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le Lundi 5 juin 2017 12:10 Volume 34 Numéro 18 Le 26 mai 2017

Malgré les détracteurs, le système de la gestion de l’offre a toujours la cote

Malgré les détracteurs, le système de la gestion de l’offre a toujours la cote
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Dans son dernier rapport, diffusé le 1er juin, le Conference Board du Canada suggère cinq objectifs clés pour moderniser et à améliorer le commerce et l’investissement sur tout le continent.  Il soutient du même souffle que le maintien et l’amélioration de l’accès du Canada au marché américain dans les secteurs de l’automobile et du bois d’oeuvre nécessiteront probablement des concessions dans l’industrie laitière et dans d’autres secteurs soumis au régime de la gestion de l’offre .

La même journée, faisant écho à ces propos,  Vincent Geloso et Alexandre Moreau de L’Institut économique de Montréal (IEDM),reprennent l’idée que la gestion de l’offre doit être abolie. Ils y évoquent la possibilité que le prix du lait passe de 4,93 $ à 2,08 $ pour deux litres de lait, sur la base d’une comparaison avec le prix aux États-Unis. Leurs sources de données sont respectivement Statistique Canada et le Bureau of Labor Statistics. 

Daniel-Mercier Gouin, agroéconomiste, Université Laval remet aussitôt les pendules à l’heure avec un article intitulé, Du lait, des pommes et des oranges, publié dans la presse le 1er juin également. Il fait mentir les chiffres de l’IEDM qui ont été utilisés de façon biaisées.

À l’image du sondage qui suit, tous n’ont pas la position de droite à l’égard du système de la gestion de l’offre. Le candidat à la chefferie du Parti conservateur du Canada Maxime Bernier est bien placé pour le savoir. Il ne semble pas avoir estimé à sa juste valeur l’attachement des producteurs et du public envers ce système de contingentement et tous les avantages qu’il comporte pour l’ensemble de la société. Enfant chéri de cette course, M. Bernier a perdu par deux pourcent. Le membership dans sa circonscription, la Beauce au Québec, est passé de 109 à 1520 membres entre janvier et mars et le candidat a été défait chez lui. Il avait été réélu avec 58% des voies en 2015. Le groupe Facebook «Les amis de la gestion de l’offre et des régions» qui compte plus de 10 000 membres au Québec et en Ontario n’ont pas fait relâche pendant cette période.

Mais si au cours des derniers jours les détracteurs du système de la gestion de l’offre ont envahi la place publique, suscitant du même coup les ripostes, une étude menée un peu plus tôt par la firme Abacus témoigne que les Canadiens supportent le système. Cette étude indépendante  n’a pas été fiancée par les Producteurs laitiers du Canada.

Ce qui suit a été reproduit avec la permission d’Abacus selon un document préparé par Bruce

Anderson et David Coletto.

Ce sondage a été réalisé en ligne du 21 au 24 avril 2017 auprès de 1 500 Canadiens âgés de 18 ans et plus. Un échantillon aléatoire de participants, sélectionnés parmi un vaste groupe représentatif composé de plus de 500 000 Canadiens, a été invité à répondre au sondage.

 

Satisfaction à l’égard des produits laitiers canadiens

La vaste majorité des Canadiens (92 %) se disent satisfaits de la qualité et du choix de produits laitiers offerts au Canada, et les deux tiers de la population estiment que le prix de ces produits est raisonnable. Or, cette perception selon laquelle le marché actuel fonctionne relativement bien façonne de manière importante le contexte dans lequel les récentes déclarations du président Trump seront reçues par les électeurs canadiens.

Le Canada devrait-il changer sa politique laitière?

Quand on les a informés que le président des États-Unis Donald Trump avait reproché au Canada de ne pas accorder un accès plus facile aux produits laitiers américains et exprimé le désir de voir les marchés canadiens s’ouvrir à un plus grand nombre d’importations, la plupart des répondants sont demeurés insensibles.

Un pourcentage élevé  (77 %) de Canadiens s’accordaient pour dire que « tout comme les États-Unis et d’autres pays, le Canada s’est doté de politiques qui, en plus d’être conçues pour favoriser la vitalité de son industrie laitière, permettent de répondre aux besoins des consommateurs ».

Seulement 23 % des personnes interrogées ont opté pour l’argument selon lequel « le Canada devrait modifier ses règlements et permettre à davantage de produits laitiers étrangers d’accéder à son marché afin de diversifier l’offre et de potentiellement réduire les prix payés par les consommateurs ».

