le Vendredi 29 mars 2024
le Mercredi 22 février 2023 9:32 Chronique

L’hiver, on se tourne les pouces?

Se détendre sur le bord des pistes de ski, ça fait du bien! — photo : Sandra Clément
Se détendre sur le bord des pistes de ski, ça fait du bien!
photo : Sandra Clément
Que font les agriculteurs une fois la récolte engrangée et l’hiver bien installé? Ils hivernent, comme les ours? Ce n’est pas exactement ça, non…
L’hiver, on se tourne les pouces?
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Quand on est producteur de grandes cultures et qu’on n’a pas d’animaux, comme nous, oui, l’hiver est tranquille. Mais ce n’est pas parce qu’on ne voit plus de machinerie dans la cour de la ferme ou que la vapeur ne sort plus du séchoir à grains qu’on passe le temps à se tourner les pouces. Ou à boire des margaritas sur une plage dans le Sud!

L’hiver, c’est le gros luxe, je ne m’en cache pas. J’ai le luxe de faire de la comptabilité pendant le jour, plutôt que le soir comme c’est le cas à plusieurs autres moments de l’année.

L’hiver, je fais du lavage avant qu’une immense montagne de linge sale ne s’accumule. Je nettoie la cuisine avant que le désordre total s’impose. La belle vie, quoi!

Une sieste au bureau, quel bon moyen de recharger ses batteries!

L’hiver, je recharge mes batteries.

Dans la période qui suit les récoltes et les Fêtes, nous avons tous besoin d’un peu de repos, mentalement, physiquement et émotionnellement.

Je suis un peu comme un champ, qui a besoin d’une période sans être cultivé, pour lui permettre de reconstituer ses réserves en eau et sa capacité à être productif.

La pause de l’hiver me permet de ploguer la batterie pour qu’elle se recharge à fond. Je m’en trouve ravivée et rafraichie. Comme le sol, mon esprit devient fertile pendant cette saison plus calme. Mais calme jusqu’à quel point?

Planification et entretien

Dès la mi-décembre, on rentre au bureau pour faire un bilan de la saison. Après les Fêtes, on rencontre nos spécialistes agronomes avec qui on révise l’année qui vient de se terminer et on planifie celle qui débutera bientôt.

Pouvoir faire de l’administration le jour plutôt que le soir, c’est un vrai luxe!

Planifier les semis, calculer les intrants et les commander, imaginer des projets, les monter et les financer… Il faut s’y prendre d’avance, surtout en cette époque de forte inflation!

L’hiver, on a le loisir de faire des semaines de moins de 60 heures. Le transport du grain se poursuit beau temps mauvais temps, jusqu’à ce que les restrictions de chargement (half load) entrent en vigueur en mars. C’est là qu’on rentre le camion et les remorques dans la shop pour l’entretien annuel.

Nous profitons de la période hivernale pour faire l’entretien de toute notre machinerie agricole, afin d’assurer sa longévité et d’éviter les pannes en pleine période d’activité.

Bien entretenue, la machinerie est plus performante. Cet entretien réduit les risques d’accidents et de bris mécaniques. Nettoyer, graisser, vérifier les pièces à être changées, vérifier les équipements de sécurité.

En plus de tout ça, on ajoute à l’agenda des formations et conférences, qu’on suit en virtuel ou en personne, parfois même à l’extérieur du pays.

Certains agriculteurs utilisent leurs tracteurs pour faire du déneigement pour une municipalité ou pour des voisins. D’autres ont des poules ou des vaches, alors l’hiver pour eux ne marque pas vraiment une pause.

S’amuser

L’hiver, on se permet aussi un peu de plaisir. On saute sur nos motoneiges et on part faire de grandes randonnées. On saute dans l’avion et on part une semaine dans le Sud pour déconnecter complètement de la vie agricole.

Le reste de l’hiver, je prends le temps de réfléchir, de grandir (oui, on grandit encore à mon âge) et de me préparer mentalement à la saison des semis. Le printemps venu, je veux être prête à m’élancer vers le soleil, comme les tournesols, mes fleurs préférées.

Quand les jours d’hiver commencent à s’allonger, je n’ai qu’une idée en tête : prendre le chemin de la cabane à sucre. Ça, je vous en reparle dans un prochain blogue, car je manque de temps. Oui, oui! Je manque de temps, même en hiver!

Sandra Clément est productrice de grandes cultures à Embrun, dans l’Est ontarien. Elle est aussi mère de trois filles très intéressées à prendre la relève.