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le Mardi 1 septembre 2020 10:11 Volume 38 Numéro 1 – Le 21 aout 2020

Le premier Conseil canadien de la jeunesse agricole est dévoilé

Le premier Conseil canadien de la jeunesse agricole est dévoilé
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Par Roxanne Lormand- Agricom

Le 25 juillet dernier, la ministre fédérale de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, l’honorable Marie-Claude Bibeau, a fait l’annonce de la formation du Conseil canadien de la jeunesse agricole(CCJA). Les noms des 25 jeunes qui formeront le tout nouveau Conseil ont été dévoilés. La représentativité de chaque secteur de l’industrie agricole et agroalimentaire, de même que chaque région est maintenant assurée avec ce comité. En tout, c’est plus de 800 candidatures qui ont été reçues à Ottawa lors de la période de mise en candidature à l’hiver dernier, ce qui démontre bien que les jeunes ont aussi leur mot à dire.

La première rencontre et discussion virtuelle est prévue pour la fin août, mais reste encore à déterminer la date. Plusieurs rencontres annuelles sont prévues ensuite. Lors des discussions, les 25 membres du Conseil auront la chance de discuter avec la ministre Bibeau et d’offrir des suggestions sur les priorités du gouvernement, de définir certaines problématiques et même de proposer des solutions sur des questions qui les concernent. Divers sujets et thématiques du monde agricole et de l’agroalimentaire pourront être abordés.

Agricom a eu la chance de s’entretenir avec deux des nouveaux membres du Conseil canadien de la jeunesse agricole de la division Ontario: Vicki Brisson et Guillaume Pasquier. Voici ce qu’ils avaient à nous dire.

Vicki Brisson

Membre du Conseil canadien de la jeunesse agricole

Jeune femme originaire d’Embrun, Vicki Brisson est actuellement étudiante. Elle a terminé son baccalauréat l’été dernier et fini actuellement sa maitrise à temps plein en continuant de travailler sur sa thèse. Au début, Vicki voulait s’en aller en médecine vétérinaire et a ainsi eu la chance de visiter beaucoup de fermes dans la région. C’est durant sa dernière année d’université qu’elle a décidé de faire sa maitrise en Nutrition laitière avec le département de Animal Biosciences de l’Université de Guelph. Également, la place des femmes en agriculture lui tient à cœur bien qu’elle dit n’avoir pas eu de difficulté à faire sa place. Elle est toutefois consciente que c’est un enjeu important dans certains milieux agricoles même encore de nos jours. Son implication en région rurale et urbaine, ses études et son expérience dans l’industrie et sur la ferme lui fournissent une bonne vue d’ensemble au sein du Conseil.

Qu’est-ce qui vous a incité à présenter votre candidature ?

Je venais de finir mon bac à l’Université Guelph et dans le cadre de certains cours j’ai eu la chance de travailler à la résolution de problèmes en milieu agricole et j’aimais beaucoup le faire. J’ai un parcours un peu différent de certains de mes collègues. Je viens de l’Est ontarien et je suis francophone. Pour moi c’était important que le côté francophone en Ontario ne soit pas oublié, mais pas seulement pour cette raison. Je voulais représenter l’industrie laitière. J’ai grandi sur une ferme laitière à Embrun et malgré que mon père ait vendu le troupeau en 2013 pour des raisons de santé, je suis toujours resté impliqué. J’ai travaillé pour des producteurs locaux et je suis resté impliqué dans les membres 4H depuis 2009. Je trouvais que le Conseil c’était une belle opportunité d’apprentissage…

Quelles expériences pourront vous aider à progresser au niveau du Conseil ?

En 2016, j’étais ambassadrice pour le mouvement 4H en Ontario et j’ai donc eu la chance de voyager durant l’été en Ontario. Ceci m’a apporté de bonnes aptitudes de leadership et m’a permis de découvrir différentes régions de la province et d’interagir avec des jeunes et le public. Durant ce voyage j’ai retenu l’ouverture des gens et la collaboration. Mon bac à Guelph aussi m’aide et mon implication extra parascolaire m’a fait grandir et cheminer. […] La communauté est aussi très importante et m’a démontré qu’on ne peut souvent accomplir quelque chose qu’en étant bien entouré.

Qu’espérez-vous voir comme sujets discutés au sein du Conseil canadien de la jeunesse agricole ?

