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le Mercredi 2 janvier 2019 16:17 Volume 36 Numéro 08- Le 21 décembre 2018

Les répercussions suite aux mesures correctives imposées par le DFO

Les répercussions suite aux mesures correctives imposées par le DFO
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Édition du 21 décembre 2018

Le 22 juin dernier, le DFO (Dairy Farmers of Ontario) ainsi que les autres provinces du P5 ont annoncé une réduction de quota de 1.5% et l’élimination des jours de production additionnels prévus pour les mois d’automne. De plus, chaque province a dû choisir entre une réduction additionnelle du quota de 2% ou de limiter le rattrapage des crédits de production à une journée par mois. Selon le comité des quotas du P5, ces deux mesures sont approximativement équivalentes pour la réduction du volume de lait produit. De son côté, le DFO a choisi la limitation du crédit de production tandis que les quatre autres provinces ont opté pour la diminution du quota supplémentaire. En Ontario, un producteur qui excède son droit de production reçoit une amende de 20$ par hectolitre de surplus. Les nouvelles mesures sont entrées en vigueur le 1er juillet 2018 soit, un peu plus d’une semaine après leur annonce.

Au cours de l’année 2017, l’ensemble des producteurs laitiers du P5 a obtenu une augmentation totale de 6% de quota vendable en plus des crédits d’automne afin d’adresser le marché en croissance et la diminution constante des stocks de beurre. «À l’assemblée annuelle du DFO en janvier 2018, le président avait annoncé une hausse probable de quota de 6% pour l’année à venir en plus d’une hausse totale de 13% dans les 2 ou 3 années suivantes», cite Marc Raynaud, producteur laitier de la région de Vankleek Hill, qui était présent à l’assemblée. «On est revenu de la rencontre encouragé avec des idées de possibilités d’agrandissement sur la ferme pour pouvoir répondre à la demande», ajoute-t-il aussi. Mais en mars 2018, le P5 prédisait déjà que les stocks de beurre allaient dépasser le niveau cible de 35 000 tonnes avant le 1er août 2018 puisque la production augmentait plus vite que la demande. Bien que le déséquilibre au sein du marché soit connu, ce n’est qu’en mai 2018 que le comité des quotas du P5 a effectué une première réduction de quota de 1.5% et de quelques jours de crédit d’automne pour suivre aux coupures du 1er juillet. À ce moment, les stocks de beurre étaient estimés à 43 000 tonnes.

«La nouvelle a été très décevante. On était prêt à faire du lait, à remplir les incitatifs d’automne», exprime M. Raynaud. En vue de répondre à une hausse de la demande du lait, les producteurs doivent s’organiser des mois à l’avance pour tenter d’agencer les vêlages aux mois correspondant à la période de la hausse. Généralement, les producteurs qui ont de la place gardent aussi des vaches de surplus dans l’étable afin de maximiser leur droit de production. «Après l’annonce de juillet, tout le monde était dans le même bateau pour les surplus de lait. La première chose à faire était de vendre des vaches. Mais puisque tout le monde devait faire la même chose en même temps, le prix des vaches a baissé», explique M. Raynaud.

À l’opposé, le surplus de vêlages planifié pour plusieurs entreprises pour l’automne n’est pas un facteur si facilement modifiable. En conséquence, beaucoup de producteurs se retrouvent présentement avec un surplus de lait, beaucoup de veaux qui ne valent pas cher et une mince marge de manœuvre en fait de surproduction. «Ces deux derniers mois, on a dû jeter du lait pour éviter de payer une amende de surproduction. C’était la première fois depuis notre arrivée au Canada, il y a 25 ans, qu’on a dû faire une telle chose», confie Marc Raynaud.    

 «On a déstabilisé l’industrie avec les grosses hausses de quotas l’année dernière et maintenant les coupures que nous vivons en ce moment. Notre système doit être en mesure de répondre à la variation de la demande des consommateurs qui comprend l’augmentation et la diminution des quotas. C’est la nature même du système de la gestion de l’offre. Par contre, il faudrait s’assurer d’avoir de meilleures prédictions pour que les producteurs puissent avoir le temps d’adapter leur niveau de production adéquatement», justifie Raynaud. Pour le moment, aucun changement n’a été suggéré par le comité sur les quotas du P5 après leur réunion du 26 novembre dernier, malgré le niveau des stocks de beurre encore au-dessus de la normale pour ce temps-ci de l’année. La situation sera réévaluée lors de la prochaine rencontre du comité le 21 janvier 2019.