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le Mardi 27 août 2002 0:00 Le 21 août 2002

Tabac, ginseng et cerises

Tabac, ginseng et cerises
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Les plantations de tabac sont assez communes dans le comté de Norfolk, dans le sud-ouest ontarien.

Dans le cadre d’une réunion du Conseil de l’adaptation agricole de l’Ontario, qui a eu lieu à la fin du mois de juillet, le directeur général de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, Alain Delorme, s’est rendu dans le comté de Norfolk, plus précisément dans la ville de Simcoe et ses environs. Il a bien voulu nous raconter ce qu’il a vu.

Agricom : Qu’avez-vous visité lors de votre passage dans cette région du sud-ouest ontarien’

Alain Delorme : Nous avons eu la chance de visiter une production de tabac, une production de ginseng et un verger de cerise.

Agricom : Est-ce tout ce qui se cultive dans cette région ?

AD : Bien sûr que non. Cette région est communément appelée «Sand Plains». Tout le sol est principalement constitué de sable, ce qui permet une variété de cultures incroyables : production maraîchère comme les tomates, les concombres, les piments et le maïs sucré. On retrouve aussi des vergers de pommes et on fait aussi de la grande culture : soya, maïs et fèves. Il se fait aussi beaucoup de seigle car c’est la culture idéale pour faire la rotation avec le tabac.

Agricom : Justement, en parlant de culture de tabac, racontez nous ce que vous avez visité.

AD : Tout d’abord, il faut préciser que dans chacune des fermes de tabac, on y retrouve une serre. Cette serre permet de pouvoir commencer les plantules de tabac à la graine pendant l’hiver (en février). Ces plants sont ensuite repiqués au champ le printemps venu.

Agricom : Une fois la récolte venue, est-ce que cela demande beaucoup de main-d’oeuvre ?

AD : La culture de tabac, comme celle du ginseng, crée un stress énorme sur ces régions-là. Ce sont des récoltes très saisonnières et qui arrivent en même temps par surcroît. La récolte de tabac peut durer de deux semaines à un mois tout au plus. Une opération essentielle qui vient tout juste avant la récolte, est lorsque chacune des têtes fleuries des plants doit être coupée afin d’obtenir une bonne quantité de nicotine.

Agricom : Lorsque le tabac a été ramassé dans les champs, qu’elle est la prochaine étape ?

AD : Il doit être séché dans des séchoirs à chaleur indirecte. Cette nouvelle façon de sécher le tabac permet d’obtenir une meilleure qualité du tabac. Chacune des unités de séchage représente un investissement de 23 000 $ et la ferme que nous avons visitée en comptait 25. Cependant, la plupart des producteurs sérieux adoptent cette nouvelle technologie.

Agricom : Parlez-nous maintenant de la culture du ginseng

AD : En premier lieu, il faut préciser que le marché du ginseng se trouve principalement en Asie. Près de 90 % de la récolte canadienne est exportée. Cette région est donc très dépendante de ce marché. Nous en exportons autant car c’est reconnu que le ginseng qui est cultivé au Canada est de très grande qualité.

Agricom : Comment les champs sont-ils disposés ?

AD : Le ginseng est une culture qui pousse dans les sous-bois à l’ombre. Pour en cultiver dans les champs sur de grandes surfaces, les producteurs sont obligés d’étendre des filets afin de protéger la culture du soleil. Il y a quelques années, avant le venu du filet de nylon, les producteurs installaient des lattes de bois. Le ginseng est ensemencé sur des buttes de terre. Cela demande beaucoup de travail manuel car tout le désherbage se fait à la main. La seule opération mécanique est lors de la récolte. Les buttes de terre sont alors soulevées mais la cueillette de la racine se fait à la main. Il en coûte trop cher de produire du ginseng pour risquer de recueillir les racines mécaniquement. Ces racines sont par la suite entreposées dans de grands hangars où on y retrouve des séchoirs.

Agricom : Qu’advient-il des filets de nylon ?

AD : Les filets doivent être retirés tout juste avant la récolte des racines de ginseng. Étant donné qu’un champ qui a servi à cultiver du ginseng ne peut plus être utilisé pour la même culture, il n’est donc pas nécessaire d’essayer de laisser les filets en place pendant la récolte.

Agricom : Quels sont les coûts d’opération d’une telle culture ?

AD : Il en coûte 40 000 $ l’acre uniquement pour établir la culture. Et ce n’est pas une culture annuelle. Avant que la racine puisse être récoltée, il peut s’écouler entre 3 et 5 ans. La racine de ginseng se vend 80 $ la livre au détail et dans un acre, un producteur peut récolter jusqu’à 2500 livres de racines. Une chose importante à préciser est que la récolte n’est pas assurable avant que les racines de ginseng soient rendues dans les hangars. Compte tenu de tous ces facteurs économiques, les producteurs, quand la récolte s’amorce, avertissent les policiers pour que ceux-ci augmentent le nombre de patrouilles dans le secteur.

Agricom : Pour ce qui est de la production de la cerise, qu’avez-vous vu’

AD : Dans la région de Simcoe, il se cultive plusieurs acres consacrés aux vergers de cerises. Un peu comme les vergers de pommes, il faut entretenir les arbres un à un au printemps pour s’assurer d’une bonne production. La récolte se fait mécaniquement. Le producteur amène une machine qui permet de faire vibrer l’arbre pour récolter les cerises. Les cerises tombent alors sur une plate-forme en angle et sont dirigées vers un tapis roulant.

Agricom : La récolte doit-elle être refroidie dans des bassins d’eau’

AD : Tout à fait. Une fois que les cerises sont recueillies, le plus vite elles sont refroidies et mises dans un bassin d’eau fraîche, de meilleure qualité elles seront. Il y a toujours de l’eau qui alimente le bassin, le surplus d’eau est recyclé et réutilisé. Cette façon d’utiliser l’eau permet de baisser les coûts de production.

Agricom : Qu’arrive-t-il par la suite?

AD : Les récoltes sont acheminées à des usines de transformation. Dans ces usines, elles seront triées et dénoyautées. Pour enlever le noyau, on utilise une grande aiguille qui pousse le noyau à l’extérieur de la cerise. Pour connaître le niveau de qualité de la production, on utilise un ?il magique qui détermine combien de noyaux sont restés par 100 livres de cerise. Les cerises qui ne serviront pas tout de suite seront mélangées avec du sucre, qui permet de garder le goût et surtout la couleur, et sont ensuite entreposées au congélateur.

Agricom : Merci d’avoir partagé cette expérience avec nos lecteurs!