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le Mercredi 5 mars 2003 0:00 Le 5 mars 2003

Ça commence chez nous, et ça s’arrête chez nous!!

Ça commence chez nous, et ça s’arrête chez nous!!
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La coordonnatrice du Réseau de jeunes entrepreneurs en agroalimentaire, Christine Rieux. Photo É.Alary.

L’Union des cultivateurs franco-ontariens est très sensible au développement économique de la campagne. Cette année, elle en a même fait le thème de son symposium économique ?L’Agriculture en tête de la chaîne!?. Nous nous demandons toujours comment nous pouvons contrer l’exode rural et offrir de meilleures chances à nos jeunes de s’établir dans le milieu rural. Suite à ce questionnement, nous vous présentons ici le témoignage de Christine Rieux, coordonnatrice du Réseau de jeunes entrepreneurs en agroalimentaire.

Durant mon adolescence passée dans le milieu rural de l’Est ontarien, j’ai souvent entendu, particulièrement dans les corridors de l’école secondaire, les soupirs de jeunes gens débordant de potentiel mais désintéressés et manquant de motivation. Quand on nous demandait vers quelle carrière nous nous orientions après notre séjour à l’École secondaire de Plantagenet, la plupart d’entre nous répondions que nous avions hâte de quitter la campagne pour s’en aller vers la ville.

Quant à moi, j’adorais les grands espaces, les animaux, la tranquillité, l’environnement et la nature mais, pour une raison ou pour une autre, j’étais sous l’impression qu’il m’était possible de tout sacrifier pour migrer vers un endroit où il y avait plus de ?possibilités’, soit la ville.

Vous comprenez qu’en tant qu’adolescente la définition du mot ?possibilité? m’était un peu vague mais on m’avait appris que celle-ci comportait la clef des portes de l’avenir. Ceci dit, le mot ?possibilité? était synonyme ?d’espoir? dans mon esprit.

Ce n’est que lorsque que ma meilleure amie déménagea à Ottawa que je me rendis compte à quel point ma vision du monde rural et de ma communauté était erronée. Elle, qui venait d’une des plus grandes fermes laitières du nord de l’Ontario, se voyait mal dans un endroit où les passants n’osent s’effleurer du regard.

Je décidai alors d’ouvrir mes yeux aux ?possibilités’ que m’offrait ma petite communauté d’Alfred-Plantagenet. Quelle fut ma surprise quand je me suis aperçue qu’il y avait moyen de marier ma passion pour la terre avec le marché du travail par l’entremise du secteur agricole! Ce secteur comprenait une panoplie d’activités tant économiques que sociales.

Comme plusieurs, je peux témoigner en toute honnêteté, que ça n’a pas toujours été facile de conserver mon statut de ?rurale?. Fautes d’opportunités dans le secteur agricole, j’ai dû me tourner vers le secteur de la construction qui était à l’époque plus payant.

Même avec un diplôme en techniques agricoles en poche, ce fut ardu de dénicher un emploi dans mon comté. À quelques reprises, à mon grand désarroi, j’ai pensé déménager et m’orienter vers la ville et ses fonctions gouvernementales en agriculture. Abhorrée, je me sentais impuissante car je savais que mes expériences pouvaient profiter à ma communauté et que celle-ci avait beaucoup à m’apprendre, non seulement sur le plan agricole mais également sur le plan de l’unité et de la fierté rurale franco-ontariennes.

Ce qui nous inquiète dans l’exode rural n’est pas le fait que les gens quittent la campagne pour s’installer à la ville, c’est le fait qu’ils ne reviendront peut-être jamais. Il ne faut pas se faire d’illusions, l’exode rural ça commence chez nous. Ça implique les jeunes autant que les moins jeunes, les écoles, la famille, les agriculteurs(-trices), les commerçants, le curé; bref toute la communauté.

Devant un phénomène tel que l’exode rural, il ne faut point se sentir impuissant. Contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, ce phénomène se combat avec de simples actions et d’habitudes de vie telles qu’acheter des produits locaux, se réunir ensemble pour éloigner le sentiment d’isolement pour ainsi agir avec plus de poids.

Bref, l’exode rural n’est pas né d’hier. Celui-ci se fait ressentir depuis belle lurette mais avec les outils que nous détenons aujourd’hui et l’expertise de nos prédécesseurs nous pouvons y mettre fin (du moins ralentir le processus…).

Voilà pourquoi l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), très sensible au développement économique local ainsi qu’au phénomène de l’exode rural, a décidé de mettre sur pied un Réseau de jeunes entrepreneurs en agroalimentaire (RJEA) en m’embauchant en tant que coordonnatrice à temps plein pour développer ainsi qu’entretenir ce réseau.

La rampe de lancement du RJEA sera le Symposium économique de l’UCFO qui se tiendra le 26 mars prochain au Collège d’Alfred de l’Université de Guelph. Celui-ci traitera de la commercialisation des produits à la ferme selon les concepts de valeur ajoutée et de chaîne de valeur. Quelle meilleure façon d’inciter les gens à demeurer dans leur ruralité qu’en leur offrant des possibilités d’emploi soit par l’entremise de la création de nouvelles entreprises ou en diversifiant les méthodes de mise en marché des produits offerts dans les entreprises déjà existantes.

La mise sur pied et la réussite d’un tel réseau dépendent non seulement de l’employé y travaillant mais d’abord et avant tout des gens qui s’y impliqueront. N’oubliez pas que le RJEA est un outil que nous mettons à votre disposition; c’est un endroit où vous pourrez avoir accès à de l’expertise agricole, aux diverses subventions offertes dans le secteur, où vous pourrez vous réunir et échanger vos expériences et vos attentes face à l’industrie. Si, ensemble, nous l’entretenons, il continuera à grandir et profitera ainsi à la population agricole franco-ontarienne entière.

Pour ceux qui seraient intimidés par le mot ?jeune? contenu dans le nom du réseau je me permets de vous rassurer en vous disant que la jeunesse ne se mesure pas de façon linéaire mais plutôt de façon extensive…

En guise de conclusion je me permets d’affirmer que l’exode rural ça commence chez nous et ça s’arrête chez nous aussi !!! Ceci dit, au plaisir de vous rencontrer le 26 mars prochain et de vous recevoir au sein de notre réseau.

Vous pouvez me contacter à l’Union des cultivateurs franco-ontariens au (613) 488-2929 ou en m’envoyant un courriel à [email protected] pour vous inscrire dans le réseau ou tout simplement pour de plus amples renseignements.