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le Mardi 30 juin 2009 0:00 Volume 26 Numéro 21 Le 30 juin 2009

La fusion des postes de directeurs des collèges d’Alfred et de Kemptville: une idée qu’il faut de nouveau tuer dans l’oeuf

La fusion des postes de directeurs des collèges d’Alfred et de Kemptville: une idée qu’il faut de nouveau tuer dans l’oeuf
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Un commentaire de Pierre Glaude

J’ai bien lu le commentaire de Simon Durand au sujet du fait que madame Renée Bergeron partage maintenant son temps et son énergie à diriger à la fois le Collège d’Alfred et de Kemtpville, et l’UCFO a tout à fait raison d’être inquiète.

À titre de membre fondateur du Conseil communautaire du Collège d’Alfred, j’ai été témoin dans le passé de plusieurs tentatives de fusion de ces deux collèges par des hauts dirigeants de l’Université de Guelph et je me permets de vous faire aujourd’hui quelques révélations’

À un certain moment, M. Gilbert Héroux, ancien directeur du Collège d’Alfred a été approché discrètement par les autorités de l’Université pour assumer la direction des deux collèges. Il m’a demandé mon avis et je lui ai répondu que l’UCFO partirait en guerre et qu’il serait lui-même pris entre deux feux. Ce fut la fin de cette tentative.

Quelques années plus tard, un nouveau doyen est nommé. Il s’agit de M. Craig Pearson fraîchement arrivé d’Australie qui avait réussi avec brio la fusion de collèges semblables dans ce pays. Il décida d’appliquer la même recette en Ontario et il nous annonça qu’il avait l’intention de fusionner les collèges sous une seule direction et administration.

Le Conseil communautaire du temps le convoqua au Collège d’Alfred et lui parla « entre quatre yeux ». M. Pearson, homme intelligent et sensible abandonna son projet le soir même.

Ce qu’il faut retenir de ceci, c’est d’abord l’aspect positif: l’Université de Guelph dans le passé a toujours été à l’écoute de la collectivité agricole franco-ontarienne et elle s’est toujours montrée sensible à ses aspirations. La preuve: l’Entente du 4 avril 1997 portant sur la gestion du Collège d’Alfred qu’elle a signée avec l’Union des cultivateurs franco-ontariens.

Cette entente de 12 pages « Visant à assurer le développement et l’expansion du Collège d’Alfred et de la collectivité rurale et agricole franco-ontarienne » [titre de l’entente], qui est toujours en vigueur, couche sur papier certaines garanties fondamentales et prévoit des mécanismes de collaboration entre l’Université et la communauté.

Pour atteindre ce but, l’entente prévoit certaines conditions essentielles et je cite entre autres l’article 2 (e):

« Sera maintenu un poste de directeur du Collège d’Alfred, basé au Collège d’Alfred et pour lequel un des critères de sélection sera le plus haut niveau de compétence en français parlé et écrit et une excellente connaissance de la collectivité franco-ontarienne agricole et rurale »

Voilà, la garantie est là et elle fait partie d’une entente écrite dûment ratifiée par l’Université de Guelph. Alors, pourquoi devrions-nous nous inquiéter?

Pourquoi? Parce qu’une entente ne vaut que l’énergie que l’on met à la faire respecter!

Je ne doute aucunement de la bonne foi de l’Université de Guelph mais n’oublions pas que cette université change de doyen à peu près tous les trois ans et que chaque nouveau doyen qui arrive en poste a d’autres choses à faire que de dépoussiérer cette entente particulière conclue, il y a douze ans, avec un petit groupe de francophones dont il n’a jamais entendu parler!

Guelph, c’est bien loin de nous géographiquement, linguistiquement et culturellement, et lorsqu’on ne tient pas compte de la spécificité linguistique et culturelle du Collège d’Alfred, il y a une certaine logique administrative à vouloir fusionner les collèges d’Alfred et de Kemptville, voire même à en faire disparaître un des deux.

Le Collège d’Alfred a toujours été et sera toujours un défi extraordinaire à relever, un défi qui ne peut pas être relevé convenablement par une direction à temps partiel qui ne pourra pas lui consacrer la totalité de ses énergies.

C’est pourquoi l’Union des cultivateurs franco-ontariens doit dès maintenant reprendre un dialogue soutenu avec l’Université et obtenir l’assurance que la situation actuelle de direction partagée entre les collèges d’Alfred et de Kemptville n’est qu’une situation de dépannage qui ne durera que quelques mois et surtout? qu’elle ne constitue aucunement un pas vers la fusion de ces deux collèges. Il faut aussi créer une alliance avec la collectivité anglophone de Kemptville qui n’aime pas plus que nous cette situation de direction partagée.

Mais pour obtenir cette assurance, il faut la demander en haut lieu. Le problème, c’est peut-être un peu nous. L’Université de Guelph a beau être à l’écoute, elle ne nous entendra pas si on ne lui parle pas ou si on ne lui dit pas les vraies choses!

Enfin, il ne faut jamais oublier que le Collège d’Alfred nous appartient. L’Université de Guelph n’en est que le fiduciaire. C’est pourquoi, il faut s’en occuper et tuer dans l’oeuf toute entreprise qui pourrait mener à sa disparition.

Pierre Glaude est ancien secrétaire général à l’Union des cultivateurs franco-ontariens et membre fondateur du Conseil communautaire du Collège d’Alfred.