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le Mercredi 21 Décembre 2016 11:04 Volume 34 Numéro 08 Le 02 décembre 2016

Chercheuse émérite à New Liskeard, Becky Hugues tire sa révérence

Chercheuse émérite à New Liskeard, Becky Hugues tire sa révérence
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Mme Becky Hugues est bien connue dans les milieux agricoles du Nord de l’Ontario et de plusieurs associations de producteurs maraîchers en province, au pays et sur le continent. Dernière représentante de l’Université de Guelph à la Station de recherche de New Liskeard,  elle en est également la directrice.

Diplômée de l’Université de Guelph, elle a commencé sa carrière en 1980 comme enseignante en horticulture au défunt Collège d’agriculture de New Liskeard.

En 1985, sa carrière prendra un virage qui lui donnera l’occasion de mener des recherches qui contribueront au rayonnement de la Station de recherche de New Liskeard un peu partout en Amérique du Nord. Mme Hugues dirige alors la SPUD Unit (Seed Potato Upgrading and Distribution)soit l’unité qui comprend le laboratoire de culture de tissus végétaux, des serres et des entrepôts réfrigérés. Ce laboratoire unique en Amérique fournit à l’industrie des plants de fruits et de légumes exempts de virus. Produire une graine ou un semis sans virus est essentiel pour le contrôle de la maladie pour la production d’hybrides. Pour l’industrie maraîchère, les recherches de Mme Hugues ont été de première importance.

L’aventure a commencé avec une demande de l’Association de producteurs de semences de pommes de terre de l’Ontario pour un produit sans virus. C’est une réussite. Mais l’exploit de la chercheuse a été de réussir à adapter le protocole utilisé pour la pomme de terre à d’autres denrées végétales. Elle ajoute à ses réalisations, le concombre, la tomate, le maïs sucré, des herbes médicinales, l’ail,  la framboise, la fraise à jour neutre et l’asperge. Pour ce dernier légume, le développement de nouveaux hybrides a nécessité la production de plants mâles et femelles; tâche particulièrement complexe dans le cas de l’asperge.  Certaines associations de producteurs lui donnent des commandes pour un produit sans virus et le vendent ensuite dans toute l’Amérique. C’est le cas de l’Association des producteurs de baies de l’Ontario.

« Je suis particulièrement fière d’avoir réussi à diversifier les services du SPUD Unit en trouvant de nouvelles techniques pour d’autres récoltes. Dans le cas de l’ail, cela a même abouti à un tout nouveau système de production », répond Mme Hugues à la question sur l’héritage qu’elle laisse au monde agricole.

Mme Hugues, qui a développé une expertise avec les mini-tunnels, s’est également distinguée par sa contribution au sein de comités provinciaux et nationaux.  Elle siège entre autres sur le comité qui établit les lignes directrices pour les semences de framboises et qui approuve l’émission de permis pour la culture de nouvelles variétés au Canada et en Ontario.

À son palmarès, s’ajoute le fait qu’elle a été la première chercheuse pour deux projets majeurs sur les fraises à jour neutre portant sur la maladie de l’anthracnose. Elle l’a également été pour la recherche sur le nématode dans la tige et le bulbe de l’ail et le programme de propagation des plants de baies avec l’Université de Floride.

Parmi les bons moments de sa carrière, le souvenir d’être considéré par les autorités canadiennes comme un interlocuteur de choix demeure un moment qu’elle savoure pour elle-même et la station de recherche à laquelle elle a consacré la majeure partie de sa vie.

« Quand l’Agence canadienne d’inspection des aliments m’a demandé de former ses techniciens pour la détection des virus dans la framboise, c’était les experts du pays qui faisaient appel à nos services », explique-t-elle.

À la veille de sa retraite, Mme Becky Hugues tient à faire savoir qu’elle a aimé son séjour à New Liskeard et apprécié le travail avec son équipe. L’expansion progressive du programme SPUD et apprendre de nouvelles choses a rendu le tout intéressant.

Bien que les projets de la Station de recherche de New Liskeard soient maintenus jusqu’au printemps 2018 et que les dossiers seront confiés à un autre chercheur, celui-ci n’habitera pas la région. Quant à la survie de la Station,  l’Université de Guelph évalue présentement le programme de recherche. L’issue dépendra entre autres du résultat des négociations entre l’université et le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.