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le Vendredi 11 juillet 2014 4:00 Volume 31 Numéro 21 Le 4 juillet 2014

L’engouement pour les produits locaux atteint la vitesse grand V

L’engouement pour les produits locaux atteint la vitesse grand V
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Les efforts de promotion des aliments locaux d’un groupe de producteurs de l’Est ontarien semblent avoir plus de résultats tangibles que les tentatives du gouvernement ontarien. Le Réseau agroalimentaire de l’Est ontarien (RAEO), qui regroupe des cultivateurs des Comté Unis de Prescott-Russell et ceux de Stormont-Dundas-Glengary, a mis en branle de nombreux projets dont les retombées se font concrètement sentir dans la région.

La dernière année a été plus que fructueuse pour le Réseau. À peine démarré il y a trois ans, celui-ci a réussi à regrouper 150% plus de membres qu’à pareille date l’an passé. Plus de 90 producteurs ont donc décidé d’allier leurs forces pour inciter la population de leur territoire à manger local.

On remarque d’ailleurs que les piliers de la production agroalimentaire de l’Est ontarien affichent tous le logo « Produit de Prescott-Russell ». Après les boissons alcoolisées Beau’s All Natural, ce fut au tour des emballages des œufs de la Ferme avicole Laviolette, des produits laitiers Skotidakis et des bières de la micro-brasserie Cassel Brew à arborer les couleurs de leur région respective.

« Chaque fois que je passais à côté des œufs et que je voyais des clients prendre d’autres marques que celle de la Ferme avicole Laviolette, je leur faisais la promotion de nos produits locaux. Ils finissaient tous par changer d’idée et par prendre des œufs Laviolette », a raconté Carole Lavigne, ex-présidente du RAEO, devant la vingtaine de membres qui étaient réunis à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de l’organisme, le 25 juin.

Il n’en coûte pratiquement rien aux compagnies pour ajouter la mention de provenance du produit et ainsi multiplier leurs ventes puisque les Comtés unis de Prescott-Russell défrayent les coûts de la plaque d’impression.

« Nous nous sommes aperçus que c’était important pour les gens de savoir que les produits viennent de leur région », confie Mme Lavigne.

En plus de travailler sur l’identification des produits locaux, le Réseau a fait des pas de géant dans son projet de créer une marque de bœuf propre à l’Est ontarien. La viande sera vendue dans des comptoirs identifiés à cet effet dans trois épiceries dès cet automne.

« On commence avec le bœuf Blanc Bleu Belge, mais c’est une question de temps [pour que nous démarrions avec d’autres viandes], précise Carole Lavigne. J’ai des producteurs d’agneaux, de chèvres et de fromages qui se disent prêts à entrer dans l’aventure. »

Le projet de viandes locales commencera à générer des fonds, ce qui permettra au Réseau de devenir autonome financièrement dans les prochaines années et de moins dépendre des subventions gouvernementales qui se font de plus en plus rares.

Notons qu’il a fait un déficit de 21 500 $ en 2013.

Changement de garde

Après trois ans à la tête du Réseau agroalimentaire de l’Est ontarien, Carole Lavigne a laissé son siège de présidente à Réjean Ouimet qui occupait jusque-là la fonction de vice-président.

« Ma plus grande fierté est d’avoir concertisé le monde agroalimentaire, dit celle qui Mme Lavigne, qui a vu naître le Réseau. C’était à chacun des producteurs à faire sa marque, à produire, à transformer, à faire son marketing, à aller vendre leur produit et ils s’épuisaient. C’est malheureux parce que plusieurs producteurs en avaient assez et arrêtaient [la production]. »

Le mandat initial du Réseau agroalimentaire était donc de prendre en charge le marketing et la promotion pour alléger le fardeau des agriculteurs, une tâche dont il s’acquitte très aisément.

Bien connu dans la région pour avoir œuvré de nombreuses années à titre de directeur général de la Fromagerie St-Albert, M. Ouimet entrevoit son nouveau mandat avec enthousiasme.

« J’ai une fierté de où je suis rendu et ce que je pourrai apporter au Réseau avec mon expérience. […] Les gens veulent manger des produits locaux et s’ils ne sont pas là [à l’épicerie], on ne les prendra pas. Si nous avons un coin dédié à ces produits, les gens vont être fiers d’en acheter et les emplois resteront dans notre région. »