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le Vendredi 10 octobre 2014 14:12 Volume 32 Numéro 04 Le 10 octobre 2014

À la rescousse des fruits et des noix oubliés

À la rescousse des fruits et des noix oubliés
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Dans les cours, les jardins et les parcs publics de toutes les villes se trouvent des trésors cachés. Sous des pergolas, derrière les clôtures et les haies se dissimulent des arbres et des vignes dont les délicieux fruits ne sont pourtant pas appréciés à leur juste valeur. Il s’agit d’une vraie mine d’or pour l’organisme Hidden Harvest Ottawa qui butine d’une propriété à l’autre pour que rien ne se perde.

En plein centre-ville d’Ottawa, un dimanche matin de septembre, une petite équipe de bénévoles bourdonne autour d’une arrière-cour du secteur Vanier, comme des abeilles qui ont détecté un fruit sucré. La reine de la ruche, Monique Léger, en est à sa troisième visite de cet endroit merveilleux, pourtant laissé quelque peu à l’abandon par ses propriétaires qui ont mis en vente l’immeuble à logement.

Sous une pergola adjacente à la maison se trouve un butin qui ferait saliver n’importe quel épicurien. Derrières les feuilles de ces vignes poussent des centaines de livres de raisins de table que personne ne s’apprêtait à récoler… Sauf un passant qui nous a confié ne pas se gêner pour se servir lors de ses marches quotidiennes.

On peut dire en quelque sorte que Hidden Harvest a horreur du gaspillage. L’organisme a pour mission de récolter tous les fruits et les noix qu’il lui est possible afin d’en redonner aux banques alimentaires et aux cuisines qui viennent en aide aux gens dans le besoin.

Mme Léger, qui est aussi fonctionnaire au gouvernement fédéral, est l’une des 600 bénévoles qui s’emploient à cueillir des noix et des fruits de son quartier lors de ses temps libres. À partir du mois de juin, ces gens parcourent les villes d’Ottawa et de Gatineau pour récolter les fruits d’amélanchier, les poires, les pommes, les raisins, les noix, les prunes et les cerises. Un quart du butin de la journée est partagé entre les cueilleurs en guise de récompense pour leur travail, un autre quart est retourné au propriétaire et la moitié est distribuée à des organismes du quartier choisis par les chefs glaneurs.

Ce n’est pas un mouvement unique puisque plusieurs autres villes canadiennes bénéficient des services d’un organisme semblable. Ottawa est cependant la seule ville au pays qui a réussi à obtenir l’accord de l’administration municipale de cueillir sur les terrains publics, grâce au travail acharné de Katrina Siks et Jason Garlough, les instigateurs du mouvement ottavien.

« Il y a dans la ville d’Ottawa 17 432 arbres fruitiers et noisetiers qui sont sur des propriétés publiques de la ville et auxquels nous avons accès. Si on ne les récoltait pas, les fruits et les noix tomberaient et seraient perdus », confie Monique Léger.

« Une fois qu’on commence à cueillir, c’est surprenant la quantité de fruits qu’il y a », s’exclame Richard Davis, un bénévole venu prêté main-forte lors du passage de notre journaliste.

C’est Monique qui avait identifié cette propriété en se rendant à l’épicerie, en 2013. Elle s’était promis de revenir voir les propriétaires pour leur demander la permission de cueillir les raisins qui poussent en abondance derrière le bâtiment. Ils y ont consenti.

« La plupart du temps, les gens disent oui », dit-elle.

Hidden Harvest a une liste de 140 arbres desquels les propriétaires ont donné leur autorisation pour effectuer une cueillette. Sur la rue Barrette, à Vanier, quatre vignes seulement ont permis à l’organisme de récolter plus de 250 lb de raisins jusqu’à présent et au départ des bénévoles, il en restait autant à cueillir.

« Deux pommiers c’est trop pour une personne, affirme Monique. Tu peux prendre ce que tu veux, mais partager le reste avec des gens dans le besoin. » Elle a offert à elle seule plus de 80 lb de fruits aux Bergers de l’espoir cette année, un organisme offre quotidiennement des repas à plus de 1 600 personnes, sans compter les autres équipes de Hidden Harvest.