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le Mardi 2 mars 2021 8:58 Volume 38 Numéro 7 - Le 12 février 2021

Truly Northern Farms : se lancer à l’aveugle dans une production hydroponique

Truly Northern Farms : se lancer à l’aveugle dans une production hydroponique
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Par Marc Dumont

Ceux et celles qui choisissent de se lancer en production hydroponique ont toujours un parcours intéressant. C’est d’ailleurs le cas de Stéphane Lanteigne et son épouse Erin Rowe. À leur retour de Corée du Sud, où ils enseignaient l’anglais, Stéphane ne savait pas trop où se diriger : « Je voulais revenir à l’agriculture. Puis, il y a quatre ans, on s’est lancé à l’aveugle », témoigne Stéphane.

L’aventure a commencé à Sudbury, plus précisément à Chelmsford, lorsque Stéphane et son épouse Erin ont fait l’achat d’un système de production hydroponique. Celui-ci est arrivé dans un conteneur de 40 pieds par 10 en avril 2017. Le couple a dû apprendre de nouvelles bases avant de démarrer le projet. « On a eu un peu de formation, mais on ne savait pas trop », raconte Stéphane. Bien qu’il détienne un baccalauréat en biologie, « […] il y a une marge entre avoir une formation universitaire en biologie et réussir à produire des légumes », souligne-t-il.

Huit mois plus tard, les Lanteigne achètent déjà un deuxième conteneur et depuis peu, louent un édifice qui devait être une champignonnière à Opasatika, près de Kapuskasing. L’exploitation de cette infrastructure a permis de réduire les coûts de manière surprenante. « Ça fait qu’on est devenu un des plus gros projets hydroponiques en Ontario », précise le propriétaire de Truly Northern Farms, Stéphane.

L’édifice de 23 000 pieds carrés est divisé en salles de 2000 pieds carrés et les plantes poussent sur cinq niveaux. L’entreprise réussit à générer de 600 à 700 livres de produits par semaine. Pour y arriver, les Lanteigne ont dû  embaucher trois personnes ; une à plein temps et deux à temps partiel pour les aider, même si Stéphane doit se rendre à la champignonnière une fois par semaine pour faire la récolte et l’entretien des installations. 

Les principales productions de l’entreprise sont des laitues, du basilic, du chou frisé et des micropousses. Truly
Northern Farms vend ses produits dans certaines épiceries, au marché des fermiers de Sudbury et dessert
également les régions de Kapuskasing-Hearst. Photo : Gracieuseté Truly Northern Farms

Des légumes frais pour le Nord

Présentement, les principales productions de l’entreprise sont des laitues, du basilic, du chou frisé et des micropousses. Truly Northern Farms vend ainsi ses produits dans certaines épiceries et au marché des fermiers de Sudbury, qui est maintenant ouvert à longueur d’année. L’exploitation dessert également les régions de Kapuskasing-Hearst. Stéphane prévoit aussi se trouver de nouveaux clients dans les communautés qui longent la Route 11 en créant des partenariats avec camionneurs qui livrent déjà des produits dans cette région.

Toutefois, la COVID-19 a provoqué quelques changements : « Avant [la pandémie], 25 % de notre production allaient dans des restaurants », explique Stéphane. Les produits de Truly Northern Farms sont maintenant aussi vendus directement à la ferme. « On a un kiosque avec un réfrigérateur et une caisse pour du libre-service. On s’y rend de quatre à cinq fois par jour pour ajouter des produits. Après tout, il passe 5000 autos par jour sur la grand-route devant chez nous, » explique Stéphane.

Ce dernier admet que débuter dans la production hydroponique sans aucune expérience n’a pas été facile. « Il faut savoir comment gérer. Arriver à une production stable exige de comprendre ce que tes plantes font et faire du trouble shooting », dit-il. « C’est fou ce que je paye en électricité ! Si je perds toute une récolte, j’ai quand même ce compte à payer. »

Stéphane Lanteigne.
Photo : Gracieuseté Truly Northern Farms

 « Le pouvoir aux communautés »

Depuis un certain temps, Stéphane est aussi consultant : « L’autre jour, quelqu’un m’a dit qu’il voulait se lancer en production hydroponique et qu’il avait 1 000 000 $. Je lui ai suggéré plutôt de commencer avec un investissement de 100 000 $. Il vaut mieux commencer lentement avec un plus petit système. Vendre des produits frais n’est pas facile ! »

De plus, le propriétaire avoue que son voyage hebdomadaire à Opasatika, qui lui prend de cinq à six heures selon l’état des routes, est stressant : « Mais ce n’est pas une perte de temps. J’apprends la réalité alimentaire des gens du Nord et je suis en train de faire le design d’un produit pour culture hydroponique qui va donner le pouvoir aux communautés de s’alimenter localement ».  

« Les systèmes présentement sur le marché conviennent aux producteurs qui veulent seulement vendre au marché des fermiers local. Mais pour une ferme hydroponique de plus d’envergure, ça ne fonctionnerait pas bien. Je ne pourrais pas avoir 50 conteneurs ! Les produits sur le marché ont été conçus pour la production de cannabis et sont beaucoup trop chers », indique Stéphane.

Le nouveau produit de Stéphane sera complètement différent de ceux qui sont actuellement offerts sur le marché. Il sera conçu pour que sa technologie soit facile à utiliser et pour assurer une production stable. Stéphane compte d’ailleurs faire affaire directement avec des fournisseurs chinois afin de réduire le prix de son produit de façon significative. Finalement, le produit sera vendu avec une formation de 400 heures.

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