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L’Enquête financière sur les fermes: stabilité au Québec et triste bilan dans les Prairies

L’Enquête financière sur les fermes: stabilité au Québec et triste bilan dans les Prairies
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Au cours des dernières semaines, le ministère fédéral de l’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et Statistique Canada ont rendu public les résultats de leur dernière enquête financière sur les fermes.

Cette enquête, réalisée en décembre 2000, se veut un sondage qui a été effectué auprès de 18 000 agriculteurs canadiens, dont les fermes avaient obtenu un revenu de plus de 10 000 $, ce qui a permis de comparer les indicateurs financiers de 1999 à ceux des deux enquêtes antérieures (menées en 1997 et 1995). Les résultats de cette enquête portent sur les principales entreprises, comme les entreprises laitières, celles de production de boeufs, de porcs, de volailles, de céréales et d’oléagineux.

Agricom vous présente les grandes lignes de cette enquête. par Étienne Alary

Selon le rapport, la valeur nette moyenne des fermes canadiennes a augmenté de 13,4 pour cent entre 1997 et 1999 passant de 646 427 $ à 732 901 $. C’est au Québec que la plus forte hausse de la valeur nette des exploitations a été enregistrée, avec une augmentation de 35 pour cent pour se chiffrer à 714 700 $ en 1999. L’enquête explique cette forte hausse par l’accroissement de la valeur des contingents déclarés par les fermes laitières suite à la progression des prix pour cette période. C’est en Colombie- Britannique que l’on retrouve la valeur nette moyenne par exploitation la plus élevée (917 100 $) alors que l’Ontario se situe au quatrième rang (838 600 $), derrière l’Île du Prince Édouard et l’Alberta. À noter que seule la province de la Saskatchewan (551 900 $) a connu une diminution dans la valeur nette moyenne des exploitations, une baisse de deux pour cent entre 1997 et 1999.

En prenant la valeur nette de l’exploitation par type d’exploitation, l’enquête révèle que ce sont les types de fermes assujettis à la gestion de l’offre qui ont continué de montrer une valeur nette moyenne élevée. Les exploitations avicoles et ovocoles arrivant au premier rang avec une valeur nette moyenne de plus de 1,4 million $. Ce secteur était suivi par les producteurs de lait (1,29 million $) et ceux des pommes de terre (1,26 million $). À noter que les productions de céréales et d’oléagineux (668 000 $) et les producteurs de boeufs (585 000 $) étaient parmi les productions ayant la plus faible valeur nette moyenne par exploitation.

L’actif agricole

L’enquête menée par l’AAC et Statistique Canada, qui a permis de dresser un portrait de la valeur moyenne de l’actif agricole, a démontré que l’actif moyen d’une ferme canadienne avait augmenté de façon constante depuis 1995, passant de 734 000 $ à l’époque à 896 000 $ en 1999. La plus grande partie de cette augmentation à l’échelon national était attribuable à la hausse de 35 pour cent de l’actif moyen au Québec (valeur moyenne de 935 528 $ par ferme, reflet d’un accroissement de la valeur des contingents de lait) et à celle de 21 pour cent en Ontario (valeur de 1 001 592 $, qui reflète surtout l’accroissement de la valeur des terres et bâtiments agricoles). À noter que la Saskatchewan a affiché la plus faible augmentation, en hausse de un pour cent (valeur de 665 846 $).

Au niveau des types de productions, tous les principaux types de fermes ont vu croître la valeur moyenne de l’actif total en 1999. Les fermes de production d’?ufs (actif moyen en hausse de 45 pour cent pour s’établir à 2 052 433 $), les fermes laitières (en hausse de 35 pour cent pour atteindre 1 601 666 $) et les fermes avicoles (en hausse de 28 pour cent pour se chiffrer à 1 691 237 $) ont signalé de fortes augmentations de la valeur des contingents, tout comme des terres et des bâtiments. Pour leur part, les fermes porcines ont encore une fois réalisé une augmentation importante (+23 pour cent) de leur actif moyen, reflet de l’expansion continue de ce secteur.

