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le Vendredi 28 avril 2017 11:50 Volume 34 Numéro 15, le 7 avril 2017

Steven Roberge, profession : agriculteur

Steven Roberge, profession : agriculteur
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« Ce que tu apprends en t’impliquant dans les comités te fait mieux comprendre les décisions. Tu vois la perspective de l’autre », explique Steven Roberge, producteur laitier et de grandes cultures. « De ceux qui ont abandonné la production de lait, 90 % n’étaient pas impliqués et ils étaient toujours négatifs. Pourtant certains d’entre eux avaient de très bonnes idées, mais ils les gardaient pour eux. C’est important d’avoir une vision positive de l’agriculture. Ça prend ça pour les prochaines générations. Le négatif ne les intéresse pas », ajoute Steven. 

Engagé dans son milieu, Steven l’est tout autant comme agriculteur. Il est de la 4e génération d’agriculteurs à la ferme familiale de Verner dans le nord de l’Ontario. Comme producteur laitier avec un troupeau de 60 vaches holsteins pur sang, il partage les tâches de l’étable avec son épouse, Anne Legault (elle s’occupe aussi de la comptabilité) et son père Paul. Il demeure fidèle au rendez-vous de la traite du matin et aux travaux des champs durant les semailles et au temps des récoltes.  

Quant aux grandes cultures, les Roberge cultivent 1 200 acres. Ils produisent principalement du blé de printemps, du soya de semence, du canola et de l’orge de brasserie.  Il espère augmenter cette dernière production.  « Si on peut fournir la qualité : il faut produire une orge pesante et faible en protéines »,  explique Steven. Cette récolte est acheminée à une usine de Montréal qui ne réussit à s’approvisionner qu’à 15 % dans l’est du pays.  

Pour ce qui est de la culture du canola, ce sera plus difficile. Bien qu’il y ait peu de cécidomyies du chou-fleur dans la région de Verner, des tests ont révélé la présence de la pourriture des racines. La bactérie se transmet par l’équipement. « Il faudra être plus vigilant; pratiquer une rotation de quatre ans, semer des variétés résistantes et laver l’équipement. »

Cette année, il produira des pois verts. C’est que Steven cherche toujours à s’améliorer. D’une part, il essaie de nouvelles cultures et d’autre part il travaille avec un agronome pour adopter les meilleures pratiques en culture. « Ça évolue tellement vite.  Il y a tellement de choses qu’on peut faire pour les engrais et les pesticides par exemple »,  dit-il. Il ne laboure que les champs de foin et travaille la terre autrement. Autrefois, il labourait à l’automne et passait dans les champs deux fois au printemps. Maintenant, une seule passe suffit au printemps. Il a cartographié les champs et s’est équipé afin de pouvoir varier la quantité de semence ou d’engrais. Il a aussi déjà travaillé avec l’Université de Guelph et de Nipissing pour tester des engrais et le drone en agriculture.

Qu’est-ce qui agace Steven? Deux choses, confie-t-il.  La première est l’impression que certains rendent l’agriculture coupable de la pollution avec les engrais et les pesticides. « On n’est pas les seuls à en faire. On a tous à faire notre part. » Sa deuxième préoccupation porte sur la gestion de l’offre. Il se désole que le débat soit plein de faussetés. « Les gens ne réalisent pas que même si le prix baisse pour les cultivateurs, il ne baisse pas pour les consommateurs; s’il y en a qui trouvent que le prix du lait est trop haut maintenant, il le sera aussi après. Dans le débat, on ne compare pas des pommes avec des pommes. C’est frustrant quand il n’y a qu’un seul côté de l’histoire qui sort! »

La ferme des Roberge existe depuis le début des années 1900. Steven ne se destinait pas à prendre la relève. Il est allé faire un tour sur le marché du travail et est revenu au bercail. « Pour être agriculteur, tu dois être un peu fou et l’avoir dans toi. C’est important d’avoir exploré avant », admet Steven. Sa passion pour l’agriculture indique qu’il ne regrette pas son choix. Et son désir secret serait qu’un de ses deux enfants, Stéphanie ou Mathieu, partage ses intérêts. Stéphanie y pense sérieusement.