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le Mardi 26 avril 2016 14:37 Volume 33 Numéro 16 Le 22 avril 2016

Agriculteurs de l’année dans Stormont

Agriculteurs de l’année dans Stormont
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« Agriculteurs de l’année », voilà un titre qui sied bien à Ginette et Marc Quesnel de Moose Creek dans l’Est ontarien. Le couple a été chaudement applaudi lors de la 10e édition de la soirée Célébration de l’agriculture du Comté de Stormont.

L’événement de l’année

Alan Kruszel, président de la Fédération de l’agriculture de Stormont et maître de cérémonie de cette soirée organisée le 8 avril à Avonmore, a convenu que ces producteurs laitiers et parents de cinq enfants méritaient amplement cet honneur.

« Ils ne sont pas seulement d’une contribution exceptionnelle pour notre communauté, mais pour l’ensemble de la province », a-t-il déclaré. « Je suis très heureux de voir autant de gens ici ce soir pour les féliciter. » De fait, la bonne humeur des 125 convives était pour le moins contagieuse.

Pour la communauté agricole du Comté de Stormont, il s’agit en fait de l’événement majeur de l’année puisque plusieurs organismes se regroupent pour l’organiser en commençant par les Producteurs de bœuf, en passant par l’Association des sols et récoltes, le Club Holstein, la Fédération d’agriculture, les Producteurs laitiers et l’Association locale de labours.

Tous ces gens de la grande famille agricole ont donc salué le choix du jury quant aux nouveaux récipiendaires. Ce sont les lauréats des trois dernières années qui se concertent pour décider des nouveaux Agriculteurs de l’année. Pour leur part, Ginette et Marc Quesnel ne savent même pas qui a soumis leur candidature, mais tout compte fait, l’expérience est très agréable.

« On est surpris et on est content, mais on ne fait pas ça pour être reconnus », réagissait Ginette Quesnel en admettant toutefois que cela fait plaisir. « C’est bien agréable. »

« Quand on embarque dans toute sorte d’événements ou de comités on le fait toujours pour une cause, mais quand on reçoit un prix comme ça, on voit que les gens reconnaissent ce que l’on fait », mentionnait pour sa part Marc Quesnel.

Très fier, le couple s’est empressé dès le lendemain d’aller partager cet honneur avec leurs parents respectifs,  Lucien et Colombe Quesnel ainsi qu’Hélène Latour.

Engagés socialement

Comme l’indiquait un article consacré à M. Quesnel dans notre journal Agricom du 25 mars dernier en raison de son arrivée au sein du conseil d’administration de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, le couple est très versé dans le bénévolat et plus particulièrement au sein du mouvement coopératif. L’article est d’ailleurs disponible sur notre site Internet. Cet engagement communautaire a aussi été considéré dans l’attribution de ce prix qu’ils viennent de remporter.

Ginette Quesnel est membre du CA de la Fromagerie St-Albert depuis 2004 et elle en assume la présidence depuis 2014, sans compter son apport au Club Optimiste de Saint-Albert et à l’Union culturelle des Franco-Ontariennes.

« Parfois il y a des gens qui me demandent comment je fais pour avoir autant de temps à perdre. Moi je leur réponds qu’on y gagne bien plus que ce que l’on donne. » Et comme elle se plaît à le dire, « la pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre. »Leurs enfants, Pascal, Valérie Joël, Francis et Carine sont actifs au sein de divers comités et organismes. Les trois plus vieux sont d’ailleurs partenaires de l’entreprise, la ferme LCM Quesnel et ils ont tous étudié en agriculture. Les cadets donnent aussi un coup de main pour la traite qui s’effectue trois fois par jour depuis environ un an. Carine la plus jeune est présentement inscrite à l’Institut de formation et de recherche agroalimentaire de La Cité sur le Campus d’Alfred alors que Francis qui a également fait des études universitaires possède son entreprise d’horticulture. Pour le couple Quesnel, la voie du succès passe par l’éducation.

Reconnue pour sa performance

La famille Quesnel met un soin particulier dans l’attention portée au confort et à la santé des animaux. En 2014 et en 2015, la Ferme LCM Quesnel Inc est arrivée première en tête de liste du classement de CanWest DHI. Avant, ils arrivaient régulièrement au deuxième rang.

