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le Jeudi 22 novembre 2007 0:00 Volume 25 Numéro 07 Le 21 novembre 2007

Fraisière Cosmos d’Embrun: L’histoire d’amour est reconnue

Fraisière Cosmos d’Embrun: L’histoire d’amour est reconnue
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Jean Guy Lauzon et Marie Parisé ont été « infiniment touchés » par le prix Entreprise agricole 2007 qui leur a été décerné récemment à l’occasion du 9e Gala de l’Excellence de Prescott et Russell. Photo Dianne Paquette-Legault

Trente ans après avoir lancé leur entreprise familiale saisonnière, Jean Guy Lauzon et Marie Parisé ne pouvaient s’imaginer que la Fraisière Cosmos puisse décrocher le prix Entreprise agricole 2007 au 9e Gala de l’Excellence de Prescott et Russell.

C’est pourtant ce qui s’est produit le 20 octobre dernier lorsqu’ils ont été décorés de ce prix prestigieux. Les deux autres entreprises finalistes dans cette catégorie étaient la Fraisière Duquette, de Clarence Creek, et la Ferme Albé Sheep Farm, d’Alfred.

Une histoire d’amour

Dès ses débuts, la fraisière Cosmos a vécu une histoire d’amour avec les gens, se souviennent les fondateurs de la ferme. « Nous avons toujours voulu que les gens vivent une expérience accueillante », précise Mme Parisé. « Lorsque nous faisons la formation de nouveaux employés, nous leur expliquons qu’ici, on vend des sourires et puis, que le dernier panier de la dernière cliente de la saison est aussi important que le premier panier de la première cliente », renchérit son conjoint.

Depuis 30 ans, des milliers de clients ont afflué vers la Fraisière Cosmos à Embrun pour se procurer des fraises mais aussi des framboises, des gadelles, des groseilles, des cassis, du maïs et des citrouilles.

Les premiers plants de petits fruits ont été semés en 1977. L’année suivante, les premiers fruits jaillissaient du sol de la fraisière. À l’époque, la surface cultivée s’étendait sur quelque 45 acres. Aujourd’hui, la production en est réduite à 15 acres.

M. Lauzon, un ancien professeur à l’Université d’Ottawa, parle de la « sociologie de la cueillette » pour expliquer les changements qui ont eu cours au fil des ans. « Aujourd’hui, les gens viennent pour le plaisir plutôt que pour s’approvisionner. Les gens préfèrent manger les fruits à l’état frais. Il se fait beaucoup moins de congélation et beaucoup moins de confitures. Ajoutons à cela le fait qu’il est possible de nos jours de se procurer ces petits fruits toute l’année durant dans les supermarchés ».

Cosmos

C’est à Mme Parisé que la fraisière doit le nom Cosmos. Elle l’a baptisée ainsi au milieu des années 1970 alors que le monde s’ouvrait davantage sur le cosmos. « La fraisière Cosmos veut demeurer sensible au Cosmos, c’est-à-dire à l’environnement sous toutes ses formes », explique M. Lauzon. Il ajoute que la ferme n’est pas complètement biologique. « Nous sommes toutefois le plus près possible de la non-utilisation de produits chimiques ».

Jean Guy Lauzon a, à toutes fins pratiques, grandi dans un champ de fraises à Sainte-Anne-des-Plaines. Son épouse a elle aussi vécu sa jeunesse à la campagne québécoise, en Gaspésie. Ils étaient établis à Ottawa lorsqu’ils ont décidé en 1975 de faire un retour à la terre et de se porter acquéreurs d’une ferme à l’ouest du village d’Embrun.

Ils étaient bien loin de se douter à ce moment-là que le sol de type loam sablonneux qui s’y trouvait serait aussi propice à la culture des petits fruits, dont les fraises. Le sol est idéal car il ne se compacte pas, il peut garder l’humidité longtemps et son dessèchement n’est pas profond, explique le producteur.

De la relève familiale

Dès leur jeune âge, les quatre filles du couple ont été mises à contribution dans cette belle aventure. Nathalie est celle qui demeure active à ce jour. Elle habite d’ailleurs la ferme Cosmos et sa propre fille démontre un intérêt certain pour la ferme.

Avec fierté, Jean Guy Lauzon voit déjà la troisième génération de producteurs se pointer à horizon.

Le couple Lauzon-Parisé a, sur une période de 30 ans, suivi les tendances du marché et a tout mis en oeuvre pour répondre aux besoins de sa clientèle. À la fin des années 1970, la Fraisière Cosmos offrait un service de garde sur place. Plus tard, la cueillette est devenue « une affaire de famille » et la clientèle ne demandait rien de moins que de pouvoir pratiquer cette activité avec les enfants. « Nous avons éliminé la garderie puis élargi les espaces entre les rangées de fruits pour que les jeunes puissent s’amuser », raconte M. Lauzon.

Les saisons se suivent?

Il va sans dire qu’en 30 ans, certaines saisons ont été bien meilleures que d’autres.

Le couple se souvient particulièrement bien des étés 1981 et 1986 quand Dame Nature n’était pas clémente à l’endroit de la culture de petits fruits. En 1981, la récolte était équivalente à 20% d’une récolte normale. C’était attribuable à un hiver très doux.

Puis, en 1986, c’était la catastrophe: « Nous avions 40 acres de framboises et 45 acres de fraises’ Dans la nuit du 17 au 18 juin, le mercure a chuté à -6 degrés Celsius. Il n’y a pas eu de fraises ni de framboises cet été-là », relate M. Lauzon.

C’est avec humilité et « énormément de fierté » que le couple a accepté le prix d’Entreprise agricole 2007. Pour leurs succès, les propriétaires sont reconnaissants envers leurs enfants, leurs clients, leurs employés et les médias qui les ont toujours encouragés. Leurs enfants ont toujours été aux premières loges de la production, du service à la clientèle et de la vente.

Leurs clients leur ont toujours été fidèles au fil des ans. Leurs employés, c’est-à-dire « les monitrices et les moniteurs » en qui ils ont une confiance absolue font preuve d’une très grande autonomie.

Quant aux médias de la région et d’Ottawa, ils ont toujours réservé une couverture journalistique favorable aux activités de la Fraisière Cosmos. M. Lauzon et Mme Parisé ont d’ailleurs une impressionnante collection de coupures de presse à l’appui.

Les honneurs qui rejaillissent sur eux leur donnent une raison de plus pour perpétuer l’histoire d’amour.

« Nous sommes en train de planifier les 30 prochaines années », laisse tomber Jean Guy Lauzon.