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le Jeudi 30 juillet 2020 15:12 Volume 37 Numéro 12 - Le 10 juillet 2020

Un Marché des producteurs virtuel !

Un Marché des producteurs virtuel !
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Par Janie-Renée Myner

La Covid-19 aura changé bien des choses sur son passage… mais certaines idées géniales ont poussé de ce terreau fertile ! C’est le cas du Marché des producteurs virtuel du Réseau agro-alimentaire de l’Est ontarien. 

Fermez vos yeux. Imaginez-vous en train de marcher à travers les étals d’un marché fermier et de pouvoir arrêter et explorer tous les produits de chacun… Maintenant, ouvrez les yeux devant votre ordinateur à l’adresse web suivante : https://www.agro-on.ca/fr/. On vous présente un marché fermier virtuel où il est possible d’acheter une panoplie de produits du terroir, en quelques clics, tout comme si on y était.

Je me suis entretenue avec Alain D’Aoust, coordonnateur de ce projet novateur, pour découvrir toute la magie qui se cache derrière cet astucieux projet du Réseau Agro-Alimentaire local.

Janie-Renée pour Agricom (J-R) : Bonjour Alain. Quel super projet que celui d’un marché fermier virtuel ! D’où est venue l’idée ?

Alain : Avec la Covid, on a vite remarqué les changements dans les habitudes de consommation et la conscientisation des consommateurs à la fragilité de la chaine alimentaire. On s’est dit que l’économie locale devrait s’adapter au maximum aux nouvelles demandes et offrir des options locales pour complémenter les offres courantes des marchés existants. On en est venus à penser qu’on pourrait donner un coup de pouce aux producteurs en imaginant un marketing créatif qui donnerait l’option d’une méthode de distribution décentralisée, mais organisée… et un concept de Marché des producteurs virtuel est né. D’emblée, c’est un projet local et régional. Pas question de s’étendre trop et de devenir une version agricole de Amazon. On veut rester à l’échelle humaine et locale. C’est bon les produits de chez nous par des gens de chez nous !

J-R : C’est plaisant d’avoir des partenaires créatifs pour nos producteurs locaux ! Et j’imagine bien que ce projet vient avec sa part de défis…

Alain : En effet. À l’heure qu’il est, notre plateforme de marché virtuel regroupe 54 producteurs des 5 comtés de l’Est (Stormont, Dundas, Glengarry, Prescott et Russell) et elle est bilingue. Ce n’est pas évident de proposer une interface web à des producteurs qui ont chacun leur façon de fonctionner, chacun leur réseau ou leurs méthodes de vente préférées. On s’est dit que l’important, c’est que notre plateforme offre un service standardisé au consommateur et qu’on devrait alléger la tâche de marketing et de distribution pour le producteur. On essaie d’allier le meilleur des deux mondes — en fait, on est un joli trait d’union ! C’est certain qu’il y a une phase d’apprentissage technique, ça implique du recrutement, et pour le producteur, il faut développer de nouvelles habitudes. Mais en somme, on vise une expérience confortable et accessible pour les producteurs autant que pour les consommateurs. 

J-R : Alors si moi, je suis un tout petit producteur de légumes ou de miel par exemple, je pourrais me joindre à votre marché virtuel ?

Alain : Absolument ! La membriété est gratuite pour les producteurs jusqu’en septembre. Après, il y aura un frais fixe par mois. L’idée c’est de pouvoir présenter ses produits et de faire des ventes. Nous on s’occupe en retour de la visibilité, du marketing, du soutien technique et de développer des outils de vente et de promotion. Chaque producteur peut s’associer à nous sans contrat donc, il peut se joindre ou se désabonner quand il veut. C’est pratique quand on veut tester un concept et qu’on démarre une petite entreprise. Et c’est également intéressant pour les producteurs établis qui diversifient leurs sources de revenus.

J-R : Comment ça marche si je choisis d’acheter des produits de différents producteurs ?

Alain : C’est comme si tu achetais tes produits à chaque étal au marché. Tu sélectionnes tous les produits (des différents vendeurs) que tu veux sur le site et tu les inclus dans ton panier d’épicerie. Mais y’a une option géniale que tu n’aurais pas dans un vrai marché fermier : une seule facture et un seul paiement. Tu choisis également le point de distribution où tu veux ramasser tes produits, donc ça rend la tâche facile pour tout le monde. Dans la réalité du fonctionnement interne, chaque producteur se fait payer directement par le système. Dans le design, on voulait une plateforme qui soit coopérative, collaborative — on met les producteurs en relation avec les consommateurs. Simple comme ça. On ne fait pas de profits sur les ventes. L’objectif, c’est que ce soit un concept de marché équitable, qui mette en valeur l’agriculture et l’agro-alimentaire local, et qui puisse fonctionner avec un maximum d’efficacité et de transparence. 

J-R : Le système est-il déjà opérationnel ?

Alain : Absolument. On a déjà bon nombre de témoignages de consommateurs qui ont découvert des produits locaux et qui sont tellement heureux de leurs découvertes ! Donc pour nous la phase un du développement est en plein essor. On teste le marché en ce moment. On regarde, on écoute, on apprend, on analyse. La phase deux s’amorcera très bientôt et ça, c’est le développement d’un réseau de points de distribution à travers les 5 comtés. On travaille présentement avec le Bureau de santé régional pour créer ces points de distribution tout en respectant les normes sanitaires et de manutention des produits. Là, tu comprends que ça prend un congélateur pour des produits congelés, des réfrigérateurs pour les produits qu’on doit garder froids… ça prend un minimum d’effectifs. On essaie de créer un réel écosystème agro-alimentaire local, de la ferme jusqu’à l’assiette !

J-R : Et si tu avais un souhait ou un idéal pour ce projet, ça serait quoi ?

Alain : Je crois que ça serait d’avoir une douzaine ou une quinzaine de points de distribution bien établis, qui rendraient l’accès facile pour les consommateurs. C’est sûr qu’il y a des projets locaux comme le projet d’abattoir régional des CUPR qui pourrait donner un essor encore plus considérable à notre plateforme, mais on ne le saura que quand ce projet verra vraiment le jour. Entre temps, il s’agit pour nous de créer et de stabiliser un réseau qui permette aux agriculteurs et producteurs locaux de se concentrer à leur production, pendant que nous, on peut s’occuper du marketing et de la visibilité. Si chacun a sa spécialité, on peut quand même travailler en coopération. C’est le concept de la valeur ajoutée et aujourd’hui, les consommateurs aiment savoir qu’ils contribuent à maintenir un réseau agro-alimentaire plus sain et une économie locale en santé. Imagine, on offre tout ça au bout d’un clic !

J-R : En tous cas, on aura plus de raison de ne pas trouver des produits locaux à acheter ! C’est un rendez-vous sur https://www.agro-on.ca/fr/ pour explorer tous les produits du terroir que l’Est ontarien a à offrir. Merci de nous avoir mis la puce à l’oreille Alain. On souhaite que ce partenariat avec nos producteurs locaux dure très longtemps. À vos fourchettes tout le monde !