Dans le cadre de la campagne électorale en cours, peu d’organismes agricoles ou francophones prendront parti en faveur d’un parti politique ou d’un autre, devoir de neutralité oblige. De plus, les plateformes sont tellement inégales qu’aucun ne s’est risqué à les comparer. Les différences aux niveaux agricoles et francophones sont frappantes.
C’est dans le même ordre d’idée que l’UCFO vous incite à consulter vous-même les plateformes des différents partis ou de rencontrer et de questionner les candidats qui se présentent dans votre circonscription. L’UCFO étant un organisme apolitique, nous n’émettrons pas de recommandation en faveur d’un parti, mais voici cependant les principaux enjeux que nous percevons, sur lesquels nous aimerions attirer votre attention et auxquels nous souhaiterions voir apporter des éléments de solution. Ces enjeux ont été tirés des conclusions de notre consultation de l’hiver dernier et de certaines de discussions avec des représentants des milieux agricoles et francophonie. 1. La relève agricole
La nouvelle génération d’agriculteurs fait face à des défis sans cesse grandissants, qu’ils soient d’ordre financier, législatif, social ou technique. En effet, le secteur agricole génère un très faible retour sur l’investissement, mais contribue énormément à l’occupation du territoire et à la vitalité des milieux ruraux. Les entreprises grossissent ou se diversifient et les milieux ruraux se dévitalisent au profit des centres urbains. Le support technique nécessaire à coût abordable et les services indispensables pour l’épanouissement d’une jeune famille agricole sont de plus en plus diffus. Dans ce contexte, comment créer un environnement social et économique pour stimuler l’arrivée de la prochaine génération d’agriculteurs qui nous nourrira?
2. Les services en français
Les agriculteurs francophones de la province, au même titre que tous les autres Franco-Ontariens, souhaitent obtenir des services en français de qualité et que ceux-ci soient offerts de façon proactive. Dans le même ordre d’idée, en tant qu’entrepreneurs, les agriculteurs franco-ontariens souhaitent recevoir les services gouvernementaux ou ceux offerts par les différents mandataires, en français de façon à ce que leur entreprise se développe et s’épanouisse dans la langue de leur choix, soit en français. 3. Créer un environnement d’affaires et législatif performant
Les fermes, on l’oublie souvent, sont des entreprises et évoluent dans un contexte législatif qui doit leur permettre de se développer tout en garantissant la protection du public. Les secteurs agricole et agroalimentaire sont extrêmement régis et contrôlés. Qu’il s’agit de normes environnementales, de transformation alimentaire, de production en générale, nous reconnaissons souvent la nécessité de ces règlements, mais leur lourdeur administrative affecte la compétitivité de notre industrie.
4. Production d’énergie à la ferme
Les agriculteurs, soucieux de diversifier leurs activités de production et conscient de leur capacité à produire une énergie propre, souhaitent obtenir le support nécessaire et un environnement législatif adéquat afin de leur permettre de saisir ces opportunités d’affaires.
5. Valorisation de la profession agricole
De plus en plus d’Ontariens habitent en milieu urbain et on perdu contact avec le milieu agricole et ignore tout de la façon dont leurs aliments sont produits. Il devient urgent de stimuler l’acquisition de connaissances sur les réalités agricoles par les citoyens de la province afin de mettre en valeur l’excellence de la qualité de nos produits, mais également les contraintes de production auxquelles sont confrontés nos agriculteurs. En ce sens, toute campagne de promotion de l’achat local et toutes les institutions ontariennes sont les bienvenues. Ces campagnes de sensibilisations, particulièrement dans les écoles et les milieux scolaires, sont d’ailleurs devenues nécessaires afin de recréer le lien entre les agriculteurs et les consommateurs.
Profil de la population agricole
Par Isabelle Lessard, journaliste
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Selon le recensement national de 2006, l’Ontario compte plus de 178 500 agriculteurs, qui ne représentent que 1,5% de la population totale. Parmi eux, on retrouve 3 115 cultivateurs dont la langue maternelle est le français. D’ailleurs, on a dénoté une légère hausse du nombre d’agriculteurs franco-ontariens par rapport aux données publiées en 2001.
Le vieillissement de la population se fait aussi ressentir chez les agriculteurs. L’âge moyen de ceux-ci ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années, se situant à 54 ans en 2006. La population agricole en général aussi suit cette tendance, se situant à 38 ans, en hausse de 2,1 ans par rapport aux statistiques précédentes.
Les données de Statistiques Canada révèlent que 96% des agriculteurs habitent en milieu rural, la maigre proportion restante ont élu domicile en milieu urbain. La campagne ontarienne accueille cependant aussi une population rurale non agricole, c’est-à-dire des gens qui ont choisi de s’installer en campagne par amour pour les espaces verts et la nature, mais ne pratiquant pas un métier dans le vaste domaine de l’agriculture. Ce choix a été celui de 15% de la population totale ontarienne.