le Lundi 29 mai 2023

Le mois de mai à la ferme, c’est le mois des semis. Quand le soleil est au rendez-vous et que les champs sont suffisamment asséchés, on sème. Que ce soit le dimanche ou même la fête des Mères, c’est la météo qui dicte notre horaire.

Je serai moi-même très occupée ce dimanche, en train de m’assurer que mon équipe ne manque de rien. Je préférerais passer du bon temps avec ma mère, mais elle comprend. Elle a été élevée à la ferme et elle sait tout ce que cela implique.

Les mères jouent un rôle essentiel dans l’exploitation agricole. Certaines mères conduisent des tracteurs, d’autres font tout le travail administratif. D’autres traient les vaches et nourrissent le bétail.

Sandra Clément est productrice de grandes cultures et mère de famille à Embrun, dans l’Est ontarien.

La mère agricultrice s’assure que tout le monde a le ventre plein. En période de travaux aux champs, elle court de champ en champ pour apporter à chacun un bon déjeuner ou un dîner chaud.

Les journées sont longues quand on est mère agricultrice. Il n’y a pas de repos tant que toutes les machines ne soient rentrées à la ferme et que tous ne soient rentrés à la maison en sécurité.

Travailler à l’extérieur

D’autres femmes ont une carrière à l’extérieur de la ferme, ce qui apporte tout un lot de défis. Leurs journées ne se terminent pas à 16 h. Un autre shift débute à la ferme à la suite de leur journée à l’extérieur.

Les mères sont souvent dans l’ombre. Elles jouent le rôle de «chef des ressources humaines» pour s’assurer que tout le monde est sur la même longueur d’onde. Elles sont le cœur de la ferme!

À l’écoute

Très souvent, les mères sont comme l’entraîneur adjoint qui agit comme une caisse de résonance lorsque les enfants sont frustrés par le manque de compétences technologiques du père ou lorsque le père pense que les enfants ne travaillent pas assez dur.

La mère doit être capable d’écouter et de servir de médiatrice à la famille pendant ces périodes difficiles. Elle doit éviter de trop se frustrer, faire de son mieux et faire preuve d’empathie. Elle fait en sorte que tous ceux qui travaillent à la ferme ressentent que la ferme n’est pas une simple entreprise mais bien un lieu de travail familial.

La chanson Une mère de Lynda Lemay le dit si bien:

Une mère, ça fait ce que ça peut / Ça ne peut pas tout faire / Mais ça fait de son mieux / Une mère, ça calme des chamailles / Ça oublie d’être fière / Ça vit pour sa famille…

À toutes les mères en agriculture, bonne fête des Mères! Profitez-en, même si vous devez courir pour tout le monde autour de vous!

N’oubliez pas que le travail le plus important que vous ferez ce dimanche de fête des Mères se fera à l’intérieur des murs de votre propre ferme et de vos entreprises agricoles. Et que la vie ne vient pas avec un manuel d’instructions, mais avec une mère !

Votre blogueuse, une Mom agricultrice, qui souvent oublie d’être fière,
Sandra Clément

Le blé, roi des céréales! C’est vrai, le blé a une valeur emblématique. Mais il s’agit d’une culture fragile et exigeante. Depuis une trentaine d’années, dans l’Est ontarien, il a presque complètement cédé sa place au maïs et au soya, deux cultures plus rentables.

Pourtant, il y a plusieurs bonnes raisons de cultiver du blé. Quatre ans après l’avoir introduit dans notre rotation, j’admets que je l’ai enfin adopté.

On sème notre blé en avril, dès que les champs sont suffisamment secs.

photo : Sandra Clément

En famille, nous avons fait le tour des points positifs et négatifs à cette culture. Elle demande un suivi constant pour prévenir le développement de toxines et – gros point négatif! – la récolte a lieu en août, en plein au moment où on a envie de profiter de l’été.

