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le Vendredi 2 Décembre 2016 11:51 Volume 34 Numéro 07 Le18 novembre 2016

Ferme Alexandre Chabot, le troupeau est arrivé

Ferme Alexandre Chabot, le troupeau est arrivé
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Ça sent bon le foin frais. Dans l’étable les vaches mangent paisiblement, on n’entend presque rien. Au centre, le sourire épanoui, Alexandre Chabot contemple le spectacle. Il y a moins d’un mois, il était encore fort occupé avec son père (Sylvain Chabot) à finir de rénover ce bâtiment destiné à accueillir son premier troupeau.

Pour le jeune homme de Clarence-Creek, c’est un grand pas qui vient d’être franchi. Ses belles vaches jersey sont arrivées de Stratford, de l’autre côté de Toronto, et le voyage s’est bien déroulé dit-il. Il avait acheté une autre vache dans la région, ce qui porte son troupeau à 37 en plus de deux veaux. Cette vache, d’ailleurs, a apporté sa touche personnelle au grand jour en mettant bas en même temps que ses sœurs prenaient possession de leur nouvel espace. Une journée mémorable à l’issue de laquelle Alexandre possédait une nouvelle génisse.

Ainsi la traite a commencé avec 32 sujets, les cinq autres du troupeau  étant en période de tarissement. « Je suis satisfait de la production de mon troupeau compte tenu de tous les changements auxquels les vaches ont dû s’adapter.  Je suis très légèrement sous mon quota de 32 kg de matière grasse par jour, mais l’écart devrait être comblé prochainement », indique le jeune homme.

 

Alexandre a grandi sur cette terre où il habite encore avec ses parents, Sylvain et Mireille (Glaude) Chabot. Son père s’étant converti exclusivement aux grandes cultures, l’étable était inoccupée depuis huit ans.

Durant cet intervalle, Alexandre a approfondi ses connaissances à l’Université Laval d’où il a obtenu son baccalauréat en agronomie avec spécialisation en productions animales en 2014. Il avait d’abord étudié un an en biologie.

C’est dans sa région natale qu’il a effectué ses stages, à la Ferme Dessaint de Sarsfield puis à la Coop AgriEst au département des services-conseils en ruminants végétal. Son diplôme en poche, il a offert ses services aux producteurs laitiers des environs comme ouvrier agricole.

Au fil du temps, l’idée d’avoir sa propre ferme a fait son chemin, mais comme pour toute production sous gestion de l’offre, l’achat du quota, entre autres, est un défi de taille. Néanmoins, Alexandre a mûri son projet et présenté sa candidature au Dairy Farmers of Ontario (DFO) pour un programme de prêt de quota destiné à la relève (New Entrant Quota Assistance Program).

Grâce à ce programme, le jeune agriculteur a obtenu le double de son quota pour une période de onze ans. Ainsi il en a acheté 16 kg (kg de matière grasse par jour) auxquels s’ajoute un prêt de 16 kg du DFO. Après la onzième année, DFO lui en retirera un kilogramme par année. Dans ses prévisions, Alexandre compte acheter un kilo par année pour poursuivre son rythme de production lorsque le DFO commencera à retirer du quota.

Pour ce projet, le jeune agriculteur a présenté un imposant dossier incluant les projections pour son entreprise, la Ferme Alexandre Chabot, et ce, pour les dix prochaines années.

Ce dossier, il l’a également déposé auprès du Fonds de la relève agricole franco-ontarienne de l’Union des cultivateurs franco-ontarien (UCFO) qui lui a octroyé 6 000 dollars en septembre dernier à titre de récipiendaire de l’un de ses deux prix pour le démarrage d’entreprise.

Entre les factures pour l’achat d’équipements et de matériaux pour rénover l’étable à stabulation entravée, cette somme était la bienvenue.

Alexandre et son père ont complètement rénové le bâtiment qui comporte aujourd’hui 43 logettes, très spacieuses pour ces vaches de petit gabarit. Elles sont petites certes, mais leur rendement en terme de matière grasse, en moyenne 5,5%, leur a valu la faveur d’Alexandre qui compte tirer parti de cette particularité et du potentiel qu’elle offre en terme de valeur ajoutée, s’il se lance un jour dans la transformation.

Cette étable qui fait 41 pieds par 126 pieds et dont le plafond a été élevé de 3 pieds et demi, il la loue de ses parents ainsi que l’étable à taure, la fosse à lisier ainsi qu’un espace d’entreposage pour les besoins d’alimentation du troupeau.

Pragmatique, il a pris bien soin de maximiser son capital en trouvant beaucoup d’équipements de seconde main en excellent état. De la même façon, peu de tâches sont automatisées chez lui pour minimiser les frais d’exploitation. Faire la traite lui-même en transportant les trayeuses, pousser le foin ou distribuer manuellement l’alimentation est un prix peu élevé à ses yeux pour voir son rêve s’accomplir.