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le Mercredi 26 septembre 2012 0:00 Volume 30 Numéro 03 Le 21 septembre 2012

Moins de vers dans nos pommes

Moins de vers dans nos pommes
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C’est la saison des pommes et celles-ci s’empilent dans les supermarchés. Autrefois, les pommes étaient véreuses, criblées de larves d’un insecte, le carpocapse. Aujourd’hui, elles n’en contiennent plus ou presque.

De nombreux biopesticides remplacent les pesticides organophosphorés destinés à éliminer les insectes nuisibles des champs et des vergers. « Ils étaient pourtant très efficaces. Le principal problème venait du fait qu’on les utilisait partout, ce qui les rendait nocifs à moyen terme pour l’environnement et la santé humaine », relève Charles Vincent, agronome au Centre de recherche et développement en horticulture d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Délaissant l’arme chimique, le maraîcher d’aujourd’hui se tourne vers les biopesticides et les luttes biologique et physique. Le centre de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui célèbre ses 100 ans cette année, poursuit des recherches sur la lutte antiparasitaire.

La lutte aux ravageurs des récoltes, Charles Vincent s’y est attelé, il y a 28 ans. Il a d’abord cherché une plante destinée à jouer les insecticides. Commercialisé sous le nom de Requiem inc., ce biopesticide provient de la graine de Chenopodium ambrosioides, une plante dont les feuilles ressemblent à des pattes (podium) d’oie (cheno). Le Requiem est recommandé contre les insectes à corps mous, notamment les pucerons, les thrips, les mouches blanches et les acariens.

Contre le carpocapse ou « ver de la pomme », l’équipe du professeur Vincent a développé un granulovirus, le CpGV. Celui-ci doit être ingéré par le carpocapse pour pouvoir le tuer. « Cela existait en foresterie, mais pas pour les besoins agricoles », note le chercheur.

Quant au virus épandu dans les vergers de l’ouest des États-Unis – la chaleur augmente les risques d’assauts de ces envahisseurs –, il a été développé à Cap-Chat, au Québec, à partir d’un élevage de millions de carpocapses. « On utilise la nature contre elle-même », résume-t-il.

 

Du côté des huiles essentielles

Les pucerons, les acariens et autres insectes à corps mou craignent certaines huiles essentielles aux propriétés insecticides, particulièrement celles provenant de plantes appartenant aux familles des Myrtacées, des Lauracées, des Lamiacées et des Astéracées. Ainsi, l’huile de neem, très utilisée en Inde depuis le 18e siècle, constitue l’un des plus vieux insecticides. « Notre démarche est plus spécifique : nous développons des biopesticides à partir de graines d’ici. »

Pour savoir où pulvériser ces produits, son équipe expérimente actuellement l’usage du radar harmonique. Il s’agit de doter un insecte d’une antenne qui renvoie le signal émis par le radar, mais dans une harmonique supérieure. Cela permet de suivre l’insecte (le charançon de la prune ou le doryphore de la pomme de terre, par exemple) à la trace et de connaître ses déplacements. Car l’idéal serait d’appliquer le biopesticide autour du champ ou du verger, avant même que l’insecte n’y ait posé une seule patte!

 

Un siècle de chasse aux insectes

Voilà 100 ans, le Centre de recherche et de développement en horticulture ouvrait ses portes. En 1912, dans le petit laboratoire de Covey-Hill (Québec), un entomologiste avait été embauché par le ministère fédéral de l’Agriculture pour étudier – déjà! – les insectes ravageurs des pommiers. Déménagé à Hemmingford en 1927, puis à Saint-Jean en 1940, il faudra attendre 1952 pour qu’un nouvel édifice lui soit entièrement dédié. L’actuel bâtiment a été inauguré en 1980. Dès le début, la priorité est allée à la lutte aux insectes ravageurs – puceron des pois, mouche de l’oignon, pyrale du maïs, charançon de la prune, etc. – et sur l’amélioration de la résistance des plantes à ces envahisseurs.

 

Pour en savoir plus :

– La nouvelle brochure historique du Centre de recherche et de développement en horticulture.