Le blé a l’avantage de nous permettre de répartir les travaux aux champs. Il est semé très tôt au printemps et récolté bien avant le soya et le maïs. Cela nous laisse tout l’automne pour faire pousser dans le même champ des engrais verts, qu’on appelle aussi cultures de couverture.

Ces ajouts dans la rotation brisent le cycle des maladies qu’il faut combattre avec des pesticides quand les mêmes cultures reviennent trop souvent dans le même champ.

Le blé n’attend pas les grandes chaleurs pour germer!

photo : Sandra Clément

Il y a quatre ans, après plusieurs recherches, discussions, lectures et conférences, sans oublier l’influence de nos filles qui étudient en agriculture, nous avons finalement décidé de nous lancer.

Un seul champ s’il vous plait!

J’ai dit à mon équipe: on s’essaie dans un champ seulement, au cas où on manquerait notre coup.

Mon mari et mes filles m’ont alors annoncé le choix du champ pour l’essai. Apparemment qu’eux, le blé, ça ne leur faisait pas peur.

Les bras croisés, les yeux qui me sortaient de la tête, je leur ai répondu : ben voyons! Vous auriez pu choisir une parcelle un peu plus petite! Vous avez choisi la plus grande!

« Mom, ça va être un beau champ de blé, comme dans les films! On va pouvoir avoir une session de photos de famille juste avant la récolte. Tu vas adorer! » Une fois de plus, mes yeux tournent dans leur orbite.

Ce premier essai s’est avéré un succès. Le blé fait maintenant partie de nos rotations pour y rester. Et ce n’est pas à cause de la session de photo familiale, qui elle aussi a été un franc succès!

Santé des sols

L’élément positif qui m’a le plus accroché est celui de la santé des sols, qui s’est améliorée en ajoutant le blé et les cultures de couverture à notre rotation.

En gros, le blé et les cultures de couverture améliorent la structure du sol, sa porosité et son aération. Les racines des cultures suivantes poussent plus facilement. De plus, le blé contribue à augmenter la biodiversité des micro-organismes dans le sol. Il laisse même un peu d’azote dans le sol quand ses racines se décomposent.

Il y a un dicton que j’aime bien : « Semer son bonheur, c’est récolter sa vie! »

Le blé que nous cultivons nous aide à pratiquer une agriculture durable. Notre exploitation agricole y gagne en stabilité, en équilibre et en santé économique. Le bilan environnemental de notre entreprise familiale s’améliore. Que du bonheur.

Dans mon prochain blogue, je vous parle des semis de maïs. Ça, ce n’est pas que du bonheur… c’est aussi du sport!

Sandra Clément est productrice de grandes cultures et mère de trois filles intéressées par l’agriculture à Embrum, dans l’Est ontarien.

La vie d’agricultrice, c’est souvent intense. Plusieurs éléments sont hors de notre contrôle. Des fois, j’aurais envie de porter une casquette que mon père m’avait offerte quand j’étais petite et que j’ai malheureusement perdue. On pouvait y lire : «Don’t Bug Me!»

À travers les difficultés, je préfère garder le sourire. Il est important de rester passionnée, résiliente, flexible, prête au changement à tout moment. Et surtout, prête à changer de chapeau plusieurs fois dans la même journée!

Une journée dans la vie de madame Tête à chapeaux

« Mom, où est ma boîte à lunch? », demande une de mes filles.

Le matin, mon chapeau de mère est vite remplacé par celui de boss. « Eille, dépêchez-vous à commencer les travaux au champ, ils annoncent de la pluie! »

Chapeau de cuisinière, le temps de mettre le souper dans le Crockpot.

Chapeau de femme de ménage, le temps de passer un coup de balai. Les enfants ont traversé la cuisine pour ramasser leur boîte à lunch sur le comptoir avec leurs bottes pleines de boue sèche de la veille.

Allez hop, le tracteur m’attend! Chapeau d’opératrice de machinerie. Un de mes préférés! Je prépare le sol avant le passage du planteur à maïs.

