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le Samedi 7 septembre 2002 0:00 Le 4 septembre 2002

Fin des services au comptoir de la Caisse populaire à Ste-Anne de Prescott

Fin des services au comptoir de la Caisse populaire à Ste-Anne de Prescott
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Pour desservir la clientèle locale, Rémi Lavigne rejette l’idée d’installer un guichet automatique à Ste-Anne de Prescott. «Pour qu’un guichet automatique neuf couvre ses frais, il faut qu’il se fasse au moins 8000 transactions par mois», avance-t-il.

Le conseil d’administration de la Caisse populaire Ste-Anne de Prescott limitée tenait, le 26 août dernier, une réunion visant à informer les sociétaires des changements qui seront mis en place à compter du 1er octobre 2002.

Une trentaine de personnes ont participé à cette rencontre qui s’est déroulée, sous une atmosphère très tendue, au Centre d’action à Ste-Anne de Prescott. Dans son allocution, le président du conseil d’administration, Rémi Lavigne, a présenté les changements : «Le conseil d’administration de votre Caisse a décidé de ne plus opérer de services-comptoir à Ste-Anne à partir du 1er octobre 2002. Cependant, les services-conseils continueront d’y être offerts, sur rendez-vous. De plus, nos services automatisés demeurent accessibles 24 heures sur 24, 7 jours semaine, par téléphone, par Internet et au guichet automatique à St-Eugène», de déclarer Rémi Lavigne.

Pour les sociétaires de la caisse, vivant à Ste-Anne de Prescott, cette annonce est un autre coup dur à prendre. En effet, en février 2001, le conseil d’administration réduisait les heures d’ouverture de la Caisse au siège social de Ste-Anne de 28 à 9 heures par semaine.

Selon Rémi Lavigne, le contexte financier de la Caisse populaire Ste-Anne de Prescott Ltée a joué dans la balance. «En 2001, notre capitalisation, c’est à dire notre réserve accumulée, se chiffrait à 5 %. À 5 %, notre réserve accumulée se trouvait à la limite minimale exigée par la Commission des services financiers de l’Ontario. De plus, notre capitalisation était au-dessous des exigences de 5,5 % de la Fédération des caisses populaires de l’Ontario», explique Rémi Lavigne.

Heureusement pour les dirigeants de la caisse, celle-ci a connu une bonne croissance en 2002 de près de 1,5 million de dollars d’actifs en 10 mois. «Cependant, nous avons dû effectuer de nouveaux investissements. Notamment, nous avons installé une nouvelle plate-forme informatique à St-Eugène, afin d’assurer notre compatibilité avec le réseau informatique Desjardins. De plus, la Caisse a installé un guichet automatique usagé et ce, afin de minimiser les nouveaux investissements requis», énonce le président du CA.

Malgré toutes ces actions, la caisse n’a connu qu’une légère augmentation de sa réserve accumulée qui se chiffre présentement à 5,6 %. «Nous sommes toujours trop près du ratio exigé par la Fédération. En tant qu’administrateur, il est de notre devoir et de notre responsabilité d’améliorer la santé financière de notre Caisse», indique Rémi Lavigne.

Plate-forme informatique

Selon Rémi Lavigne, c’est l’installation au siège social de Ste-Anne de la même plate-forme informatique que celle à St-Eugène qui a fait pencher la balance. «Nous pensions qu’avec l’ancien système informatique, nous serions en mesure d’opérer pour quelques années mais Desjardins nous mentionne que celui-ci ne fonctionnera plus après le 30 septembre 2002», relate Rémi Lavigne.

L’installation du système informatique à Ste-Anne coûterait 19 000 $ par année. «Si nous devions maintenir les services-comptoir et installer une nouvelle plate-forme informatique à Ste-Anne, notre réserve accumulée se chiffrerait aux environs de 5,3 %, soit sous le seuil de risque de 5,5 % établit par la Fédération», fait remarquer Rémi Lavigne. «Cette restructuration de nos services nous permet ainsi de prévoir une capitalisation d’au-delà de 6 %», ajoute-t-il.

