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le Jeudi 26 avril 2018 20:30 Volume 35 Numéro 15 Le 13 avril 2018

« C’est le temps de salir vos bobettes », deuxième édition

« C’est le temps de salir vos bobettes », deuxième édition
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Lancée l’an dernier et vu son immense succès, la campagne « C’est le temps de salir vos bobettes » revient pour une deuxième année.

Se fiant à l’engouement manifeste du grand public, le président du Conseil canadien de conservation des sols (CCCS), Alan Kruszel estime qu’ils seront encore plus nombreux à travers le pays à enfouir leur bobettes cette année.

Avec son caractère un peu cocasse, cette campagne suscite la curiosité et par la bande s’avère une belle occasion d’amorcer la discussion sur l’importance de la santé des sols, tant auprès du grand public que des agriculteurs, qui peuvent jouer un grand rôle dans cet enjeu écologique.

La campagne a été inaugurée lors de la Semaine nationale de la conservation des sols qui  se déroulait  du 15 au 21 avril.

« Je suis super content avec les résultats de la première année et on vise à atteindre encore plus de gens cette année. On  essaie, de convaincre des  députés et des ministres de participer à l’enterrement symbolique expliquait, M. Kruszel.

Initiée par l’Innovative Farmers Association of Ontario, cette campagne  a pris une envergure nationale avec l’arrivée du Conseil canadien de conservation des sols (CCCS). La compagnie Stanfield’s qui fournit les « bobettes » est un partenaire majeur de l’événement.

Ainsi, les Canadiens sont invités à enterrer une paire de sous-vêtements en coton blanc qu’ils déterreront deux mois plus tard pour vérifier l’état de décomposition.

« C’est vraiment pour sensibiliser les gens à ce qu’il y a de la vie dans nos sols. À la ferme l’expérience peut permettre de tirer des conclusions selon les méthodes de rotations et de travail du sol utilisées », poursuit M. Kruszel.

L’an dernier le  Musée de l’agriculture et de l’alimentation du Canada à Ottawa était le théâtre du premier enterrement. Ce moment privilégié avait été capté par la caméra de même que le fameux moment où les sous-vêtements avaient été déterrés.

« C’est vraiment intéressant parce qu’on en a enterré à trois ou quatre endroits différents. Quand on les a déterrés, il ne restait que l’élastique », raconte Renée-Claude Goulet, assistante à l’éducation et aux expositions au Musée de l’agriculture et de l’alimentation du Canada.

C’est donc dire que chez eux le sol en en excellente santé.

« S’il ne reste plus grand-chose du sous-vêtement, c’est que le sol est sain à cet endroit et qu’il  y a une bonne activité biologique. Ces mêmes organismes du sol sont à même de décomposer la matière

végétale », enchaîne M. Kruszel. Étant lui-même agriculteur, il se fait fort d’encourager les pratiques durables. Aussi, au fil des recherches et des résultats qui en découlent,  il a été clairement établi que le travail du sol a une influence directe sur la santé du sol et par conséquent sur les résultats des cultures. L’industrie se penche sur cette question et propose de plus en plus de machinerie agraire adaptée à une vision de durabilité.

« La solution numéro un c’est le semis direct, ne pas labourer le sol du tout. Aussi pour nourrir les bibittes, laissez les plantes couvertures qui réduisent la compaction du sol », poursuit M. Kruszel.

Ces techniques ont connus un engouement dans les années 90 et ont été abandonnées par plusieurs par la suite parce que la machinerie n’était pas nécessairement bien adaptée.

« Cela a beaucoup changé. Il y a maintenant du matériel même pour les sols argileux et ça fonctionne très bien », dit-il.

Au Musée, plusieurs initiatives sont en développement pour sensibiliser les visiteurs à l’importance de l’état du sol. Mme Gaudet en énumère quelques-unes, comme le Parc des découvertes où les nouvelles inventions pour les agriculteurs  seront  à l’honneur ainsi que des technologies parfois surprenantes comme l’épandage de fongicides  à l’aide des abeilles.

Il y a aussi le labo des sols qui est en développement, soit une exposition interactive qui attire de plus en plus d’adultes.

Elle conclut sur cette note en parlant de la campagne : « C’est le fun, c’est léger et ça intéresse.»