières au pâturage 180 jours par année, a également observé un taux de refus beaucoup moins élevé qu’auparavant, et ce, grâce à la répartition plus uniforme des semences au champ. « La vache ne peut plus sélectionner. Quand elle ouvre la bouche, explique-t-il, elle ne peut pas décider entre du brome ou de la luzerne. Elle mange les deux en même temps. »

 

Agriculture de précision

La ferme de Kornel Schneider a été surnommé «la ferme du futur » par quelques-uns de ses visiteurs, en raison de la combinaison des outils de précision utilisés. De fait, l’agriculteur s’est également équipé d’un système de positionnement (GPS) et d’un système Auto Track qui guide le tracteur automatiquement sans qu’il ne touche au volant. Cet outil de travail lui permet par exemple de ne pas repasser sur une parcelle de terrain qui a déjà été ensemencée, avec une précision de 2 à 3 pouces, réduisant ainsi les pertes de temps et les coûts inutiles. De plus, son système permet d’obtenir un dosage précis grâce à un outil de calibration électronique. Un radar mesure aussi la vitesse d’avancement.

 

Grâce à son expertise dans le domaine de la gestion intensive des pâturages, Monsieur Schneider donne à l’occasion des présentations dans des établissements d’enseignement, ainsi qu’à des groupes d’agriculteurs intéressés par ses idées innovatrices. Il reçoit également plusieurs groupes de visiteurs à sa ferme afin de leur transmettre son savoir-faire et ses techniques de gestion.

 

En raison de la forte demande de visites et des appels continus au sujet de sa ferme, l’agriculteur a décidé de monter un site Web afin que les curieux puissent en apprendre davantage sur son travail. L’adresse Web n’a pas encore été déterminée, mais le site devrait être mis en ligne dans quelques semaines, tout au plus.