Leur adhésion au Groupement de gestion agricole de l’Ontario (GGAO) n’est pas étrangère à ce succès, estime le couple. Avec le GGAO, ils font partie d’un groupe de quatre agriculteurs qui échangent tous leurs chiffres pour identifier leurs forces et leurs faiblesses.

« En dehors de la grosse saison, on se rencontre une fois par mois et on analyse tous nos coûts avec Luc (leur conseiller du GGAO). Ça fait tellement longtemps qu’on se connaît qu’on est capable de faire ça. C’est vraiment à livre ouvert. On a vu nos enfants grandir ensemble et on est tous rendus à l’étape du transfert de ferme », explique Mme Quesnel.

 

 

Parmi les grandes réalisations, la construction d’une nouvelle étable en 2007, réalisée selon les plans des propriétaires, figure parmi les grands moments de cette entreprise de deuxième génération acquise par le couple en 1997 aux parents de M. Quesnel, Lucien et Colombe Quesnel. Le quota était alors de 70 kg et la superficie de terre cultivée de près de 500 acres. Aujourd’hui, l’entreprise possède un quota de 214 kg, c’est donc dire qu’on y trait 160 vaches. Aussi, les travaux aux champs s’effectuent sur 820 acres. On y cultive principalement le maïs, pour le maïs sec, humide et l’ensilage, ainsi que le soya et le foin. Pour optimiser le coût des opérations, le couple partage la machinerie avec certains voisins.

Côté génétique, on y pratique l’insémination artificielle depuis 1984.

« Malgré que les animaux sont enregistrés avec Holstein Canada, le troupeau n’est pas 100 % pur avec une moyenne de production dans les 11 000 kg », précise M. Quesnel en indiquant que plusieurs sujets du troupeau sont âgés ce qui traduit une excellente santé.

L’entreprise est toujours en expansion, tant et si bien que la laiterie va devoir être agrandie dans les jours qui viennent pour accueillir un nouveau réservoir de 5 000 gallons. Celui de 1 500 gallons ne suffit plus à la tâche même si le camion-citerne passe tous les jours.

La ferme LCM Quesnel, sur la huitième Concession, a adopté la stabulation libre en 1969 et choisi la litière sur sable pour son troupeau. C’est la première exploitation au Canada à s’être doté d’un séparateur fumier-sable.

Et même si en 2007, l’étable semblait très grande, elle est aujourd’hui remplie au maximum de sa capacité.

« Là c’est plein et Marc fait des dessins. »

« L’agrandissement sera dans les années à venir. Nous augmenterons le troupeau à mesure que nous pourrons acheter du quota », estime pour sa part Marc Quesnel.

L’esprit de famille

Dans l’entreprise, tous participent aux traites quotidiennes, mais chacun a sa spécialité. Ginette Quesnel a hérité de la partie administrative. Elle a d’ailleurs grandi sur une ferme laitière de Saint-Albert au sein d’une famille de douze enfants. Ses parents, Fernand aujourd’hui décédé, et Hélène Latour lui ont donné l’exemple des gens qui ont le cœur à l’ouvrage.

Cet esprit familial demeure capital pour Marc et Ginette qui déjeunent tous les matins avec leurs enfants même si ces derniers ne vivent plus à la maison. Cette maison demeure leur point d’ancrage.

« On s’amuse à dire qu’il n’y a plus d’enfants qui dorment à la maison », mentionne Mme Quesnel qui cuisine le matin et souvent le midi pour tout le monde, cinq jours sur sept. Aujourd’hui, l’horaire est aménagé de sorte que tous les associés puissent avoir une fin de semaine sur deux de congé.

« La première fois que s’est arrivé, on ne savait même pas quoi faire. Maintenant on planifie », rapporte Mme Quesnel. Le couple a rapidement pris l’habitude de ces temps libres pour s’organiser des activités. Ils adorent par ailleurs les voyages, expéditions qui tournent invariablement autour des visites de fermes. Ils ont vu les entreprises les plus performantes de la planète, et ramènent à chaque fois des idées pour améliorer leur pratique. Cet été, ils partiront en voiture en solo, sur les routes des États-Unis et s’arrêteront d’une ferme à l’autre renouant au passage avec de vielles connaissances.

Choisiraient-ils une autre vie? « Je trouve que c’est la meilleure des vies. Parfois les gens nous disent : vous travaillez sept jours sur sept.  Peut-être, mais on ne travaille pas 24 heures sur 24 et en plus maintenant, tout le monde a des congés », conclut l’agricultrice de l’année.