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le Lundi 22 août 2016 19:55 Volume 34 Numéro 01 le 26 août 2016

Un troisième brasier en moins d’un mois à Saint-Isidore dans l’Est ontarien

Un troisième brasier en moins d’un mois à Saint-Isidore dans l’Est ontarien
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Un incendie s’est déclaré dans un bâtiment de ferme à Saint-Isidore dans la soirée du 21 août. Aucun blessé ni aucune perte animale, ne sont à déplorer mais les pertes sont immenses pour Arnold et Hans Kuratli de même que leur famille.  Le feu aurait pris naissance dans le dôme qui abritait environ 5 000 balles de foin, de la machinerie lourde, des produits chimiques de même que les bureaux administratifs.

La ferme familiale située sur la Concession 20 compte plusieurs divisions dont St-Isidore Storage Ltd, incluant des élévateurs à grain, Sonibrand Farm inc pour la production laitière, une entreprise de grandes cultures et de services à forfait, un service de courtage pour le grain et le service d’exportation pour le foin, entre autres.

Le feu qui a complètement détruit l’abri et les bureaux ne s’est toutefois pas propagé aux autres bâtiments. Les silos et leur contenu ainsi que les élévateurs semblent avoir été sauvés, selon les premières observations du chef des pompiers de la Municipalité de La Nation, Tobias Hovey.

Aussi, dès le lendemain, on planifiait l’installation d’un bureau mobile pour la poursuite des activités.

« On va aménager un bureau temporaire et on va être prêt pour la récolte comme à l’habitude. Pour l’instant on s’installe dans une roulotte et le bureau mobile devrait arriver dans quelques jours. Arnold (co-propriétaire et fondateur) nous a dit : vous avez encore une « job », même un tout petit peu plus », rapporte Marina Zihlmann, responsable de l’administration et de la comptabilité pour l’entreprise.

Bien que cela ne soit pas encore officiel, tout laisse à croire que le feu est l’œuvre du phénomène de combustion spontanée causé par un surchauffement du foin.

Mobilisation

Le chef  Hovey rapporte que l’appel a été logé vers 22 heures et que des membres des cinq casernes de La Nation ont été déployés sur le site. Des collègues de Vankleek Hill, Maxville, Casselman et Embrun qui a aussi fourni un camion citerne sont venus en renfort. Une cinquantaine de sapeurs ont combattu les flammes et plusieurs d’entre eux étaient toujours là le lendemain en milieu de journée.

« On en a encore pour plusieurs heures pour arriver où le feu a commencé. On a juste un tiers de la bâtisse de fait. J’espère qu’on va être assez avancé avant la noirceur », expliquait encore M. Hovey, lundi, vers 14 heures.

Lundi donc, il fallait continuer à éteindre tout ce foin.

« Il y en a tellement qu’on ne peut pas juste arroser. Cela prendrait des mois pour que ça arrête de brûler. Alors on fait un trou dans le sol et on le remplit d’eau. Ensuite, on trempe le foin dedans, on le ressort et on l’empile. »

La tâche était colossale. Quant à la présence de contaminants dans le bâtiment, M. Hovey précise qu’une tranchée a été creusée pour recueillir l’eau et qu’une firme spécialisée a été appelée pour la pomper afin qu’elle ne se retrouve pas dans l’environnement.  Comme toujours, les pompiers étaient munis d’appareils respiratoires autonomes qui leurs permettent de circuler à travers cette fumée même très toxique, comme celle émanant des carcasses de machineries et des pneus, notamment.

Solidarité

Un voisin, Marc Beauchesne, est arrivé rapidement sur les lieux.

« J’y suis allé pour voir comment je pouvais aider. Comme trois quart du bâtiment est ouvert du côté sud, on a pu sortir de la machinerie, une combine pour le soya, une couple d’ordinateurs et quelques papiers pour qu’ils soient  capables de continuer les affaires. Mais comme il y avait des produits chimiques, M. Kuratli nous a dit d’arrêter parce que c’était trop dangereux.»

Selon M. Beauchesne, les pompiers se seraient d’abord concentrés sur les immenses silos à proximité pour éviter que la chaleur ne puisse causer leur effondrement. Le fait a été confirmé par M. Hovey. La manœuvre visait aussi à éviter que le feu ne se propage à un petit hangar lui aussi rempli de foin.

Le vent était aussi source d’inquiétude.

«  Je suis arrivé par en arrière par la cour de la résidence de M. Kuratli et même si la maison est à environ de 3 000 à 4 000 pieds du bâtiment qui était en feu, des tisons tombaient sur le toit. Mme Kuratli arrosait  avec un boyau de jardinage », poursuit M. Beauchesne.

Au moins, le vent souffait-il du bon côté. « Le vent venait du nord-ouest, pour nous c’était du bon bord. Le danger était plutôt pour les silos et pour l’autre hangar à côté », précise M. Hovey.

Pendant que les pompiers travaillaient, la famille, le personnel et les voisins observaient.

« Tout le monde était là,  Nous on est venu aussi vite que l’on a pu mais on ne pouvait pas faire grand-chose. C’est sûr qu’on est en état de choc car c’est comme une deuxième famille », mentionne Mme Zihlmann, dont l’époux travaille aussi pour la famille Kuratli. Néanmoins, à aucun moment, celle-ci n’a douté de la conviction de son patron.

« Arnold est resté calme.  Il semble analyser le tout mais c’est certain que pour lui que les affaires continuent. »

Coup sur coup

Il s’agit du troisième incendie majeur à survenir en moins d’un mois dans la Municipalité de La Nation. Rappelons que l’église centenaire de Saint-Isidore a brûlé le 23 juillet dernier, entraînant  l’évacuation de nombreux résidents de la rue Principale. Quelques heures plus tard, non loin de là dans le village de Riceville,  les pompiers étaient appelés sur les lieux de Ryandale Farm alors que l’étable était rasée par les flammes. L’épreuve est d’autant difficile pour la famille Ryan que le troupeau laitier, 57 vaches, a péri dans la tragédie. Et malheureusement, comme le dit le dicton : Jamais deux sans trois avec ce dernier événement.

« On a jamais vu ça dans Prescott et Russell. Des feux aussi gros dans l’espace d’un mois ça pousse nos gars aux  limites. J’espère qu’on aura quelques mois de répit », conclut M. Hover.