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le Mardi 2 mai 2023 10:00 Nos racines

Ferdinand Larose : le premier agronome franco-ontarien (Première partie)

Ferdinand Larose, le premier agronome franco-ontarien. — PHOTO : Archives de la Forêt Larose. Comtés unis de Prescott et Russell.
Ferdinand Larose, le premier agronome franco-ontarien.
PHOTO : Archives de la Forêt Larose. Comtés unis de Prescott et Russell.
En 1919, Ferdinand Larose devient le premier agronome franco-ontarien au Département d’agriculture de l’Ontario pour conseiller les agriculteurs des Comtés unis de Prescott et Russell.
Ferdinand Larose : le premier agronome franco-ontarien (Première partie)
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La cueillette du houblon à Fournier, dans l’Est ontarien, vers 1930.

PHOTO : Université d'Ottawa, CRCCF, Collection Centre culturel « La Ste-Famille » (C80), Ph83-R98F5

Cet agronome visionnaire est surtout connu comme le père de la Forêt Larose, la plus grande forêt plantée à main d’hommes au Canada. Nous y reviendrons. Cependant, on connaît moins sa contribution remarquable à la formation, au développement et à la valorisation de l’agriculture en Ontario français, particulièrement dans l’Est ontarien.

Ferdinand Larose est né à Sarsfield, le 1er avril 1888. Il étudie en arts et en philosophie à l’Université d’Ottawa, puis il obtient, en 1918, un baccalauréat de l’Institut agricole d’Oka, au Québec. 

Le ministère de l’Agriculture de l’Ontario embauche tout de suite le jeune diplômé comme conseiller agricole pour les Comtés unis de Prescott et Russell. Le ministère ouvre un bureau à Plantagenet, où l’agronome offre aux cultivateurs franco-ontariens une assistance technique en agronomie. 

Un agronome engagé 

Ferdinand Larose conseille les fermiers afin d’améliorer leurs productions laitières et agricoles, en plus d’être sur tous les fronts pour la communauté agricole franco-ontarienne. Pendant les années 1920 et 1930, il fonde des clubs agricoles destinés aux garçons et aux filles intéressés à l’agriculture. Il les sensibilise aux nouvelles semences, à la qualité des produits et à l’amélioration des rendements. Pour Larose, il s’avère essentiel de transmettre de bonnes connaissances aux agriculteurs et agricultrices de demain.

Pour ce faire, Larose appuie la préparation du premier congrès des cultivateurs franco-ontariens organisé par l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (ACFÉO). Par exemple, il effectue une tournée de conférences dans le sud-ouest et le nord de l’Ontario « où il constatait que le malaise agricole était général. » 

De plus, l’agronome envoie des lettres invitant les fermiers à participer à cette rencontre à Ottawa, en avril 1929. Ce congrès connaît un vif succès avec ses 400 participants et donne naissance à l’Union catholique des cultivateurs franco-ontariens, qui devient l’Union des cultivateurs franco-ontariens en 1945.   

Un homme avant-gardiste  

Le monde agricole est durement frappé par la Grande Dépression des années trente. Afin d’aider les agriculteurs, Larose encourage de nouvelles cultures dans les Comtés unis, dont le houblon, le lin et le trèfle rouge. Il œuvre aussi à développer une industrie laitière plus productive avec des vaches pur-sang de races Holstein, Ayrshire et Jersey. Pour lui, l’agriculture doit être plus rentable et plus attrayante. 

À la même période, l’agronome fonde l’Association des producteurs de semences de la Vallée de l’Outaouais, l’Association des producteurs de semences des Comtés unis de Prescott et Russell et l’Association des laboureurs de l’est de l’Ontario.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les fermiers se tournent vers Larose pour que leurs fils soient reconnus comme main-d’œuvre agricole indispensable sur les fermes familiales. Grâce à ses interventions, des jeunes sont exemptés du service militaire et continuent à travailler dans leur domaine.

En 1941, près de 80% des 290 000 Franco-Ontariens vivent à la campagne dans l’est et nord-est de la province. De plus, dans les comtés de Kent et d’Essex, qui compte 10 % de francophones, une partie importante habite en milieu rural. L’urbanisation sera toutefois rapide après 1945.   

Michel Prévost s’intéresse au patrimoine franco-ontarien et de l’Outaouais depuis 45 ans. Il a été l’archiviste en chef de l’Université d’Ottawa de 1990 à 2017. Il est le président de la Société d’histoire de l’Outaouais depuis 1997. Il détient une maîtrise en histoire de l’Université d’Ottawa et un doctorat honorifique de l’Université Saint-Paul.