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le Mercredi 19 février 2003 0:00 Le 19 février 2003

Usine d’éthanol de la Seaway Valley Farmers Coop: les sociétaires y croient toujours!

Usine d’éthanol de la Seaway Valley Farmers Coop: les sociétaires y croient toujours!
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« Dans les coulisses, avec la signature du Protocole de Kyoto, on dit que le gouvernement fédéral consacrerait des fonds pour l’éthanol. C’est à ce moment que nous saurons vraiment à quoi s’attendre » ? Alain Leduc

Lors de l’assemblée annuelle de la Seaway Valley Farmers Energy Co-operative, tenue le 8 octobre dernier à Kemptville, les 181 sociétaires présents avaient donné un mandat clair à leur bureau de direction: 90 jours pour arriver avec une solution qui permettrait finalement de concrétiser la construction d’une usine d’éthanol à Cornwall.

Le bureau de direction ayant fait ses devoirs, les sociétaires étaient convoqués à une réunion spéciale, le 23 janvier 2003, au centre communautaire de Winchester, rencontre à laquelle près de 300 sociétaires ont participé.

« Le but de cette rencontre est de vous présenter une mise à jour de la situation. Nous ne parlerons pas des choses du passé mais uniquement des solutions d’avenir », a affirmé d’entrée de jeu le vice-président de la coopérative, Edward Schouten.

Depuis l’automne dernier, les dirigeants du Seaway Valley Farmers Energy Co-operative sont allés en processus d’appel d’offres afin de trouver un nouveau prêteur principal pour ce projet. « Plus d’une douzaine de prêteurs potentiels ont été approchés et en bout de ligne, deux d’entre eux ont soumis des propositions », mentionne le consultant engagé par la coopérative pour mener à terme ce projet, Lee Williams. « Le bureau de direction s’est rencontré lundi dernier (20 janvier) et a arrêté son choix sur First Treasury Corporation », d’ajouter M. Williams.

Comme l’indique Lee Williams, la proposition de cette compagnie basée à Toronto était la plus alléchante. « L’autre soumissionnaire demandait une avance de fonds plus élevée et exigeait, tout au long de la construction, une réserve d’argent plus grande de la part de la coopérative », souligne M. Williams.

L’Association canadienne du capital de risque définit First Treasury Corporation comme étant une compagnie offrant du financement majeur à des entreprises de moyenne envergure basées au Canada qui désirent construire, prendre de l’expansion, faire de nouvelles acquisitions ou se relocaliser.

D’après les estimations du consultant de la coopérative d’éthanol, cette compagnie aura besoin d’une période de quatre semaines à 90 jours pour décider si elle saute à pieds joints dans cette aventure. « Un processus d’études du dossier doit tout d’abord être fait. Par la suite, cette compagnie devra trouver le financement nécessaire en formant un consortium de prêts », fait remarquer Lee Williams.

Ce n’est que si First Treasury Corporation trouve les 30 millions de dollars nécessaires pour assurer la construction de l’usine d’éthanol, qu’un engagement formel sera pris. « Nous avons une proposition très acceptable sur la table. Si tout va bien, nous pourrons procéder à la signature des documents officiels après la formation du consortium de prêts », énonce Lee William en ajoutant que la signature des documents devrait se faire assez rapidement. « Près de 80% de toute la documentation est déjà complétée car la coopérative a déjà passé au travers ce processus », déclare-t-il.

Comme le présente un des directeurs du bureau de direction, Richard Lavigne, le choix de cette compagnie doit être celui des membres de la coopérative. « Nous ne sommes que des directeurs. Ce projet est votre projet et c’est vous qui devez prendre cette décision.»

Les membres qui attendent depuis plusieurs années la concrétisation de ce dossier ont voté presque unanimement (1 seul vote contre) pour aller de l’avant avec le choix de First Treasury Corporation. « Nous avons attendu 10 ans alors nous pouvons encore nous permettre d’attendre un autre trois mois », d’affirmer plusieurs d’entre eux.

Le secrétaire du bureau de direction du Seaway Valley Farmers Energy Co-operative, Alain Leduc, n’a pas été surpris de cet appui de masse. « Jusqu’à ce jour, les membres nous ont toujours supportés. Il est vrai qu’il y a eu du questionnement sur des actions prises par le passé mais il y a toujours des raisons pour expliquer les gestes qui ont été effectués. En assistant aux rencontres, les sociétaires se rendent compte que tout ce qui a été fait jusqu’à ce jour était pour le bien de la coopérative », informe Alain Leduc.

Fonds de roulement

Il y a cependant une ombre au tableau: les coffres servant aux opérations quotidiennes de la coopérative sont vides ou presque. Pour financer le projet, le bureau de direction compte utiliser les intérêts accumulés par deux dépôts fiduciaires. « Nous avons 3,8 millions de dollars mais cet argent est gelé. De cette somme, il y a 800 000 $ qui représentent les intérêts accumulés lors des dernières années. Ce que nous demandons au gouvernement provincial, c’est de libérer quelque 200 000 $ immédiatement pour commencer le travail avec First Treasury Corporation et de libérer la balance des intérêts en cours de route », explique Alain Leduc.

Comme le précise M. Leduc, il n’est pas question d’utiliser l’autre dépôt fiduciaire. « Nous avons un autre 8 millions de dollars mais cet argent appartient aux 2800 membres de la coopérative. Si jamais le projet ne voit pas le jour, les sociétaires reverront leur argent », lance le producteur de grandes cultures de la région de Moose Creek.

À la mi-février, les dirigeants de la coopérative attendaient toujours une réponse positive de la part du gouvernement provincial. « C’est un processus très complexe qui demande plus de temps que ce que nous avions imaginé au départ. Le travail se poursuit », indique Bud Atkins du Seaway Valley Farmers Energy Co-operative.

Pour Alain Leduc, il est essentiel que la coopérative poursuive ses opérations. « Dans les coulisses, avec la signature du Protocole de Kyoto, on dit que le prochain budget du gouvernement fédéral consacrerait de l’argent pour l’éthanol. C’est à ce moment que nous saurons vraiment à quoi s’attendre », souligne M. Leduc.

Ce dernier est convaincu que l’usine verra le jour « C’est drôle à dire mais nous avons été six ans en avant de notre temps. Nous étions rendus à un certain stade mais le gouvernement n’y était pas. Les prochaines semaines seront déterminantes et espérons que toute cette attente en valait la peine », conclut Alain Leduc.