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le Mardi 28 juillet 2020 10:27 Volume 37 Numéro 12 - Le 10 juillet 2020

Trucs pour la survie de son potager par temps sec

Trucs pour la survie de son potager par temps sec
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Par Charles de Maisonneuve

L’eau est nécessaire en grande quantité pour la croissance des légumes. Par exemple, il faut en moyenne 1,6 litre d’eau par jour pour un plant de tomate et 3,3 litres d’eau par jour pour le maïs. Malheureusement, les changements climatiques augmentent la fréquence des sècheresses. Durant ces périodes, l’accès à l’eau peut devenir difficile parce que les réserves tels les puits et réservoirs s’épuisent et les villes émettent souvent des avis de restrictions d’arrosage. Il devient dès lors primordial d’utiliser l’eau efficacement et pour ce faire voici quelques suggestions.

Texture et structure du sol

Généralement, on recommande pour les jardins potagers un loam sableux riche en humus. Cependant pour mieux gérer une sècheresse, un loam riche en humus a une plus grande réserve d’eau. Il devient toutefois plus sensible à la compaction ce qui réduit sa capacité à retenir l’eau utile. La culture en planche est donc tout indiquée.

La structure du sol a également un impact important sur la rétention d’eau disponible. On vise une structure granulaire caractérisée par des agrégats (mottes) à la surface du sol arrondis d’une teinte plutôt foncée entre 2 à 10 mm de diamètre. L’ajout de compost (2 cm/année), du calcium sous la forme de gypse et environ 10 % d’argile contribuent à former la structure granulaire.

Travail du sol

Le sarclage doit se faire le plus rapidement possible afin d’éviter que les mauvaises herbes profitent de l’eau du sol au détriment des plants du potager. Parfois, pour éviter le déracinement des racines de légumes il faut les couper. On peut les laisser à la surface du sol si elles n’ont pas monté en graines. Elles servent alors de paillis.

On peut aussi incorporer du compost à quelques reprises durant la saison autour des plants ou le long des rangs s’il n’y a pas de risque pour les racines de légumes.  

L’adage « Un binage vaut deux arrosages » est considéré comme un mythe sur la conservation de l’eau par plusieurs horticulteurs. La solution de remplacement est plutôt d’étendre un paillis.

Paillage

Les matériaux organiques tels que la paille, la sciure de bois, les copeaux de bois, les rognures de gazon, les feuilles, le papier journal et le bois raméal fragmenté sont recommandés pour le paillage des potagers. Un paillis organique réduit de moitié l’arrosage, il contrôle les mauvaises herbes, il apporte de la matière organique au sol et il maintient une température fraîche et constante. C’est pour cette dernière raison qu’il faut l’appliquer lorsque le sol s’est réchauffé et préférablement lorsqu’il est humide.

L’épaisseur idéale est de 10 cm pour un paillis grossier (paille) et 1,5 cm pour un matériau fin (sciure). Ces quantités permettent à la fois un contrôle des adventifs, la perméabilité de l’eau de pluie et d’arrosage et une réduction de 70 % de l’évaporation de l’eau au niveau du sol. Il doit recouvrir le système racinaire le plus possible, mais il ne doit pas toucher aux tiges afin d’éviter la pourriture du collet. Il faut ajouter régulièrement des matériaux pour remplacer ce qui a été décomposé. On doit également ajouter un engrais élevé en azote pour éviter une carence d’azote causée par la fixation de l’azote par les bactéries du sol lorsqu’on utilise un matériau riche en carbone (sciure, copeaux). Les loams sableux pauvres en azote sont sensibles à cette condition.

Les films de polyéthylène, les films biodégradables d’amidon et les toiles de paillage (membranes géotextiles) sont d’autres options, mais ils n’apportent pas de matière organique et peuvent être compliqués à installer correctement.

Espèces et cultivars résistants à la sècheresse

Les légumes résistants à la sècheresse sont classés de différentes façons avec plus ou moins de précision. Les légumes relativement résistants à une pénurie d’eau sont l’asperge établie, le haricot, l’aubergine, le poivron, la tomate, l’okra, la courge, la bette à carde, le melon d’eau, la citrouille et certaines fines herbes (thym, sauge, origan et romarin). Les espèces sensibles sont la laitue, le maïs, le chou-fleur, l’oignon et le céleri.

Il y a peu ou pas d’information concernant les cultivars résistants aux disettes d’eau dans les catalogues des grainetiers. Cependant, il est suggéré de choisir les plantes à port buissonnant plutôt que rampant ou grimpant (ex. concombre), car ils consomment moins d’eau. Les variétés naines et à courte période de croissance sont à privilégier pour la même raison.

Techniques culturales

La production de plantules à l’intérieur est plus économique en eau qu’un semis en pleine terre. On peut en profiter pour inoculer les semences avec des mycorhizes. Ce champignon en symbiose avec les racines augmente la capacité du système racinaire à prélever l’eau. La technique d’inoculation se fait également en pleine terre.

D’autre part, il est reconnu que l’ombrage du sol peut réduire l’évaporation de 30 %. On peut obtenir cette condition en regroupant des plants plutôt qu’en cultivant en rangs. De plus, les légumes à feuilles larges (ex. citrouilles) sont plus efficaces que des plants à feuilles finement divisées (ex. carottes) pour couvrir le sol. Finalement, il faut éviter les treillis pour les plantes grimpantes ou rampantes, car cela favorise la transpiration.

Conclusion

Un déficit en eau même pendant une courte période peut causer d’importants dégâts parce que plusieurs légumes y sont sensibles à certains stades de leurs développements. Les différentes techniques de conservation de l’eau peuvent ne pas être suffisantes pour fournir l’eau nécessaire. Il faut donc recourir à l’irrigation. C’est ce que l’on verra dans un article en août.