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le Vendredi 3 février 2012 0:00 Volume 29 Numéro 11 Le 3 février 2012

Aïe, ail, ail !

Aïe, ail, ail !
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Depuis 5 ans, les producteurs d’ail en Ontario ont subi des pertes considérables de récolte. Il était impossible jusqu’à tout récemment de déterminer la cause du problème.

On a d’abord cru que la fusariose était à l’origine de tous les maux de tête des producteurs, mais des recherches ont permis de mettre le doigt sur le véritable responsable : le nématode de l’ail.

 

Une étude plus approfondie d’un pathologiste en végétaux du ministère de l’Agriculture de l’Ontario (MAAARO), Michael Celtti et d’un nématologue d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, John Potter, a révélé un vers microscopique qui vit à l’intérieur du bulbe et s’en nourrit. Ceci explique pourquoi plusieurs producteurs ont remarqué qu’en juin, l’ail était facile à arracher et que la racine ainsi que le bulbe étaient bruns.

 

Une présence inquiétante

L’Université de Guelph a maintenant un test pour confirmer ou non si c’est le nématode qui endommage l’ail. On n’avait pourtant pas l’habitude de voir ce ravageur de cultures en Ontario et on ne sait d’ailleurs pas comment il s’est retrouvé ici. L’hypothèse du changement climatique n’est pas confirmée, mais il semblerait plus plausible que ce soit lors d’échange de semences que le nématode se soit infiltré.

 

L’Association des producteurs d’ail de l’Ontario (APAO) a reçu du financement du Programme de biosécurité en agriculture pour effectuer une recherche qui a débuté en 2010. Celle-ci avait 3 objectifs. On devait d’abord établir l’ampleur de l’infestation du nématode dans le bulbe et la tige de l’ail, puis recenser les différentes races de la auprès des producteurs.

 

Enfin, le dernier objectif de la recherche est de développer un système de production qui est en mesure de certifier que l’ail de semence est exempt de virus ou de nématode.

 

Il est aussi devenu nécessaire d’éduquer les producteurs quant à la dissémination, les symptômes, la biologie et le contrôle du nématode, ainsi que l’utilisation de l’ail propre.  

 

La chercheuse Becky Hugues de l’unité de recherche de New Liskeard MAAARO travaille sur le projet. Elle est responsable de la production de l’ail de semence certifiée exempte du nématode et de virus qu’elle pourra par la suite revendre aux producteurs pour contrôler la propagation du ravageur. Cette année, elle en a produit 8000 bulbes et elle espère dépasser ce nombre l’an prochain.

 

Elle devra également déterminer le prix du bulbe (en 2011 le prix est de 80¢ et est en vente à l’APAO).

 

Elle aura aussi à déterminer une façon réaliste pour les producteurs de s’occuper de la reproduction de l’ail et le nombre de saisons où il pourra être repiqué à partir de l’ail de semence. Comme personne n’a encore vérifié la présence de virus ou de nématode dans la fleur de l’ail, Mme Hughes s’y intéressera. Le projet portera sur la variété Music qui a un collet dur.

 

Le cas de la Californie

Le nématode serait présent en Californie depuis 1950. Les producteurs utilisent un traitement à l’eau chaude comme moyen d’éradication, mais cette technique n’est pas sans risque. Une température un peu trop chaude risque de tuer le bulbe d’ail plutôt que de tuer le vers. Puis ce traitement oblige à planter l’ail gorgé d’eau moins d’une semaine après le traitement. La seule vraie solution est d’utiliser de l’ail de semence sans virus ou nématode.

 

En 2011, l’APAO a organisé à Guelph un atelier sur le sujet, ainsi que deux journées à la ferme dont les taux de participation ont démontré un grand intérêt des producteurs. Elle compte répéter l’expérience en 2012. Ce sera l’occasion de former les producteurs à la lumière des résultats de recherches et de proposer des saines techniques de gestion de la production. De plus, ce sera l’occasion d’indiquer le prix de l’ail de semence, de l’endroit pour s’en procurer et de déterminer les besoins du marché.