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le Mercredi 31 mai 2023 7:37 Agriculture

Des résidus de bières pour les cochons

Le propriétaire assis avec son épouse devant l'entrée de la ferme Albert Forgues. — Danick Forgues avec son épouse, April Faucher.
Le propriétaire assis avec son épouse devant l'entrée de la ferme Albert Forgues.
Danick Forgues avec son épouse, April Faucher.
Des porcs de l’Est ontarien se lèchent les babines alors que des agriculteurs ont choisi de leur servir de la drêche de brasserie en complément alimentaire. Plutôt qu'être destiné aux ordures, ce produit issu de la production brassicole prend plutôt la route de fermes locales afin de bien rassasier des bêtes qui se délectent.
Des résidus de bières pour les cochons
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Danick nourrit ses boivins. 

Danick Forgues, de la Ferme Albert Forgues

Saviez-vous que la drêche est protéinée, riche en fibres et en minéraux? La bière compte quatre ingrédients: le malt, l’eau, le houblon et les levures. La drêche est le résidu céréalier qui découle de la  production brassicole.  Elle représente environ 80 % des déchets de brassage. En destinant la drêche de brasserie aux fermes, on donne en quelque sorte une deuxième vie aux grains.

Nicolas Malboeuf, propriétaire-brasseur de la Brasserie Tuque de Broue, à Embrun, a choisi de ne pas disposer de sa drêche de brasserie comme d’un résidu. Il la donne à deux fermes de la région. « Notre gros volume va depuis quatre ans à Yvonne Seeley de Sleepy Shepherd Farm, à Lunenburg. Elle fait partie des sept éleveurs au Canada d’une race de cochons qui coûte très cher à préparer, les Tamworths. » 

À Saint-Albert, Danick Forgues, de la Ferme Albert Forgues, reçoit également de la drêche pour ses bovins l’hiver et ses porcs l’été. Comme la céréale est haute en sucre et qu’elle fermente vite, les cochons en salivent et les barils ne sont pas obligés d’être vidés rapidement.  « Les animaux se régalent, c’est économique, on diminue le gaspillage alimentaire et on augmente le rendement de la ferme », explique l’agriculteur.

C’est gagnant pour la Brasserie Tuque de broue aussi! Après une brassée, Nicolas et son équipe récupèrent quatre barils de 60 litres de drêche. « Apporter cela à la poubelle coûterait une fortune. Yvonne vient gratuitement et en moins de 24 heures récupérer ces céréales qui regorgent d’enzymes et de sucres. Non seulement cela évite le gaspillage, mais elle épargne des milliers de dollars en nourriture pour ses cochons. En retour, j’ai droit à de délicieux gros morceaux de cochons! », se réjouit le brasseur.

Les fermes sont de plus en plus nombreuses à opter pour la drêche de micro-brasserie. La Distillerie Artist in Residence, à Ottawa,  et la Brasserie du Bas-Canada, à Gatineau, réussissent à détourner de l’enfouissement plusieurs tonnes par année de déchets de brassage à des fins de nourriture animale. M.  Malboeuf espère que le marché de la drêche prendra de l’ampleur dans l’Est ontarien, comme c’est le cas dans plusieurs régions au pays.

IJL – Réseau.Presse – Agricom