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le Vendredi 7 octobre 2016 15:12 Volume 34 Numéro 04 Le 07 octobre 2016

Le concours de labour du Témiskaming une affaire de francophones

Le concours de labour du Témiskaming une affaire de francophones
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Au Témiskaming, ce sont des francophones qui organisent le concours de labour.  À l’origine, c’est le regretté André Saintonge, un ardent défenseur du fait français au Témiskaming, qui avait réuni des gens intéressés à cet événement agricole : tous des francophones.  Le succès avait été immédiat et la tradition s’est poursuivie dans la même veine, tout comme l’édition 2016 qui s’est déroulée du 30 septembre au 2 octobre.  Ça s’est passé à Judge sur la ferme de David Presseault. Judge est le nom d’un village d’antan situé sur la Route 65 à la frontière du Québec.

Le concours en est à sa 18e édition et continue à fonctionner en français avec un conseil d’administration de 13 personnes. La très grande majorité des bénévoles sont des francophones. C’est aussi le cas pour les organisateurs des compétitions et de l’animation avec l’Association de canoë/camping du Témiskaming. Même la messe des laboureurs est en français. Parce que le Concours est reconnu par le Concours international de labour, il n’a pas toujours été facile d’avoir des juges en mesure de parler en français. Qu’à cela ne tienne, André Saintonge y a vu, il y a toujours des gens en mesure d’appuyer les juges unilingues anglophones pour aider tous les laboureurs à s’améliorer. Même les feuilles de résultats des laboureurs ont été traduites. En somme, le caractère francophone est toujours bien présent, mais cela n’empêche pas l’événement d’être ouvert à tous.

Cette année, le Concours a attiré 12 laboureurs avec des tracteurs anciens venus d’aussi loin que Toronto et trois laboureurs avec des chevaux. Parmi ces derniers, il y avait Yoland Rocheleau de l’Abitibi. Il est arrivé premier dans la catégorie des amateurs au Concours international de labour de cette année à Minto en Ontario. Son attelage de Percheron n’a pas manqué d’impressionner. Une autre paire de magnifiques chevaux blonds avec José Denis de la région de New Liskeard  (ce sont des chevaux qui appartenaient à André Saintonge) et la paire de chevaux blancs de Moors Cosby de Massey complétaient le tableau idyllique aux yeux des nostalgiques.

Assister à un concours de labour, c’est entrer dans un autre monde ; celui du noble univers de ceux et celles pour qui le travail de la terre va bien au-delà du geste de tracer des sillons. C’est travailler le sol nourricier avec respect. C’est poser chaque geste avec soin, précision et rigueur. Chaque étape est évaluée, en consultation avec l’équipe. Le labour est un plaisir sérieux qui se fait dans la joie. Mais au-delà du labour, former une équipe avec des chevaux heureux de procure au laboureur des joies peu comparables. Il y a quelque chose d’émouvant dans la complicité du laboureur et de ses chevaux.

Pour les organisateurs, le Concours de labour cherche avant tout à faire connaître l’agriculture.  « Ça nous rappelle qu’on est appelé à faire notre part pour nourrir les autres. À la limite, c’est sauver la planète et il n’y a rien de philosophique là-dedans. C’est encore le temps. On a facilement recours à trop d’engrais et d’herbicides », commente comme Thérèse Renaud-Saintonge du conseil d’administration.

La 18e édition du Concours de labour du Témiskaming a été un succès. Le temps a collaboré et plus de 3000 personnes sont venues. Roch Loranger, président du conseil d’administration, impliqué dès les débuts, ne cache pas sa satisfaction : « À la pièce de théâtre en soirée quelqu’un a dit : si on ne sait pas d’où on vient, on ne sait pas où on va.  Cela a renforci ma conviction qu’avec le concours de labour, on fait quelque chose de bien. »