Passif agricole moyen

Le rapport révèle que le passif agricole moyen (qui comprend toutes les obligations d’une entreprise qui découlent d’opérations antérieures et qui doivent être remboursées ultérieurement à divers prêteurs) d’une exploitation agricole canadienne était de l’ordre de 163 100 $, soit 25 pour cent de plus qu’en 1997

Toutes les provinces canadiennes ont vu leur passif augmenter au cours des dernières années, les plus fortes hausses du passif moyen ayant été enregistrées dans les provinces de l’Atlantique (en hausse de 39 pour cent et atteignant 193 862 $) et au Québec (en hausse de 36 pour cent et atteignant 220 798 $). Les producteurs de l’Ontario se situent au milieu du peloton avec un passif moyen de quelque 160 000 $. La même tendance d’augmentation du passif moyen a été observée au niveau des types de fermes. Entre 1997 et 1999, les fermes de production d’?ufs ont accusé la plus forte augmentation du passif moyen (en hausse de 77 pour cent pour se chiffrer à 475 327 $), suivies des fermes porcines (en hausse de 58 pour cent pour atteindre 412 059 $). Les fermes laitières ont aussi accusé une augmentation du passif moyen supérieur à la moyenne, en hausse de 39 pour cent, pour atteindre 315 615 $. De son côté, le passif moyen des fermes de culture de céréales et d’oléagineux s’est accru de 27 pour cent pour s’établir à 134 968 $.

Endettement des agriculteurs

Le rapport «Enquête financière sur les fermes, 2000» aborde également la question de l’endettement des agriculteurs. En effet, depuis 1995, le taux d’endettement moyen des exploitations canadiennes a augmenté, passant de 15,5 pour cent (1995), à 16,8 pour cent (1997) et à 18,2 pour cent en 1999. C’est au Manitoba et en Saskatchewan que le taux d’endettement des exploitations agricoles a progressé le plus, passant de 14, 1 pour cent en 1997 à 17,1 pour cent en 1999 en Saskatchewan et de 17,3 pour cent à 20,2 pour cent au Manitoba. Fait à remarquer, depuis 1995, c’est au Québec que le taux d’endettement moyen des exploitations est le plus élevé. En 1999, il était de 23,6 pour cent. En Ontario, le taux d’endettement moyen n’a augmenté que de 0,1 pour cent depuis 1997 pour se chiffrer à 16,3 pour cent, le plus bas taux à l’échelle du pays.

En ce qui a trait au taux d’endettement moyen par type d’exploitation, celui ci était plus élevé en 1999 qu’en 1997 pour ce qui est des exploitations porcines, laitières, de céréales et d’oléagineux, de pommes de terre et de fruits et de légumes. Ce sont les exploitations porcines qui avaient le taux d’endettement moyen le plus élevé au pays (30,8 pour cent), suivi des pommes de terres (26,2 pour cent). Seules les exploitations bovines, des serres et des pépinières ont vu le taux d’endettement moyen être plus faible. Le bénéfice net des agriculteurs Entre 1997 et 1999, les recettes agricoles brutes moyennes des producteurs canadiens ont augmenté de cinq pour cent, passant de 176 103 $ en 1997 à 184 874 $ en 1999. De leur côté, les dépenses d’exploitation moyennes se sont accrues de six pour cent pour passer de 144 478 $ à 152 707 $. Cet accroissement des recettes et des dépenses s’est traduit par une augmentation de deux pour cent du revenu net comptant à l’échelon national, ce qui l’a fait passer de 31 625 $ en 1997 à 32 167 $ en 1999.