Avec mon « background » et venant de l’Est ontarien il est certain que les enjeux auxquels les producteurs laitiers font face sont importants et me rejoint. De même le système de gestion de l’offre et les accords doivent être discutés […] Nos producteurs travaillent assez forts et on dirait que parfois ils sont un peu mis de côté et ne sont pas autant valorisés qu’ils devraient l’être. La valorisation de la profession est importante.

Votre avis sur la formation d’un tel comité en temps de pandémie ?

Je pense que c’est une bonne chose, car on est en situation de crise. Bien évidemment on ne doit pas jeter l’argent par les fenêtres en ce moment, mais cela nous permettra sûrement de mieux analyser les solutions potentielles. Malgré qu’on ne puisse peut-être pas toucher à tout, j’espère que tout le monde pourra être entendu. […]C’est une belle opportunité face à ces rencontres qui auront lieu quelques fois par année et j’espère que nous développerons des liens d’entraide solides entre tous les membres des différentes régions.

Guillaume Pasquier

Membre du Conseil canadien de la jeunesse agricole

Guillaume Pasquier est analyste en économie et politique agricole, en plus de posséder un titre d’Ingénieur français diplômé de l’École Supérieure d’Agriculture d’Angers conférant le grade de Master en France. Arrivé au Canada en 2012, il travaille depuis 2018 dans la région d’Ottawa en tant que Responsable de la Division Innovation et Développement de la Coopérative agricole d’Embrun (Ontario). Il a étudié et travaillé dans le secteur agricole et agroalimentaire à l’échelle locale, fédérale et internationale ce qui lui donne une force d’analyse pour la compréhension des enjeux globaux de la filière.

Qu’est-ce qui vous a incité à présenter votre candidature ?

Les enjeux et les défis de demain en agriculture et agroalimentaire concernent la jeunesse. Avoir l’opportunité de participer aux réflexions et aux discussions avec d’autres jeunes, des politiciens, des fonctionnaires et d’autres professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire canadien est une chance. Je souhaite apporter ma vision de l’agriculture canadienne pour la confronter à d’autres réalités et ainsi avancer vers l’élaboration de propositions concrètes et adaptées aux enjeux sociétaux.  Une occasion unique de participer aux réflexions et d’approfondir ma connaissance du secteur. 

Comment votre parcours peut-il vous aider ?

Il m’apparait indispensable, lorsqu’on parle d’agriculture, d’avoir une vue d’ensemble de la filière. C’est ce que j’espère pouvoir apporter à travers mon parcours académique et professionnel. Ayant travaillé dans le secteur du commerce international des produits agricoles et agroalimentaires, en Europe, en Asie, en Amériques, dans le secteur environnemental, et à présent au sein d’une coopérative agricole dans le secteur de l’innovation et le développement, mon parcours m’a amené à rencontrer de multiples acteurs du secteur. Des rencontres riches en échange et en apprentissage, aux cours desquelles j’ai pu appréhender à la fois les défis régionaux, et internationaux, leurs complexités, leurs complémentarités et leurs divergences.

Votre avis sur la formation d’un tel comité en temps de pandémie et vos attentes ?

Cette pandémie a permis, en premier lieu, de voir que l’agriculture est un secteur essentiel. Il faut donc le remettre au cœur des discussions. J’espère que le CCJA sera l’un des nombreux leviers qui y contribueraa. Je suis un fervent défenseur des produits locaux et de leur valorisation auprès de la population canadienne et internationale. Des savoirs faire uniques qui font la richesse de ce pays, de son histoire et de sa culture. Une agriculture à promouvoir dans sa diversité et à défendre au nom des femmes et des hommes qui y consacrent leurs vies. La pandémie est aussi l’occasion de se questionner sur nos pratiques et les innovations à soutenir pour notre modèle agricole de demain. Une filière qui doit aussi aborder en toute transparence la question de la santé mentale de nos agriculteurs, et de la relève agricole.

Votre souhait ?

Mon souhait est d’échanger avec le maximum d’acteurs de l’agriculture canadienne pour parvenir à construire ensemble des propositions concrètes, réalistes et adaptées aux enjeux. On représente une jeunesse, mais nous ne sommes pas les seuls acteurs. Avec toute la diversité représentée par les membres du CCJA, il me parait important que tout le monde ait sa place et puisse partager sa vision de l’agriculture canadienne.  C’est également une opportunité concrète de faire le lien entre la jeunesse canadienne, soucieuse de son avenir agricole et alimentaire, et le gouvernement canadien.