Bang! Ben voyons, qu’est-ce ce qui se passe? Je descends du tracteur. J’ai frappé une roche et j’ai une pointe de brisée. Chapeau de mécanicienne. Je sors mes outils et je change la pointe.

Savoir vite changer de chapeau, c’est un prérequis en agriculture!

photo : Sandra Clément

Dring! Oui, allô? Madame Clément, votre fille est malade, pourriez-vous venir la chercher à l’école? Le chapeau de maman n’est jamais bien loin!

Arrivée à l’école, je mets mon chapeau d’infirmière.  «Fais-tu d’la fièvre? As-tu besoin de te reposer à la maison ou c’est OK dans le tracteur avec moi?» Une demi-heure plus tard, nous voilà ensemble dans la cabine.

Le champ terminé, retour à la maison. L’infirmière-opératrice de machinerie agricole devient… météorologue! À la radio, on annonce de la pluie. Je vérifie les radars météo pour voir à quelle heure cette pluie arrivera.

Le reste de l’équipe qui travaille aux champs risque d’être trempée. Tant pis. On prend un risque. La météorologue en moi me dit : «Don’t manage by the weather!» ! On continue !

Retour à mon chapeau de cuisinière. Merde! J’ai mis tous les ingrédients dans le Crockpot ce matin, mais j’ai oublié de démarrer la minuterie! Résultat : un souper pas cuit!

Vite au village, solution restauration rapide. Me voilà livreuse de restaurant, directement à chacun des tracteurs aux champs! N’oubliez pas le pourboire!!

Ma grande fille qui sème le soya a un problème technique. Me voilà technicienne en agriculture de précision! Ouf! Ça prend de la concentration pour trouver la solution. J’ajuste le système, je vérifie la précision des unités de semis. Tout est beau! La livreuse de fast-food peut enfin manger à son tour!

Arrivée à la maison, chapeau de comptable. L’équipe au champ en a encore pour quelques heures. J’ai la paix, j’avance un peu dans la paperasse.

Autre changement rapide de chapeau, celui de gestionnaire de champs. Je dois m’assurer que tout est organisé pour la journée de demain, car on doit être prêt à continuer si Dame météo choisit de ne pas envoyer de pluie.

Pas une seule fois dans la journée je me suis regardée dans le miroir pour voir si ces chapeaux me vont bien. Peut-être que je les porte un peu de travers parfois, mais je sais que dans l’ensemble, je fais une bonne job.

Chapeau blogueuse

Chères lectrices et chers lecteurs, je suis ravie que vous soyez au rendez-vous pour me lire. Dans mes prochains blogues, je vous emmènerai dans la grande aventure des semis de la saison 2023. La neige est presque partie, ça commence bientôt, avec les semis de blé.

Sortez vos chapeaux de paille, le beau temps est arrivé!

Pascale nous arrive avec un solide bagage en communication, marketing et rédaction, ainsi qu’un vif intérêt pour les aliments et l’agriculture. En plus de produire des articles et signer une chronique, elle pilotera mille et un projets.

Elle succède à André Dumont, rédacteur en chef par intérim depuis décembre dernier.

«Notre virage numérique est bien entamé. Avec Pascale, nous allons propulser notre site Web, notre infolettre et nos médias sociaux vers d’autres sommets», affirme Jonathan Blouin, président des Publications agricoles franco-ontariennes (PAFO), l’organisme qui publie le Journal Agricom.

Pascale de Montigny Gauthier a été lauréate Femme en affaires au RGA de la Capitale nationale en 2022. Elle est la fondatrice de Mon agente de comm, une boite de production de contenu. Après sa maîtrise à l’Université d’Ottawa, elle est devenue chargée de cours au Collège la Cité et a développé une expertise en marketing des entreprises locales.

Dans ses nouvelles fonctions chez Agricom, elle souhaite par sa plume faire briller les agriculteurs d’ici et démystifier le chemin de la terre à la table.

