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le Mercredi 1 août 2012 0:00 Volume 29 Numéro 22 Le 3 août 2012

Des terres cultivables asphaltées ?

Des terres cultivables asphaltées ?
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Une trentaine d’hectares de terres agricoles autrefois cultivées et de boisé en bordure de la route 17, au sud du village de Plantagenet, pourraient faire place aux gros camions et à l’odeur d’asphalte, craignent les citoyens de l’Est ontarien. L’entreprise PB Paving and Landscaping de Rockland a demandé un changement de zonage à la mairie afin d’y construire une usine d’asphalte.

La compagnie prévoit investir de trois à quatre millions de dollars pour y construire une usine qui aurait la capacité de produire 250 tonnes d’asphalte à l’heure. On estime créer 30 à 50 emplois directs et indirects, saisonniers pour la plupart puisque l’usine ne fonctionnerait que six mois par année, soit de la mi-mai à la mi-novembre. Reste à obtenir l’aval du conseil municipal pour le changement du zonage rural à un zonage agrégats et minerais.

Or, l’endroit où se situerait l’usine est actuellement classé comme étant d’intérêt naturel et scientifique. Plusieurs s’inquiètent des répercussions qu’aurait cette construction sur la faune et la flore des environs, près du pont Jessup’s Falls.

C’est d’ailleurs le cas de Jean-Claude Havard, un résident du secteur, qui craint qu’un ruisseau qui se déverse dans la rivière des Outaouais ou la Nation ne soit contaminé par les produits chimiques utilisés dans le processus de fabrication d’asphalte.

L’un des promoteurs du projet assure toutefois avoir plusieurs études environnementales prouve qu’il n’y aurait aucun danger.

Une carrière ?
La présence d’une crête calcique sur le terrain où l’entrepreneur prévoit construire son usine fait également craindre les citoyens que le changement de zonage permette éventuellement aux entrepreneurs d’opérer une carrière. À cela, Pierre Bernard, l’un des promoteurs du projet s’est contenté de répondre que « ce n’est pas prévu pour l’instant ».

« Le changement de zonage proposé semble ouvrir la porte non seulement à l’établissement d’une usine d’asphalte mais à l’exploitation d’une carrière ou autre opération dont les effets environnementaux sont actuellement imprévisibles, s’indigne Marc Parent, président de l’association Boisés Est. Dans ces conditions, nous aimerions savoir comment le Canton et les Comtés prévoient vérifier à long terme la qualité de l’eau et de l’air, la hauteur de la nappe phréatique, le niveau de bruit, la qualité des produits agricoles et autres indicateurs de l’environnement […]».

« C’est pas qu’on ne veut pas d’usine d’asphalte, précise M. Havard. Tout le monde veut des routes asphaltées, alors il faut en fabriquer quelque part. Mais on se demande pourquoi on va mettre ça dans un terrain zoné rural, alors qu’il existe déjà des endroits qui sont zonés pour ce type d’industrie lourde. »

Un comité de citoyens n’a pas tardé à se former dès qu’ils ont été mis au courant qu’un tel projet se tramait. Ils étaient d’ailleurs 350 personnes, selon les estimations, à avoir assisté à une rencontre publique organisée par le canton d’Alfred-Plantagenet le 16 juillet dernier. Celle-ci s’est déroulée sans anicroche, mais les citoyens et les organismes des environs n’ont pas manqué leur chance de faire connaître leur opposition à un tel projet aux autorités municipales.

Les citoyens contre le changement de zonage ont aussi trouvé plusieurs moyens de démontrer leur position. Plusieurs ont, à l’image du carré rouge étudiant québécois, installé plusieurs enseignes et morceaux de tissu rouges au bord de la route 17. 

D’ailleurs, une pétition qui circule en ligne a déjà dépassé le cap des 750 signatures à l’heure de mettre sous presse. Un groupe Facebook a aussi été mis en ligne de sorte à mobiliser la population face à cet enjeu et le regroupement de citoyens organisent plusieurs activités au cours de l’été pour sensibiliser les citoyens à leur point de vue sur cet enjeu.