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le Samedi 25 novembre 2017 22:27 Volume 35 Numéro 07 Le 17 novembre 2017

Journée portes ouvertes dans l’Est ontarien avec Peggy et Ken Wilkes

Journée portes ouvertes dans l’Est ontarien avec Peggy et Ken Wilkes
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Peggy et Ken Wilkes de Fournier dans l’Est ontarien profitent pleinement de leurs nouvelles installations à la ferme. Le 2 décembre prochain, ils ouvriront les portes de leur entreprise laitière, Wilkridge Farm pour célébrer ce nouveau pas dans la modernisation. Les gens sont invités en grand nombre à venir les rencontrer ainsi que tous les artisans de l’industrie qui ont participé à ce projet. La nouvelle aile construite en annexe comporte deux robots de traite.

« Je pense qu’on a eu plus de mal à s’adapter que les animaux », dit Ken Wilkes en riant. Les vaches ont pris le chemin de leur nouvelle maison en mai dernier. Jusque-là, elles avaient été logées en stabulation entravée. Selon

M. Wilkes la transition s’est avérée facile pour elles et sur le troupeau de 74 laitières,  deux seulement ont dû être vendues parce qu’elles ne pouvaient s’adapter au système robotisé.

Pour le couple, cet investissement de 2,3 M$ en valait la chandelle. Dans la mi-cinquantaine, Peggy et Ken Wilks n’envisagent pas la retraite à court terme. Ce nouveau mode de production toutefois leur offre plus de flexibilité. Derrière la baie vitrée, dans le confort du bureau,  ils peuvent observer les mouvements  du troupeau tout en consultant les données livrées par le robot sur le rendement individuel de chacune des productrices. Plus besoin de se lever aux aurores pour la traite et  plus besoin non plus de prendre la fourche régulièrement pour rapprocher l’alimentation. Un autre robot s’en charge. Le système informatisé permet aussi de réagir rapidement pour corriger le tir au niveau de la ration ou de quelques problèmes de santé observés. Mais la clé du succès, selon les Wilkes, réside dans le confort des animaux. Là-dessus, ils ont leur opinion et rien ne pouvait les faire changer d’avis quant à l’installation dans les 120 logettes,  d’épais matelas recouverts d’un généreux lit de litière de copeaux de bois. Il en va de même pour les brosses avec auxquelles les vaches ont rapidement pris goût. Le couple s’en est remis à l’expertise de l’entreprise Lawrence Dairy Supplies pour concevoir et mener à bien ce rêve qui prend place dans cette étable moderne de 75’ par 289’. Celle-ci ouvre sur l’ancienne partie où logent maintenant les taures. L’endroit est spacieux, bien éclairé et les vaches après quelques mois ont repris un bon rythme au niveau de la production. La moyenne qui était de 43 kg de lait /jour par vache est descendue à

33 kg/jour lors du changement de système, mais la situation progresse continuellement. La semaine du 7 novembre, on avait atteint la moyenne de

37 kg de lait/jour par vache. Avec ces deux robots, on pourrait traire jusqu’à 80 vaches.

Ken Wilkes affirme qu’il n’a jamais été aussi agréable d’être agriculteur. Il ne faut pas penser pour autant qu’il risque de sombrer dans l’oisiveté. Outre tout ce que commande la responsabilité du troupeau, il doit veiller sur 850 acres de terrain. Wilkridge  Farm tire 40 % de ses revenus de la grande culture : maïs, blé et soya.

Agriculteurs de cinquième génération sur cette terre familiale, Ken et Penny ont acheté l’entreprise des parents de M. Wilkes, Orville et Marie, en 1992. On comptait alors 30 vaches. En 2016 le nombre augmentait à 65 et selon les objectifs du couple la croissance peut se poursuivre jusqu’à

80 têtes avec ce nouveau projet.

Malheureusement, le père de Ken, Orville Wilkes est décédé en mars dernier. Il a travaillé sur la ferme pratiquement toute sa vie.

« Ç’a été toute une année. Mon père est décédé, ma fille s’est mariée et à travers cela on a construit. Les fondations ont été coulées à l’Action de grâce en 2016 et en décembre on commençait la construction, » explique Ken Wilkes qui malgré le tourbillon d’événements se réjouit d’autant que les plans et les échéanciers ont été respectés. Avec un infime dépassement de coût de

13 000 dollars, il y a tout lieu de se réjouir dit-il.

De la même façon qu’il peut voir à distance ce qui se passe dans l’étable grâce aux images captées par les caméras, il prend aussi plaisir à échanger ses vidéos avec d’autres producteurs passionnés. « On reçoit des commentaires de partout dans le monde. C’est extraordinaire », dit-il, enthousiaste.

Et c’est cette passion qui le motive à poursuivre ce métier. Peggy travaille à l’extérieur, mais elle a toujours été active à la ferme. Leurs trois enfants ont eux aussi donné leur coup de main, mais ils sont maintenant engagés dans d’autres voies professionnelles. Leigh-Ann se spécialise en génétique en Saskatchewan, Hannah est travailleuse sociale  dans la région de Durham et leur fils Andrew étudie encore et se dirige vers l’ingénierie. C’est donc avant tout pour eux-mêmes qu’ils ont pris la décision de procéder à cette expansion majeure. Ils ont toutefois en tête de léguer une entreprise prospère à la relève, que celle-ci soit de la famille ou non.

« Les gens nous demandent pourquoi faites-vous cela? À cela nous répondons : pourquoi pas? Nous avons un endroit magnifique et nous laissons quelque chose de bien à la prochaine génération, que ce soit dans notre famille ou non. Nous n’avons jamais considéré le quota comme un plan de retraite. »

Pour les aider, leur jeune voisin Sam Ryan Brunet est à leur emploi depuis quelques années. Il est maintenant leur seul employé depuis qu’Aurel Lamothe a pris sa retraite au cours de la dernière année après 17 ans de loyaux services. Avec l’introduction des robots, il n’y a pas eu de nouvelles embauches. 

Ken Wilkes souligne par ailleurs que pour sa génération, l’utilisation du GPS pour les travaux aux champs aura probablement été l’une des plus grandes innovations, au même titre que l’automatisation des tâches en production laitière est en train de changer sa vie.

M. Wilkes mentionne que son grand-père cultivait le houblon et que la vocation laitière de l’entreprise est arrivée avec l’instauration du système de la gestion de l’offre, un système qu’il entend bien défendre.