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le Mardi 10 juin 2014 16:22 Volume 31 Numéro 19 Le 6 juin 2014

Petite histoire des menaces de fermeture du Collège d’Alfred

Petite histoire des menaces de fermeture du Collège d’Alfred
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1993

Le gouvernement néo-démocrate de l’époque décide de fermer trois des cinq collèges d’agriculture de la province, soit ceux de Centralia, New Liskeard – tous deux anglophones – et celui d’Alfred, le seul collège francophone. Lorsqu’il prend connaissance des propositions de ses fonctionnaires, le ministre de l’Agriculture, Elmer Bucchanan, a des doutes sur la proposition de fermer Alfred. Il consulte alors le critique agricole de l’opposition, Noble Villeneuve, qui connaît bien la communauté agricole francophone. Ce dernier lui conseille fortement de ne pas fermer le collège d’Alfred sans en parler à son premier ministre, Bob Rae, qui à son tour, l’enjoint à ne pas mettre la clé sous la porte du Collège d’Alfred. À la dernière minute, on modifie donc le communiqué de presse qui annonçait la fermeture des trois collèges, en y enlevant le nom d’Alfred.

La collectivité avait été mise au courant de cette situation à la dernière minute grâce à un appel anonyme d’un haut fonctionnaire. Quelques coups de fil de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO) ont porté fruit, mais la communauté n’a pas eu à se mobiliser cette fois-là.

1996

Le gouvernement conservateur de l’époque décide de ne plus gérer directement ses trois collèges d’agriculture et d’en confier la gestion à l’Université de Guelph. Au départ, la communauté agricole francophone est consternée. On croit que ça ne peut fonctionner et on parle alors des trois distances : géographique, linguistique et culturelle.

Cependant, le ministre de l’Agriculture (et des Affaires francophones) du temps, Noble Villeneuve, facilite le dialogue entre l’UCFO et la haute direction de l’Université de Guelph. Après près d’un an de discussions, les deux parties identifient des avantages mutuels et le scepticisme fait place à un certain enthousiasme de part et d’autre.

L’UCFO mène une dizaine d’assemblées de cuisine dans la province pour consulter ses membres, et le consensus se dégage voulant qu’il y ait des avantages à s’affilier à l’Université de Guelph à la condition qu’on ait une entente écrite et légale qui offrirait des garanties essentielles. L’entente est négociée et signée au Collège d’Alfred en avril 1997 par les deux parties devant une foule constituée d’agriculteurs, de professeurs, d’étudiants et de membres de la communauté. Immédiatement avant la signature, tous dans la salle en prennent connaissance et sont invités à l’entériner. Le vote est unanime.

L’entente reste en vigueur du 4 avril 1997 au 12 mars 2014. C’est de cette entente que l’Université de Guelph se retire aujourd’hui.

1998

Après la défaite électorale de son ministre de l’Agriculture, Noble Villeneuve, le gouvernement Harris décide unilatéralement de fermer le Collège d’Alfred. L’UCFO coordonne une vaste levée de boucliers et reçoit l’appui incroyable de toutes sortes d’organismes. Articles-chocs dans les journaux, conférences de presse, etc., toute la population franco-ontarienne participe au mouvement.

C’est cependant l’appui énergique et sans ambiguïté de l’Université de Guelph qui fait pencher la balance et reculer le gouvernement. Devant les micros de Radio-Canada au Collège d’Alfred, le doyen de la faculté d’agriculture de l’université affirme avec force que « le Collège d’Alfred ne fermera pas ». Il rappelle fermement au gouvernement que l’université a une entente contractuelle de partenariat avec lui qui confie la gestion du Collège d’Alfred à l’Université de Guelph et qu’en vertu de cette entente, le gouvernement n’a pas le pouvoir de dicter ses volontés à l’université.

La communauté ajoute à ceci des menaces de recours juridiques. Le gouvernement Harris recule et ce fut la fin de cet épisode.

2014

Vous connaissez l’histoire…

Pierre Glaude était le secrétaire général de l’UCFO et a participé activement à ces trois mobilisations pour éviter la fermeture du Collège d’Alfred.