le Jeudi 28 mars 2024
le Mardi 9 février 2016 15:22 Volume 33 Numéro 11 Le 5 février 2016

Une luzerne résistante à la sécheresse

Une luzerne résistante à la sécheresse
00:00 00:00

Journal Agricom

Une récente étude phytogénétique suggère qu’il serait possible d’améliorer la luzerne, une plante fourragère surtout cultivée pour l’alimentation du bétail, pour la rendre plus résistante à la sécheresse, ce qui générerait des économies de coûts pour les producteurs et des bénéfices pour l’environnement.

M. Abdelali Hannoufa, Ph. D. est chercheur à Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et est spécialisé en génomique fonctionnelle et en génie métabolique. Il a découvert un gène dans la luzerne qui régule la capacité de rétention d’eau du plant.

« Le gène réduit les pertes hydriques, de sorte que le plant peut conserver son eau et résister plus longtemps à la sécheresse » dit-il.

Ce gène se nomme microRNA156.

M. Hannoufa étudie la génétique des cultures au Centre de recherche et de développement d’AAC à London (Ontario). En collaboration avec des partenaires de l’industrie, il cherche à améliorer la luzerne par la génomique.

« Le gène (microRNA156) réduit les pertes hydriques, de sorte que le plant conserve son eau et peut résister plus longtemps à la sécheresse. »

– M. Abdelali Hannoufa, chercheur, Centre de recherche et de développement à London, Agriculture et Agroalimentaire Canada

« La génomique est l’étude du génome d’un organisme », dit-il. « Cette science nous permet d’identifier les gènes qui agissent sur d’importants traits des plantes cultivées », dont le temps de floraison, la qualité fourragère et de nombreux autres traits.

Le gène microRNA156 « un régulateur principal de gènes  » indique M. Hannoufa. « Sa fonction est de réguler un réseau d’autres gènes, dits gènes en aval, en agissant sur le rendement, la tolérance aux stress et d’autres facteurs ».

On étudie de près la fonction du gène et on applique les découvertes à des plants qui sont cultivés sous des conditions contrôlées dans les serres à la fine pointe du Centre.

Des partenaires de l’industrie s’emploient aussi à adapter la technologie pour la conduite d’essais au champ.

Les résultats démontrent que le gène peut aussi allonger les racines de luzerne. Avec des racines plus longues, le plant peut puiser l’eau et capter des éléments nutritifs comme l’azote plus profondément dans le sol. Une capacité de fixation de l’azote améliorée se traduit par une réduction des besoins de fertilisation.

La résistance à la sécheresse est un trait important, car elle permet à la culture de survivre lors de conditions climatiques défavorables et améliore sa capacité d’adaptation à divers types de sol. Lorsque combinés, ces bénéfices se traduisent par des économies pour le producteur.

La luzerne est aussi une culture économique, car cette plante vivace n’a pas besoin d’être semée chaque année.

En plus de sa grande utilité fourragère, « la luzerne peut aussi servir à réhabiliter des terrains », dit-il. On peut exploiter la capacité d’adaptation de la luzerne à des conditions de croissance non optimales pour réhabiliter des sols dégradés par des cultures prolongées et des sites d’exploitation pétrolière et gazière.

Semée sur plus de cinq millions d’hectares au Canada, la luzerne est l’une des cultures les plus importantes au pays, mais son plein potentiel n’est pas encore atteint, car « elle pourrait devenir une culture bioénergétique en raison de sa compétitivité et de ses faibles besoins d’intrants ».

On fait actuellement de la recherche sur les fonctions génétiques de la luzerne et d’autres cultures d’importance comme le canola, ce qui pourrait déboucher sur d’autres découvertes qui permettront d’améliorer la qualité des récoltes et le rendement sous des conditions de production non optimales.

Le Centre de recherche et de développement de London fait partie du réseau national de 20 centres de recherche d’AAC. Le Centre effectue de la recherche dans les domaines de la génomique, de la biotechnologie et de la lutte intégrée (insectes et maladies des plantes).

Source : Agriculture et Agroalimentaire Canada