Remarque : Nous avons posé la question à la moitié de l’échantillon en mentionnant expressément le président Trump. Le reste des répondants se sont vu poser la question sans que la critique soit attribuée à M. Trump. Les résultats obtenus différaient à peine d’un groupe à l’autre.

Si les États-Unis exercent de la pression sur le Canada…

Nous avons ensuite demandé aux gens ce qu’ils pensaient que le Canada devrait faire si l’administration des États-Unis lui mettait de la pression à cet égard.

 Très peu de répondants  (7 %) croyaient que le Canada devrait simplement accepter les modifications exigées par les États-Unis.

Parmi les personnes restantes, l’opinion était partagée : 43 % d’entre elles étaient d’avis que le Canada devrait « demeurer ferme et refuser d’apporter quelque changement que ce soit à ses politiques », tandis que 50 % soutenaient que le Canada devrait « négocier une solution qui lui rapporterait quelque chose en échange de certaines concessions dans le secteur laitier ».

Au moment de considérer le contexte politique dans lequel s’inscrit cet enjeu au Canada, il est important d’observer comment la région, les orientations politiques et le milieu de vie (rural, urbain ou suburbain) influent sur les réponses des personnes interrogées.

  • La majorité des gens sont satisfaits du choix, de la qualité et du prix des produits laitiers canadiens, peu importe la région qu’ils habitent, leur milieu de vie (rural ou urbain) ou le parti politique qu’ils soutiennent.
  • Plus de 70 % des Canadiens, toutes régions, toutes allégeances politiques (principaux partis), tous milieux de vie (ruraux et urbains), tous sexes et tous groupes d’âge confondus, estiment que les politiques actuelles du Canada sont satisfaisantes. Seulement 23 % des électeurs conservateurs croient que le Canada devrait ouvrir son marché; 24 % des partisans libéraux et 9 % des électeurs néo-démocrates partagent cet avis.
  • Par rapport à la question sur les mesures qui devraient être prises par le Canada si les États-Unis exercent de la pression à ce sujet, aucun sous-groupe ne démontre plus de 11 % d’intérêt pour un simple consentement aux demandes des États-Unis. Les électeurs conservateurs étaient un peu plus enclins à préférer la négociation d’une solution à l’adoption d’une position ferme (52 % vs 39 %), alors que les libéraux étaient davantage attirés par l’idée de faire preuve de fermeté (55 %) que par celle de négocier une entente (38 %).
  • Les électeurs néo-démocrates étaient, quant à eux, également partagés à propos de cet enjeu. Au Québec, 55 % des répondants penchaient pour l’adoption d’une position ferme, alors que 37 % préféraient la négociation.

 Conclusion

Selon Bruce Anderson, président d’Abacus :

« Le gouvernement Trudeau n’est pas seul à faire face à des défis de taille en ce qui a trait à la relation commerciale du Canada avec les États-Unis. Les résultats présentés ci-dessus montrent que la plupart des Canadiens souhaitent qu’Ottawa conjugue fermeté et pragmatisme pour gérer les différends commerciaux. Le même point de vue s’appliquerait probablement à d’autres contestations commerciales que celles associées à l’industrie laitière.

En ce qui concerne les producteurs laitiers canadiens, les résultats indiquent que, de façon générale, l’opinion publique s’harmonise intuitivement, mais de manière éclairée, avec la leur. Les Canadiens tiendront compte de l’état global de la relation entre leur pays et les États-Unis, et s’attendront à ce que le gouvernement élabore une stratégie visant à défendre les intérêts du Canada.

Cela signifie défendre la politique laitière au besoin, sans nécessairement protéger la réglementation de l’industrie si d’autres intérêts stratégiques l’emportent. »

Les politiques de l’Association de la recherche et de l’intelligence marketing limitent les énoncés concernant les marges d’erreur d’échantillonnage pour la majorité des sondages en ligne. La marge d’erreur d’un échantillon aléatoire probabiliste semblable composé de 1 500 personnes est de +/- 2,6 %, 19 fois sur 20.

Les données ont été pondérées en fonction des données de recensement afin d’assurer que l’échantillonnage reflète la population canadienne quant à l’âge, au sexe, au niveau de scolarité et à la région. Les chiffres ont été arrondis et pourraient donc ne pas toujours totaliser 100 %.

Le document est disponible sur le site abacusdata.ca.