Ste-Anne garde le siège social

Les membres du conseil d’administration ont favorisé St-Eugène, au détriment du siège social de Ste-Anne, pour une raison de nombre. «Notre plan d’action se doit d’être dans le meilleur intérêt de la Caisse populaire Ste-Anne de Prescott Ltée et de l’ensemble de nos 2000 membres. Comme la clientèle de la Caisse fait affaires à 80 % à St-Eugène, c’est vers ce centre que nos actions sont dirigées, tout en conservant notre siège social à Ste-Anne de Prescott», souligne Rémi Lavigne.

En réponse à cette annonce, les participants à la soirée d’information ont profité de la période de question pour mettre en doute ce qui a été avancé. «Comment peut-on dire que Ste-Anne est toujours le siège social alors que le comptoir est fermé, qu’il n’y aura plus d’heures d’ouverture, qu’il n’y aura plus de services», de lancer Robert Martineau.

D’autres participants ont même avancé que c’était une façon détournée de fermer le siège social. «Nous ne fermons pas le siège social. Nous offrirons des services conseils sur rendez-vous à cet endroit», rétorque Rémi Lavigne.

Le vice-président du CA, Gilles Myner, va plus loin. «Le conseil d’administration va continuer à tenir ses rencontres régulières au siège social. De plus, le siège social est, avant tout un centre administratif où il se peut qu’il n’y ait personne qui y travaille», explique Gilles Myner.

À noter qu’avant de mettre fin au service d’opération disponible au comptoir de Ste-Anne de Prescott, le conseil d’administration a dû obtenir au préalable l’autorisation de la Fédération des caisses populaires de l’Ontario. Deux représentants de la Fédération étaient présents à la rencontre mais sont demeurés très discrets. «Avez-vous pensé à l’impact que cette décision aurait sur notre communauté ?», a questionné Louis Brunet sans obtenir de réponse.

Les sociétaires investissent ailleurs’

Depuis février 2001, soit depuis que le conseil d’administration a diminué le nombre d’heures d’ouverture à Ste-Anne de Prescott, les gens de la communauté de Ste-Anne se retirent de plus en plus du mouvement des caisses.

En effet, selon des chiffres avancés par le conseil d’administration, les épargnes du siège social, qui étaient de 6,974 millions de dollars en janvier 2001 se chiffrent maintenant, pour les 10 premiers mois de l’année fiscale qui se terminera à la fin septembre, à 3,54 millions de dollars.

Même si cette diminution est étroitement liée à la diminution de services, Rémi Lavigne affirme que les décisions prises par le conseil d’administration sont pour le mieux. «Pour faire 1 $ au siège social de Ste-Anne, il nous en coûte 82 cents. Pour faire un 1 $ dans l’ensemble de la Caisse populaire de Ste- Anne de Prescott (ce qui inclus St-Eugène), il nous en coûte 73 cents. Dans le réseau des caisses populaires, la moyenne est à 64 cents», déclare Rémi Lavigne.

Que reste-t-il aux gens de Ste-Anne?

Devant ces nouvelles mesures, le comité S.O.S Ste-Anne a repris ses activités. «Nous avons eu une rencontre le 23 août dernier et nous avons mis quelques stratégies sur la table», souligne un des membres du comité, David Sherwood. «Une des activités est la circulation d’une pétition dans la communauté», ajoute-t-il.

«Il ne faut pas oublier non plus qu’il y a des élections au mois de janvier. Trois postes, dont ceux du président et du vice-président, seront en élection. S.O.S. Ste-Anne conseille donc aux sociétaires de garder un compte ouvert pour pouvoir voter aux élections de janvier 2003», avance un autre membre de S.O.S. Ste Anne, Jean-Luc Cardinal.

Les membres de S.O.S Ste-Anne ont également déposé une plainte officielle à la Commission des services financiers de l’Ontario.