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le Jeudi 24 Décembre 2020 12:00 Volume 38 Numéro 5 - Le 18 décembre 2020

La ruée vers les sapins

La ruée vers les sapins
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Par Julyen Renaud

L’année 2020 n’aura épargné personne et la maussaderie règne dans bien des foyers. En ces temps particuliers et avec le temps des fêtes qui approche, plusieurs se tournent vers les sapins de Noël naturels pour égayer leur maison et leur cœur. Pour celles et ceux qui souhaitent suivre cette tendance, dépêchez-vous, puisque les producteurs s’entendent tous pour dire que c’est une grosse année au niveau des ventes d’arbres. Les quantités sont de plus en plus limitées !

Mme Shirley Brennan, directrice de l’organisme Christmas Tree Growers of Ontario confirme le phénomène : « Nous nous attendions à une augmentation de 15 % [de la demande de sapins] cette année. » Les prévisions ont toutefois été revues à la hausse à 25 %, car la demande était très élevée dès le début de la saison qui commence généralement après la mi-novembre. « Ce 10 % supplémentaire, nous l’attribuons aux gens qui sont venus tôt en saison ».

Ainsi, selon Mme Brennan, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour expliquer cette ruée hâtive vers les fermes d’arbres de Noël. Tout d’abord, « les gens en ont assez d’être à l’intérieur », dit-elle. Elle ajoute que plusieurs ont eu peur que le gouvernement annonce un autre confinement et se sont dépêchés d’aller acheter leur arbre de Noël. « Je crois que les gens voulaient de l’espoir et c’est ce qu’on leur donne. »

« L’arbre de Noël, nous dit Shirley Brennan, procure aux gens un sentiment de paix. Si vous visitez une ferme de sapins de Noël, que vous restez là à simplement respirer, vous pouvez sentir cet effet calmant. Avoir un arbre de Noël à la maison procure un sentiment de paix et de tranquillité. Je crois que c’est ce que les gens veulent cette année, plus que toute autre chose. »

Répondre à la demande

Avec les recommandations de la santé publique, la majorité des gens célébreront les fêtes à la maison. Qui plus est, les snowbirds passeront, pour la plupart, l’hiver au Canada plutôt qu’aux États-Unis. Celles et ceux qui fêtent normalement Noël dans le Sud auront besoin d’un sapin pour célébrer s’ils restent à la maison cette année. « Même si on enlève la pandémie, on n’aurait pas été capable de fournir la demande » explique Larry Downey, président de l’Association canadienne des producteurs d’arbres de Noël. De surcroît, M. Downey ajoute avec raison que « l’âge moyen des producteurs agricoles en Amérique du Nord est à la hausse. Il n’y a pas assez de relève. »

Pour répondre à la demande des consommateurs, les producteurs d’arbres de Noël doivent penser à long terme. En effet, les arbres que l’on plante au printemps prennent la place des arbres qui ont été coupés à l’automne sans oublier qu’il faut une dizaine d’années pour qu’un arbre arrive à maturité. Également, comme l’expose Larry Downey, la crise financière de 2008 affecte encore les producteurs d’arbres de Noël aujourd’hui : « Les États-Unis achetaient beaucoup d’arbres ici au Canada. […] Pendant trois à cinq ans, c’était plus difficile de vendre tous nos arbres qui étaient prêts. […] On avait moins d’espace pour planter. »

Au moment d’écrire ces lignes, plusieurs fermes, boisés et marchands qui vendent des sapins et des épinettes pour le temps des fêtes ont fermé leurs portes au public. Chez M. Yvon Brabant, propriétaire du Boisé Brabant à Casselman, il ne reste plus de sapins Fraser ni de sapins baumiers. Vous pouvez toujours vous procurer une épinette bleue ou blanche, mais les stocks baissent à une vitesse fulgurante ! « Étant donné que moi je suis encore ouvert et que tous les autres sont fermés, tout le monde est rendu chez nous », exprime M. Brabant. Il avait de la difficulté à vendre ses épinettes en début de saison, « mais là elles sont en train de toutes partir ! »