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le Jeudi 22 novembre 2018 19:06 Volume 36 Numéro 05

Le cannabis, un filon vert pour l’Ontario

Le cannabis, un filon vert pour l’Ontario
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C’est fait. Le cannabis est légalisé depuis le 17 octobre dernier. Avec son entrée sur le marché licite, la plante verte offre des opportunités économiques incroyables aux producteurs canadiens. Et l’Ontario n’est pas en reste, regroupant parmi les plus gros producteurs au pays. La croissance prévue leur promet de beaux jours.

On ne l’a que trop dit : il est désormais possible d’acheter jusqu’à 30 grammes de cannabis récréatif séché par personne. Et déjà, plusieurs points de vente sont en rupture de stock à travers le pays. L’engouement n’est pas prêt de s’arrêter et les producteurs se frottent les mains.

Une industrie porteuse

Dans son rapport Une société en transition, une industrie prête à fleurir, Deloitte prédit un marché canadien de plus de 7 milliards de dollars pour le cannabis médical, récréatif et illégal. Le cannabis récréatif légal représente à lui seul 4 milliards. La société prévoit aussi la plus grande part de marché pour l’Ontario, estimée à 1,68 milliard de dollars.

La prochaine génération de spécialistes du cannabis est déjà à l’œuvre dans les couloirs du Niagara College Canada qui est le premier établissement du pays à avoir lancé un programme de production commerciale. « L’industrie a besoin d’une main-d’œuvre qualifiée, relève Vivian Kinnaird, doyen du département commerce, hôtellerie et environnement. Notre région est très agricole et en tant qu’institution communautaire nous voulons soutenir les industries émergentes et les entreprises locales. »

À compter de septembre dernier, 24 nouveaux étudiants seront donc formés tous les quatre mois pour obtenir un certificat d’études supérieures. Une grande partie de la formation se fait main dans la main avec les producteurs locaux, pourvoyeurs de « centaines et centaines d’emplois » dans la production, le contrôle qualité ou la transformation du cannabis.

Des géants de la production en Ontario

L’une de ces compagnies est Canopy Growth Corporation basée à Smiths Falls, détenant le plus gros site de production du Canada avec plus de 4 millions de pieds carrés répartis d’un océan à l’autre. Son ambition : devenir le producteur numéro un mondial. « Une telle opportunité ne se représentera jamais, confie Adam Greenblatt, responsable du développement commercial en Colombie-Britannique pour la société. C’est un moteur économique énorme. »

Embauchant déjà plus de 1 000 personnes, livrant du cannabis médical à 85 000 clients, Canopy est en train de développer ses relations avec les distributeurs partout au pays. Et les investisseurs sont au rendez-vous : plus de 6 millions de dollars ont été injectés dans le projet vert qui est devenu la première entreprise de production de cannabis inscrite en bourse du Canada. En outre, l’entreprise convoite déjà les marchés danois, australien et latino-américain.

Un autre gros joueur est Aphria Inc. basé à Leamington, le point le plus au sud du Canada, « avec la saison de croissance du cannabis la plus longue ». Avec un espace de production qui s’apprête à dépasser les 3 millions de pieds carrés, la société espère atteindre une production annuelle de 225 tonnes de cannabis. « La légalisation a constitué un jalon considérable et dynamisant pour l’industrie, exprime Cole Cacciavillani, cofondateur. Nous restons engagés pour étendre l’utilisation du cannabis et nous avons une équipe dévouée pour préparer le futur du cannabis au Canada. »

Eux aussi ne comptent pas se limiter au marché canadien, souhaitant bien profiter de la croissance mondiale. Aphria a déjà les yeux rivés sur l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Europe. Avec la moitié des licences fédérales de production attribuées à des entreprises ontariennes, la concurrence promet d’être rude.