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le Mercredi 9 novembre 2016 14:40 Volume 34 Numéro 06 Le 4 novembre 2016

Robert Laplante reçoit une subvention pour son abattoir de poulets

Robert Laplante reçoit une subvention pour son abattoir de poulets
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L’abattoir Ferme avicole Laplante Ltée à Monkland reçoit 70 000 $ de la Société d’aide au développement des collectivités de Cornwall et les Comtés. Un bon coup de pouce, souligne le propriétaire, Robert Laplante qui vient de procéder à des investissements qui totalisent plus d’un demi-million de dollars.

Cette aide financière en provenance du programme fédéral de Développement de l’Est ontarien a été annoncée le 21 octobre lors d’une remise de chèque symbolique tenue dans les locaux de l’entreprise en présence du député fédéral de Stormont—Dundas—Glengarry Sud, Guy Lauzon.

M. Lauzon a chaudement félicité l’entrepreneur puisque cette initiative qui représente un gain important au niveau de la main d’œuvre : 15 emplois à temps partiel ont été bonifiés pour du temps complet et 15 nouveaux emplois à temps complet ont été créés.

L’abattoir étant de plus le seul à l’est de Toronto, l’augmentation de sa capacité d’abattage participe à l’essor de l’industrie locale, a-t-il souligné, précisant qu’il y a de 40 à 45 producteurs de poulets dans cette région.

« Il a bien travaillé et très fort. Je le félicite pour sa persévérance. »

Lors d’une visite des lieux où il a n’a pu être possible de prendre de photos en raison des règles d’inspections gouvernementales, Agricom a tout de même eu l’occasion de voir de l’équipement de pointe nouvellement acquis pour la chaîne d’inspection et la salle de refroidissement, du matériel très sophistiqué. La salle d’abattage a aussi été équipée à neuf et à l’extérieur, une génératrice, des appareils pour assurer le refroidissement de l’eau et un hachoir format géant prennent place.

Grâce à ce hachoir, l’entreprise a pu établir un partenariat avec deux commerces locaux qui collectent les matériaux non comestibles,  pour les utiliser dans leur biodigesteur.  Ceux-ci doivent avoir été broyés au préalable.

« Avant on avait recours aux services d’un équarrisseur parce qu’on n’avait pas de hachoir. Avec le volume qu’on a, cette nouvelle méthode est très pratique en plus d’être écologique », mentionne M. Laplante.

De fait, les bio-digesteurs produisent de l’électricité de façon propre. Pour Ferme avicole Laplante, c’est aussi une façon d’économiser sur le coût de gestion des déchets qu’elle génère, soit environ quatre tonnes par jour.

Déterminé

Ce projet d’agrandissement et de modernisation,  Robert Laplante le caressait depuis quelques années. L’abattoir avait été acheté en 2009 et ne comptait qu’un employé à l’époque.  Il  lui a toutefois fallu attendre en 2016 pour le voir se concrétiser.

Résultat : sa production a quadruplé passant de 150 000 kg de poulet abattu par période contingentaire, soit huit semaines, à 600 000 kg pour la même période. Ce qui se traduit par environ 4 000 poulets par jour.

Certains poulets proviennent des élevages de M. Laplante qui est aussi producteur à Sarsfield avec un volume d’environ 80 000 poulets par neuf  semaines,  en plus de cultiver 1 400 acres de terre et de posséder sa meunerie pour ses propres besoins.

L’abattoir s’approvisionne aussi chez d’autres producteurs de l’Est ontarien et de l’ouest du Québec. Le grand avantage avec toutes ces améliorations, c’est que l’abattoir peut fonctionner cinq jours par semaine comparativement à une à deux fois par semaine, autrefois. Pour fidéliser la main-d’œuvre, notamment, il s’agit d’un grand pas en avant.

« J’apprécie beaucoup ce que j’ai eu et les gens qui ont travaillé avec moi pour ça. Pour l’instant, je vais me concentrer à perfectionner ce qui est en marche », souligne M. Laplante.

Certifié halal

Depuis quatre mois, l’abattoir Ferme avicole Laplante a reçu la certification halal, ce qui lui permet d’avoir un bon succès dans la région d’Ottawa et de Toronto, où les consommateurs qui se conforment à la loi islamique sont nombreux. Pour l’abattoir, il s’agit d’un marché de niche.

La personne qui se charge de saigner les poulets, soit la seule méthode reconnue par cette pratique, est certifiée également par les autorités en ce domaine et doit effectuer certains rituels avant de procéder.  Le site doit aussi respecter certaines conditions.

Cet abattage traditionnel contrairement à l’abattage mécanique ralentit le processus, mais demeure possible à l’échelle de cette entreprise.

« On peut se le permettre parce qu’on est petit. Un gros abattoir ne le pourrait pas. »

Seuls les poulets destinés à ce marché portent l’étiquette halal.

David contre Goliath

S’il a pu mener son projet à bon port, Robert Laplante n’a toutefois pas eu la partie facile.

« Ce n’est pas dur de construire un abattoir ou d’agrandir. Mais avoir le permis c’est une autre chose. »

On se souviendra que de 2012 à 2015, Robert Laplante a fait la manchette à plus d’une reprise en tentant d’obtenir du quota d’approvisionnement.

Il lui aura fallu pour ce faire, interjeter appel auprès du tribunal de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario de la décision du conseil d’administration de Chicken Farmers of Ontario (CFO).

Initialement, la demande d’augmentation de quota déposée auprès du CFO s’élevait à environ un million de kilogrammes.

M. Laplante avait fait valoir, entre autres, que les producteurs de l’Est de l’Ontario devaient faire voyager leurs volailles près de cinq heures pour obtenir les services d’un établissement ontarien ou deux heures et demie pour le Québec, lui-même ne disposant pas des quotas nécessaires pour répondre à cette demande.

Malgré un refus, l’homme d’affaires et producteur n’avait pas dit son dernier mot et se lançait dans le processus d’appel. La cause a été réglée hors cours et la décision annoncée en septembre 2015, prenant effet le 1er janvier 2016. L’entente conclue entre M. Laplante et les Chicken Farmers of Ontario (CFO) en collaboration avec l’Association des transformateurs de poulet de l’Ontario étant sous le sceau de la confidentialité, il n’a pu en dévoiler les détails sinon dire qu’il s’estimait satisfait.

Ainsi, le projet d’expansion pouvait commencer.

« C’est une bonne chose pour l’entreprise, pour les employés et pour la région, car ça crée de l’activité économique et en plus, ça donne une option bilingue. »