« Je suis tellement enthousiaste à l’idée d’amorcer ce nouveau défi. » affirme Pascale de Montigny Gauthier. « Ma formation en communication, mon parcours journalistique et mon expérience m’ont amenée à travailler et me rapprocher des personnes-ressources comme les professionnels des médias, les députés, les journalistes, les chroniqueurs, etc. Qu’il s’agisse de rédaction ou de partenariats, tous les projets mettant en valeur l’entrepreneuriat local me tiennent à cœur. »

Dès la semaine prochaine, vous pourrez lire une première chronique signée Pascale de Montigny Gauthier.

N’hésitez pas à communiquer avec elle et lui transmettre vos idées, suggestions et commentaires : [email protected].

Sous la bannière Savourez l’Est ontarien, le site web permet de rapidement trouver les producteurs et les entreprises de la région qui offrent des expériences agrotouristiques. Il a été dévoilé lors de l’assemblée générale annuelle du 30 mars, qui avait lieu au vignoble Stonehouse Vineyard, près d’Alexandria.

À cette occasion, après sept années à la présidence du REAO, Michel Villeneuve a tiré sa révérence. L’élection du futur président aura lieu lors du prochain conseil d’administration du REAO en avril.

Michel Villeneuve a été président du Réseau agroalimentaire de l’Est ontarien pendant sept ans.

photo : SavourezEstON

«Michel a été un champion au niveau des producteurs locaux et il continuera certainement d’appuyer le réseau d’une façon ou d’une autre», souligne le directeur général du REAO Louis Béland.

Michel Villeneuve est président de la corporation du Sentier récréatif de Prescott-Russell et propriétaire des Vergers Villeneuve and Blueberry Farm. Il est également impliqué dans la remise sur pied de la gare de Bourget. Il quitte la présidence du REAO avec un sentiment de devoir accompli. 

« Nous n’avions pas de représentation auprès du public pour faire connaître les producteurs locaux, dit le président sortant. Le nouveau site Web est avant-gardiste: les producteurs deviennent des minis-marchés. Les producteurs travaillent ensemble et non l’un contre l’autre. Par exemple, au lieu d’aller à St-Eugène acheter du jus de camerise, ils peuvent aller aux Vergers Villeneuve and Blueberry Farm. Les produits seront inscrits dans la case mini-marché du site Web. »

Chaque année, Les Vergers Villeneuve and Blueberry Farm reçoivent près de 5 000 visiteurs. L’entreprise pourra ainsi décupler sa visibilité chez les autres entreprises et ce, inversement. 

D’ici quelques mois, le site Web pourra rassembler de l’information sur l’ensemble des 200 membres du REAO.

Cet outil de communication permettra également de sonder la population avant d’amorcer des projets de grande envergure, par exemple, un abattoir régional. 

Des forêts entièrement décimées. Des producteurs de sirop d’érable qui ont mis fin à leurs activités. Des arbres à retirer, à replanter. Presqu’un an plus tard, les propriétaires de boisés voient enfin la lumière au bout du tunnel. 

Le 27 mars, le gouvernement de l’Ontario a accordé 5,5 millions de dollars à 22 petites municipalités affectées par d’importants événements météorologiques en 2022.

Jean St-Pierre, président de Boisés Est, accueille cette annonce avec beaucoup de soulagement et d’optimisme: « C’est une excellente nouvelle pour le rétablissement des forêts. Les forêts sont rares dans l’Est ontarien.»

Les propriétaires de boisés réclament depuis plusieurs mois de l’aide gouvernementale pour parer aux dégâts du «derecho».

photo : Boisés Est

« Plusieurs étapes sont à prévoir, explique Jean St-Pierre. Dans un premier temps, il s’agit de retirer les arbres dans la mesure du possible. Par exemple, les billes de bois pourraient être utilisées pour du bois de chauffage. »

La priorité est d’encourager les gens à planter des arbres adaptés pour le terrain, car ce ne sont pas toutes les espèces qui peuvent être plantées. Par exemple, les arbres doivent être résistants aux changements climatiques. Ensuite, il faut bien planifier l’espace attribué aux arbres. Finalement, il faut commander et se préparer à voir arriver de petits arbres fragiles aux racines nues.