Au cours de la dernière enquête, c’est en Colombie-Britannique que le plus fort pourcentage d’augmentation du revenu net moyen a été observé (en hausse de 38 pour cent pour atteindre 37 199 $). Des hausses considérables ont aussi été enregistrées au Québec (en hausse de 35 pour cent pour atteindre 46 141 $) et dans les provinces de l’Atlantique (34 pour cent à 37 059 $). À noter c’est le Québec qui fait état du bénéfice net d’exploitation le plus élevé en raison, notamment, de son haut niveau de paiements de programmes. Pour sa part, le bénéfice net moyen des exploitations de l’Ontario était de l’ordre de 38 900 $, ce qui est dû, principalement, aux produits soumis à la gestion de l’offre. Étant donné qu’elles dépendent des céréales et oléagineux, les provinces de la Saskatchewan ( 34 pour cent) et le Manitoba ( 20 pour cent) ont vu leur revenu net comptant moyen régresser pour se chiffrer à 19 378 $ et 26 248 $, respectivement. Soulignons que la plupart des types de fermes ont montré des hausses importantes du revenu net comptant en 1999 comparativement à 1997. Toutefois, les diminutions qu’ont connues les fermes porcines (reflétant l’augmentation des dépenses moyennes) et les fermes de culture de céréales et d’oléagineux (les dépenses moyennes s’étant accrues et les recettes moyennes ayant diminué légèrement) ont eu tendance à atténuer la progression dans les autres secteurs ne laissant qu’une augmentation de deux pour cent du revenu net comptant moyen pour l’ensemble des fermes.

Le revenu d’appoint est essentiel

L’enquête réalisée le 18 décembre 2000 par l’AAC et Statistique Canada démontre, hors de tout doute, que le revenu d’appoint (revenu provenant de sources non agricoles) est essentiel pour maintenir une bonne situation financière. Pour l’année 1999, les familles agricoles canadiennes disent avoir gagné, en moyenne, 61 200 $. De ce total, 44 pour cent, soit 27 000 $ provenait du revenu d’appoint. De son côté, le revenu net du marché était de l’ordre de 19 700 $. Les autres sources de financement étaient le salaire agricole (8100 $) et les paiements de programmes (6400 $). C’est la Colombie-Britannique qui avait le revenu familial le plus élevé pour l’année 1999, avec un revenu de 77 200 $, dont 35 700 $ provenait de revenus d’appoints.

L’Ontario arrive au second rang avec un revenu familial total de 73 800 $, dont 33 600 $ venaient des revenus d’appoints et 25 100 $ des revenus nets de marché. Le Québec, avec un revenu familial total de 68 000 $ arrive au troisième rang. Ce revenu total moyen, les exploitations québécoises le doivent aux paiements des programmes de l’ordre de 17 100 $, ce qui représente presque quatre fois plus que ce qu’un producteur moyen de l’Ontario a reçu. À noter que le Québec est la seule province ayant une partie de son revenu provenant des paiements de programmes au-dessus de la moyenne provinciale de 6400 $. La province québécoise était également celle dont le revenu d’appoint était le moins élevé avec 16 100 $, soit quelque 6000 $ de moins que la deuxième province avec le revenu d’appoint moins élevé. C’est la Saskatchewan qui a enregistré le revenu familial total le plus faible, soit 44 600 $. En prenant les sources de revenu familial par types d’exploitations, l’enquête souligne que ce sont les exploitations avicoles et ovocoles qui ont enregistré le revenu familial le plus élevé avec 145 400 $, grâce principalement aux revenus nets du marché qui étaient de l’ordre de 96 300 $. De leur côté, les producteurs de boeufs et les exploitations productrices de céréales et d’oléagineux ont déclaré un faible revenu net du marché, 13 400 $ et 13 600 $ respectivement, mais ont déclaré un revenu d’appoint relativement élevé, 28 400 $ et 29 400 $ respectivement pour un revenu familial total respectif de 48 300 $ et 55 700 $. En ce qui a trait aux exploitations laitières, celles- ci ont déclaré un revenu familial moyen de 78 800 $ grâce à un revenu net moyen assez élevé (42 300 $) mais un revenu d’appoint le plus faible de toutes les productions (8500 $).

Une copie intégrale de l’Enquête financière sur les fermes pour l’année 2000, menée par Agriculture et Agroalimentaire Canada, ainsi que Statistique Canada, peut être obtenue au www.agr.ca/spb/fiap/survey/2000/index_f.html.

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