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le Mercredi 5 Décembre 2007 0:00 Volume 25 Numéro 08 Le 5 décembre 2007

Green Lane Farm: L’aventure de la farine bio

Green Lane Farm: L’aventure de la farine bio
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Luc Bourdeau élève aussi le bovin de race Scottish Highland, un petit élevage d’une douzaine de têtes pour les besoins de la famille et de quelques clients. ©CQuirion/Agricom

Il n’est pas toujours facile de poursuivre ses rêves, mais la ténacité de Luc Bourdeau, de Green Lane farm, lui a permis de se bâtir une belle clientèle malgré des départs difficiles.

La première intention de Luc Bourdeau était de produire tout le blé dont il a besoin pour sa farine. Au cours des premières années, il se monte une clientèle qui apprécie particulièrement sa farine de blé rouge de printemps qu’il est à peu près le seul à produire dans la région.

Malheureusement, il apprendra à ses dépens que les récoltes ne sont pas également bonnes à chaque année. Une farine de qualité doit respecter un certain taux de protéines et de gluten, sans quoi elle ne lève pas.

L’importance de la qualité du grain

Ce sont les analyses faites en laboratoire qui lui révèlent les caractéristiques de son blé. Plusieurs facteurs contribuent à une bonne ou mauvaise récolte, la température en premier lieu. Ainsi, il s’est retrouvé une année à devoir acheter son grain plutôt que d’utiliser le sien. Ce seul fait devait réduire considérablement sa marge de profit. Ses prix étant établis, il ne voulait pas les changer.

Mais à cette première déception allait s’en ajouter deux autres de taille. La première commande qu’il achète ne correspond pas à ce qu’on lui a dit, même si on lui a assuré que les tests ont été faits. Le grain est plus petit. En conséquence, il n’en tire que 55% de farine.

«Quand le grain est de qualité on obtient 78% de farine tout usage ou 98% de farine de blé entier. Le reste, c’est du son. Là avec seulement 55% je produisais à perte.»

Pour l’entreprise naissante, le coup est dur à absorber. Malgré tout on fait contre mauvaise fortune bon c’ur et on achète une autre cargaison.

«Je me suis fait avoir. Il y avait de la petite roche au travers. J’ai criblé du mieux que j’ai pu. Avec ce qui venait d’arriver, je n’avais pas les moyens de dire je ne m’en sers pas. Malheureusement, malgré le criblage il y a des petites roches qui m’ont échappé.»

La clientèle habituée à une qualité supérieure se fait plus rare. À ce moment-là le couple envisage sérieusement abandonner. Avec trois jeunes enfants, de dix, cinq et trois ans, ils n’ont pas qu’à leur propre sécurité à penser. Néanmoins, la détermination prend le dessus.

L’achat local

«Ça nous a fait reculer de deux à trois ans, estime Luc Bourdeau. C’est dur de remonter la côte, mais là on repart à zéro. J’ai appris que je ne peux pas compter seulement sur ma production. Je veux donc acheter d’autres fermiers mais avec un contrôle sur la qualité.»

«Je veux aussi que ce soit des producteurs de la région, car je l’ai dit, le transport contribue à la pollution et pour moi ça va à l’encontre de la production biologique. Même si on est dans le même coin, il y a plusieurs microclimats. Autrement dit, si une année la récolte est moins bonne à St-Eugène par exemple, c’est pas nécessairement pareil à St-Isidore.»

La production de farine est donc bien relancée et le couple continue à offrir les mélanges à muffins et à biscuits, une autre façon d’intégrer la valeur ajoutée.

D’autres projets sont aussi dans l’air dont former une association de producteurs de grandes cultures qui s’uniraient notamment pour produire de la moulées pour animaux.

«L’important, c’est que maintenant on sait qu’on s’en va du bon bord.»