le Mardi 16 avril 2024
le Lundi 23 Décembre 2013 5:00 Volume 31 Numéro 09 Le 20 décembre 2013

Fermetures d’usines : les dénominateurs communs

Fermetures d’usines : les dénominateurs communs
00:00 00:00

Les fermetures des usines de Heinz et celle de Kellogg ont fait couler beaucoup d’encre dernièrement. On a moins entendu parler de celle de Smucker’s, installée à Dunnville, et celle de la boulangerie Lance Canada, de Cambridge, mais il n’en demeure pas moins que les annonces d’importantes compagnies de transformation agroalimentaire s’accumulent à un rythme effréné. Mais qu’ont-elles en commun ? L’économiste en chef de Financement agricole Canada, Jean-Philippe Gervais, nous a accordé une entrevue pour faire le point.

« Chaque histoire est probablement unique, par contre, il y a des dénominateurs communs », nous a dit d’entrée de jeu M. Gervais. Le premier : la valeur de notre dollar.

« La valeur de la devise canadienne s’apprécie depuis 2005, alors ça a eu un impact sur la compétitivité des entreprises qui sont localisées au Canada. D’ailleurs on peut le voir : notre déficit commercial dans la transformation agroalimentaire est passé d’un milliard il y a dix ans à six milliards $, [ce qui veut dire] qu’on importe plus qu’on exporte », raconte-t-il.

Il tient cependant à apporter une nuance en ce qui a trait à l’économie puisque le PIB dans le secteur de la transformation est demeuré stable au cours des cinq dernières années. « Pendant que d’autres industries sont en décroissance, dont le secteur manufacturier par exemple, on a eu des années stables dans l’agroalimentaire. C’est-à-dire qu’on a quand même été assez performants dans certains secteurs », admet-il.

À son avis, le domaine de la transformation agroalimentaire canadien fait face à un grave problème d’efficience qui le désavantage par rapport à nos voisins du sud. « Règle générale, la productivité dans le secteur de la transformation agroalimentaire n’a pas augmenté aussi vite que celle des États-Unis », explique l’économiste.

« La valeur ajoutée que nous sommes capables de créer par dollar investi en main-d’œuvre et en capital est vraiment importante dans le marché actuel, ajoute-t-il. Les marges sont de plus en plus petites dans le cas de la transformation. »

Un troisième facteur auquel font face nos entreprises est celui du changement des préférences alimentaires des consommateurs. Selon Jean-Philippe Gervais, un adulte américain sur neuf ne consomme pas de repas et se contente de collations durant sa journée. C’est d’ailleurs l’une des raisons qu’a données Kellogg pour la fermeture de son usine de London.

« Ce marché a pris de l’ampleur, ce qui a fait en sorte que le marché des céréales a connu une diminution. Quand une usine est structurée pour répondre à une certaine production, c’est plus difficile de faire des ajustements en usine et c’est ce qui est arrivé pour Kellogg », dit-il.

Il ajoute que l’industrie est toujours appelée à changer et qu’il faut sans cesse s’adapter aux besoins des consommateurs. « Ils ont de plus en plus d’influence sur les marchés agroalimentaires. Les consommateurs dictent et relaient leurs préférences aux détaillants, aux transformateurs, jusqu’aux producteurs. [C’est pourquoi] on est rendu avec un éventail de produits de plus en plus sophistiqués et diversifiés. »

Des actions ?

Lorsque questionné sur les actions qui devraient être prises par le gouvernement provincial pour stimuler le secteur agroalimentaire et conserver une industrie de la transformation forte, M. Gervais s’est contenté de répondre qu’identifier le bon diagnostic est la première étape.

« Si on identifie que la productivité est un enjeu, tout ce qui peut être fait pour favoriser les investissements est une bonne chose », à son avis, puisque « toute l’industrie, du fournisseur d’intrants au producteur agricole, bénéficie d’une industrie de la transformation forte et performante ».

À lire aussi :

Kellogg fermera son usine de céréales de London

Fermeture de Heinz : Un coup dur pour les maraîchers