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le Jeudi 30 juillet 2020 14:42 Volume 37 Numéro 12 - Le 10 juillet 2020

La vache Albertine en trois temps

La vache Albertine en trois temps
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Gisant par terre, elle a récemment suscité la curiosité, la mélancolie, la tristesse, voire la passion sur les réseaux sociaux. Elle est presque devenue une autre victime du coronavirus. Mais heureusement, la vache Albertine vient d’être recueillie par l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO) ; le bonheur est de retour dans le pré!

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André Magny — Initiative de journalisme local – APF – Ontario

Longtemps l’égérie de la Fromagerie St-Albert, la vache Albertine est bien connue dans la région. La compagnie franco-ontarienne a même fait un concours en 2016 sur sa page Facebook afin de trouver une famille adoptive pour «notre Albertine chérie». Elle se trouvait alors sur le toit de la boutique Cheddar EtCetera à Orléans, qui a malheureusement dû fermer ses portes.

C’est finalement la Ferme d’éducation et de recherche du Campus d’Alfred (FERCA) qui en a hérité. Le journal Agricom en avait parlé en juin 2016, citant sur Facebook le directeur général de la FERCA, Simon Durand, qui se réjouissait de l’arrivée d’Albertine à Alfred : «Elle est une grande addition à notre troupeau. Nous lui trouverons un beau coin confortable et bien en vue pour qu’elle puisse être notre mascotte et une grande ambassadrice de la formation en agriculture en français.»

La clé des champs

Puis récemment, un bon matin, sur un chemin menant à la FERCA, on a retrouvé Albertine couchée sur le côté. Une fugue? Un coup de vent? Un confinement qui était rendu insupportable pour la bête? La belle laitière garde précieusement son secret sur ce déplacement.

Elle a commencé à faire parler d’elle fin mai, début juin, jusque dans les instances municipales. Plus d’une trentaine de commentaires ont surgi au sein du groupe Facebook Parlons politiques Alfred-Plantagenet. «Elle mérite un meilleur traitement!» pouvait-on notamment lire.

Une citoyenne, suggérant au passage qu’il faudrait peut-être appeler Infoman, a interpelé le maire du canton, Stéphane Sarrazin, qui n’a toutefois pas réagi.

Une résidante de la région, Véro Séguin, y est allée d’un véritable cri du cœur : «Albertine est un emblème pour la communauté franco-ontarienne de l’Est ontarien! C’est important!»

Questions existentielles

La porte-parole de la municipalité, Geneviève Souligny, affirme qu’Albertine vient tout juste d’emménager sur le terrain de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO) à Alfred.

L’agente de développement de l’UCFO, Janie Renée Myner, tient à rassurer la population : Albertine se porte bien. L’UCFO s’est portée à son secours.

«Comme en temps de pandémie, les bétonneuses ne fonctionnent pas, on ne pouvait pas la mettre sur un socle. Mais maintenant, elle est à l’abri du vent», mentionne maternellement Mme Myner.

Selon elle, c’est un véritablement changement de carrière qui attend Albertine : les clichés montrent très bien que les veaux lui parlent. Elle écoute. À deux mètres de distance, bien entendu. Encore quelques jours, et il ne serait pas surprenant qu’on lui accole le titre de thérapeute officielle pour bovins.

Avec la construction prochaine d’une étable par l’UCFO, il n’est pas impossible qu’elle y trône. Avec Albertine dans les parages, le lait ne risque pas de tourner!