le Lundi 18 mars 2024
le Mercredi 22 mars 2023 14:28 Agrotourisme

L’érable, une ressource sous-développée en Ontario

La production de sirop d'érable de l'Ontario correspond à moins de 5 % de celle du Québec. — photo : André Dumont
La production de sirop d'érable de l'Ontario correspond à moins de 5 % de celle du Québec.
photo : André Dumont
La production de sirop d’érable de l’Ontario est minuscule comparée à celle du Québec. Pourtant, ce ne sont pas les érables qui manquent. Les acériculteurs plaident pour un meilleur accès aux forêts publiques.
L’érable, une ressource sous-développée en Ontario
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«Nous avons plus d’érables en Ontario qu’il n’y en a au Québec. C’est un fait», jure Frank Heerkens.

En entrevue avec Agricom, le bouillant président de l’Association des producteurs de sirop d’érable de l’Ontario (OMSPA) n’en démord pas : notre province a un énorme potentiel de production de sirop d’érable et il est grand temps que l’industrie se mobilise et que le gouvernement offre tout l’appui nécessaire.

Frank Heerkens, acériculteur à Chesterville et président de l’Association des producteurs de sirop d’érable de l’Ontario.

photo : SavourezEstON

Comme la plupart des acériculteurs ontariens, Frank Heerkens produit son sirop et le vend lui-même à une clientèle locale. Il exploite quatre érablières dans l’Est ontarien, dont On The Bend Sugar Shack, à Chesterville.

Cette production en circuit court ne suffit pas à la demande. Selon l’OMSPA, l’Ontario ne produirait que 40 % de sa propre consommation de sirop d’érable.

En plus d’importer du sirop du Québec, l’Ontario y expédie une importante partie de sa production en vrac, qui revient chez nous une fois embouteillée.

Viser dix fois plus

Les producteurs québécois ont su s’organiser et obtenir l’appui de leur gouvernement provincial, observe Frank Heerkens. En 2024, il y aura 57 millions d’entailles au Québec. En Ontario, il y en aurait un peu plus de 2 millions. C’est presque 30 fois moins!

Selon les statistiques gouvernementales, le Québec aurait produit 72 millions de kg de sirop en 2019. La même année, l’Ontario en a produit trois millions.

En 2022, l’OMSPA s’est dotée d’un plan stratégique de développement. L’association souhaite mettre la production ontarienne de sirop d’érable sur une pente ascendante. «On pourrait produire dix fois plus et atteindre 20 millions d’entailles», croit Frank Heerkens.

Pour y arriver, l’OMSPA veut que la formation collégiale disponible soit améliorée, notamment pour inclure les aspects financiers de la production et de la mise en marché. Elle souhaite ainsi intéresser les jeunes à prendre la relève, dans une industrie où nombreux sont les producteurs qui ont atteint l’âge de la retraite.

Les producteurs actuels doivent avoir accès plus facilement à du financement et à des aides gouvernementales, plaide l’OMSPA. Et pour croître, ils doivent avoir accès aux forêts publiques, comme cela se fait à grande échelle au Québec.

«La plupart des érables de la province se trouvent sur des terres de la couronne. Il pourrait y avoir des baux de 20 ans signés avec des producteurs», propose le président de l’OMSPA.

Ces acériculteurs locataires pourraient se lancer sans avoir à acheter des forêts privées, qui se vendent à des prix qui ne permettent pas d’y rentabiliser une production de sirop d’érable.

«Les Ontariens veulent acheter du sirop d’érable local», affirme Frank Heerken. À preuve, il dit en avoir vendu pour 100 000 $ en 2022, sans grand effort. «I don’t even try that hard.» Sa fameuse barbe à papa à l’érable y est sans doute pour quelque chose…