«Les propriétaires de boisés ont des acres à replanter, donc un criant besoin de main d’œuvre, rappelle M. St-Pierre. Les premières années, il s’agira d’assurer un suivi pour veiller à ce que les arbres prennent racine. Il ne faut pas avoir de compétition végétative et il importe de contrôler les plantes envahissantes, comme le nerprun. »

« Après cinq ans, quand les arbres auront une taille de cinq pieds, ils seront capables de survivre par eux-mêmes. Notre rôle est d’accompagner les gens afin qu’ils aient les conseils des techniciens forestiers. »

Le sirop d’érable écope

Certains producteurs de sirop d’érable ont réduit leurs activités à la suite des dommages dans leur boisé. Selon Boisés Est, une dizaine de petits producteurs (soit environ 1 000 entailles) ont cessé leurs activités, car leur revenu était trop faible pour tout le travail de rétablissement.

« C’est malheureux, car on a besoin de la relève, déplore M. St-Pierre. Le sirop d’érable est un produit de grande valeur. Cela va prendre des années avant que les érables retrouvent leur pleine capacité. Des coûts énormes sont à prévoir. »

La location de machinerie spécialisée pour retirer les arbres empilés les uns sur les autres est très coûteuse. L’aide financière gouvernementale pourra pallier une portion des coûts. 

« Il reste bien des détails à peaufiner pour la subvention, à savoir comment cet appui financier sera distribué, souligne M. St-Pierre. C’est en ce moment le rôle des Comtés unis de Prescott et Russell. Les détails sont à venir. Par contre, cette nouvelle devrait remonter le moral des gens qui sont toujours aux prises avec d’immenses dégâts à leurs forêts. Nos 200 membres de Boisés Est ont tous été informés et la rétroaction est très bonne. »

Images : SavourezEstOn - Montage : Agricom

Dans mon dernier blogue, je vous ai raconté notre plaisir de produire du sirop d’érable «zéro technologie» en famille. Je vous ai mentionné nos fameuses taillettes, en faisant exprès pour vous laisser sur votre faim. Alors voici.

Sandra Clément et ses fameuses taillettes.

photo : Suzie Clément

Est-ce que je fais pousser des patates dans nos champs? Non. Mais dans mon jardin, oui.

Cultiver des pommes de terre à grande échelle exige une gestion très intensive. Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus, parce que je n’y connais rien de plus que le minimum nécessaire pour en cultiver dans mon jardin.

À chaque récolte, je garde une dizaine de mes patates pour les ressemer l’année qui suit. Je suis une vraie mini productrice de patates! D’ailleurs, mes récoltes sont toujours plutôt bonnes.

Des patates, des patates… Chez nous, elles font toujours partie de nos repas. Et il y a plusieurs façons que nous aimons les apprêter.

Les petites patates de jardin sur le barbecue avec des petits oignons, des patates au four, des patates en wedges, des patates pilées, des patates fricassées…

Et que dire de toutes les expressions : lâche pas la patate, j’en ai gros su’a patate, être gros comme une patate… Bref, les patates font partie de nos vies, même quand elles ne sont pas dans notre assiette.

Saupoudrées de sel et arrosées de sirop d’érable, elles sont délicieuses!

photo : Sandra Clément

Patates à l’érable

Laissez-moi vous dire que les meilleures patates sont celles qu’on apprête à la cabane à sucre : les taillettes!

Ne cherchez pas dans votre Robert ou votre Larousse! Où ai-je donc trouvé ce mot-là? Dans mon dictionnaire de cabane à sucre!

