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le Vendredi 26 mars 2021 14:47 Volume 38 Numéro 8 - Le 19 mars 2021

Agriculture : le printemps doux inquiète

Agriculture : le printemps doux inquiète
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Marc Dumont

Initiative de journalisme local – APF- Ontario

Météo Média prévoit un printemps doux avec une température légèrement au-dessus de la moyenne qui ne devrait pas s’éterniser comme au cours des trois ou quatre dernières années. Qu’en pensent ceux qui dépendent du temps pour vivre? Cela dépend des cultures et des activités agricoles.

«Pour les fraises, si la neige fond trop vite, c’est épeurant, dit Mitch Deschatelets, de Leisure Farms à Sturgeon Falls. On préfère que la neige dure et que les plants restent en état de dormance sous la neige jusqu’en avril». Un dégel trop rapide risque d’être suivi du retour de l’hiver avec de nouveaux gels. Alors, le plant de fraises voit sa croissance ralentir. Le froid et le vent peuvent brûler le fraisier. «Ce qu’on espère, c’est que rien ne bouge avant mai. À ce moment-là, il n’y a plus de gel de -15°C», indique notre maraîcher.
Pour un producteur laitier dont la culture du maïs est une récolte importante, un printemps hâtif est source d’inquiétude. «Ça me fait peur, affirme Alex Rivard, d’Earlton. Si tu sèmes trop vite et que ça gèle, tu peux être pris à recommencer.» Le maïs peut survivre à un gel s’il n’a que deux feuilles, mais la croissance du plant sera ralentie et son rendement sera affecté. Quand il est rendu à six feuilles, le gel le tue. «Quand on le sème tôt et qu’il n’y a pas de gel, on a un meilleur maïs qu’on peut récolter tôt», ajoute-t-il.
Alex Rivard affirme qu’un printemps hâtif fait le bonheur des agriculteurs qui font des grandes cultures comme l’avoine, le blé et l’orge. Les céréales aiment un printemps frais qui ne finit plus de finir. C’est ce qui fait de l’Ouest canadien une si bonne région céréalière. «Pour eux, c’est idéal», dit l’agriculteur.
Pour Yves Gauthier, également producteur laitier d’Earlton, «on ne le sait pas». Pour lui, les prévisions à long terme ne sont que spéculations. Il en a déjà vu d’autres. «En avril, il peut pleuvoir beaucoup, mais si ça ne rentre pas dans le sol parce qu’il est gelé, ça n’aide pas à long terme, dit-il. On a eu un bel hiver, il y a assez de neige dans les champs et on n’a pas eu à s’inquiéter du toit de l’étable et des autres bâtiments.»

«Quant aux animaux, ça peut jouer», poursuit M. Gauthier. Un printemps hâtif peut vouloir dire de grands écarts de température entre le jour trop chaud et la nuit trop froide. Ça provoque des grippes et des pneumonies. «Les nouvelles granges ont des systèmes de ventilation automatique. Les fermiers n’ont plus à se lever la nuit pour fermer ou ouvrir les portes et les fenêtres», raconte-t-il.
Enfin, l’agent de développement pour le Témiskaming au ministère ontarien de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales, Barry Potter, explique que «les fermiers sont en train de se préparer pour le printemps et généralement vont se fier à la température du sol pour semer. Évidemment, le sol doit être assez sec. Les prix sont à un niveau historique surtout pour le canola et la fève de soja. Les fermiers sont excités de semer. Si le printemps est trop humide, ils choisiront une culture pour une plus courte saison, mais ce sera une décision de dernière minute. Habituellement, on peut travailler assez bien avec ce que le temps nous permet ici dans notre région.»