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le Jeudi 17 mars 2005 0:00 Le 17 mars 2005

Après deux manifestations, des militants font le point

Après deux manifestations, des militants font le point
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C’était vendredi après-midi le 11 mars dernier. Six agriculteurs francophones et un sympathisant francophones avaient visiblement rattrapé leur sommeil et leurs travaux routiniers et sentaient le besoin de faire le point sur les deux manifestations de suite à Toronto et d’expliquer leur double allégeance aux deux organisations que plusieurs considèrent comme rivales qui ont organisé chacune leur manifestation de leur côté.

« Moi, je suis allé aux deux manifestations en ne portant qu’un seul chapeau, mon chapeau d’agriculteur, » a déclaré d’emblée Jean-Marie Ménard, un producteur diversifié de la région d’Embrun. « Je ne portais pas le chapeau de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario (FAO) ni celui de la Lanark Landowners’ Association (LLA). »

« Presque tous les secteurs de l’agriculture ontarienne vivent une des pires crises des temps modernes, poursuit M. Ménard. Ça ne peut plus continuer comme ça. Nos gouvernements ne nous écoutent plus. C’est pourquoi je pense comme beaucoup d’autres qu’il faut prendre des moyens légaux mais plus radicaux pour se faire entendre. Le mouvement de la LLA est un mouvement de la base. C’est un mouvement qui a surgi spontanément et qui exprime bien le ras-le-bol que nous avons tous. »

Jacques Pasquier, un producteur laitier d’Embrun, fait une mise au point. « La LLA n’est pas là pour remplacer la FAO. Ce n’est même pas une organisation, ce n’est qu’un mouvement, mais qui est très utile à ce moment-ci car il faut forcer certaines choses à changer. Nos gouvernements ne nous écouterons pas si nous ne sommes pas plus militants et la FAO doit accepter d’écouter les plus militants d’entre-nous qui souhaitent des moyens d’action plus radicaux parce que les vieilles méthodes de lobby autour d’une tasse de thé ne fonctionnent plus. On ne veut pas remplacer la FAO. On a besoin de ses structures et il faut des années pour construire de telles structures. La FAO, c’est comme une bonne vieille maison qui a quelques failles dans le solage:la fondation: il suffit de la réparer ! »

On fait un tour de table sur cette question et tous sont d’accord. L’objectif, c’est de rénover la FAO, de changer son mandat et de la rendre plus efficace en l’amenant à utiliser de nouveaux moyens de pression. Et surtout, il n’est pas question de demander un remboursement pour la cotisation de 150$ tel que la loi le permet. « Ce serait la pire chose à faire dit Jean-Marie Ménard. Ce n’est pas en coupant le financement de la FAO qu’on réussira à faire progresser les choses ».la faire progresser».

Michel Calende, un producteur de céréales, va plus loin: il critique également les associations de producteurs de grandes cultures. « L’an passé, j’ai payé plus de 1000$ en retenues sur mes ventes de maïs et de soya au taux de 45¢ la tonne de maïs et de 80¢ la tonne de soya et j’ai toujours l’impression que cet argent n’a servi à rien. »

Daniel Coulange, un producteur laitier de Casselman, exprime bien le sentiment du groupe lorsqu’il dit: « Les agriculteurs sont ignorés, l’agriculture n’est plus respectée et il est temps de passer aux prochaines étapes ». Tous sont d’accord cependant pour dire qu’il faut être judicieux dans le choix des moyens. Un des mots d’ordre c’est qu’il faut absolument mettre le public de son bord et surtout pas se le mettre à dos.

« Dans l’affaire de la vache folle, les consommateurs canadiens se font avoir autant que nous. Nous n’avons presque rien pour nos produits et pourtant les prix demeurent tout aussi élevés pour les consommateurs » affirme Erik Robert un producteur de bovins de boucherie.

Et le mot de la fin’ C’est unanime, c’est le mot SOLIDARITÉ. « Il faut beaucoup de participants solidaires et nous devons continuer nos efforts pour se donner une seule voix. C’est pourquoi même si nous appuyons certaines activités de la LLA, nous ne voulons pas qu’elle devienne une autre organisation agricole accréditée » a affirmé le groupe.

NDLR. Suite à cette entrevue, Agricom a appris qu’une des prochaines étapes pourraient être une manifestation sur la Colline parlementaire à Ottawa avant la fin mars. Les agriculteurs ont été avertis de se tenir prêts et de laver leur tracteur pour les amener en ville!