Taillette : nom féminin qui désigne une mince tranche de pomme de terre rôtie et dégustée à la cabane à sucre, selon une tradition franco-ontarienne perpétuée dans les environs d’Embrun.

La préparation est très simple. On tranche les pommes de terre en minces lamelles. Ensuite, on les fait cuire directement sur le poêle à bois, ou dans une poêle de fonte.

Une fois cuites, un peu croustillantes, on les met dans une assiette, on les badigeonne de vrai beurre (pas de margarine!) et on y met un peu de sel.

L’assiette fait vite le tour de la gang de membres de la famille et d’amis à la cabane à sucre. Une fois vide, on recommence! Pour la deuxième ronde, on met toujours du sel et du beurre, mais là, on ajoute du sirop d’érable! Sucré-salé! Un délice simple et rebelle!

Je vous invite à l’essayer à la maison. Je vous avertis, par contre, qu’elles n’auront jamais le même bon goût que celui qu’on obtient sur le poêle à bois!

Et là que j’y pense, ça ferait une bonne saveur de chips! Chips sirop d’érable, beurre et sel! Malheureusement, mon jardin est trop petit pour me partir une business de chips… Pourtant, je me verrais bien à la tête d’une start-up de chips du terroir!

Mais là, ça me ferait un chapeau de plus à porter. Comme si j’en avais pas assez, des chapeaux! Je vous en reparle dans mon prochain blogue!

Sandra Clément est productrice de grandes cultures à Embrun, dans l’Est ontarien. Elle est aussi membre du conseil d’administration de l’UCFO et membre fondatrice du Réseau des femmes en agriculture de l’Est ontarien.

Grimpantes ou buissonnantes?

Les plants de tomates sont déterminés ou indéterminés. Cette information est importante à connaître puisque les plants indéterminés, c’est-à-dire grimpants, auront besoin d’un support pour les soutenir pendant la croissance.

Les plants indéterminés ont besoin d’un support pour croître en hauteur.

photo : André Dumont

Les plants déterminés, quant à eux, ont un port plutôt buissonnant. Comme un petit arbuste, ils se tiennent bien par eux-mêmes. Ils conviennent bien à la culture en pot ou en bac, une pratique de plus en plus populaire qui vous permet de déplacer vos plantes en cours de saison.

Dans tous les cas, les tomates requièrent un environnement ensoleillé avec au moins six à huit heures de lumière directe. Le soleil du matin est insuffisant pour la culture des tomates, mais peut l’être pour des légumes racines ou en feuilles. Il est donc essentiel de choisir le bon emplacement.

Combien de jours pour atteindre la maturité?

Le calcul du nombre de jours à maturité débute lorsque le plant est transplanté au jardin.

Tomate mauve!

photo : André Dumont

Les tomates cerises seront prêtes en 30 à 45 jours. Les tomates rondes ou italiennes ont besoin d’environ 70 jours. Les grosses tomates ne seront mûres qu’après 80 jours. Certaines variétés peuvent même dépasser les cent jours.

Les plants de tomates sont autogames. Les fleurs sont hermaphrodites : chacune porte les organes mâles et femelles. Elles n’ont donc pas besoin de recevoir du pollen d’autres fleurs pour se transformer en fruit.
La pollinisation est quand même facilitée par le travail des insectes pollinisateurs et du vent. Si vous cultivez dans une serre, assurez-vous de remuer les plants par temps ensoleillé afin que le pollen se répartisse dans la fleur.

Consommées fraiches ou en sauce?

Si votre intention est de transformer votre production en sauce tomate, il vaut mieux choisir des variétés qui se prêtent bien à cet usage. Les tomates italiennes comme La Roma, San Marzano, ou encore Amish Paste qui est charnue et sucrée, vous donneront de bons rendements en pâte ou en sauce. 

Si vous souhaitez manger frais et surtout en sandwich, la Big Beef vous donnera une tranche par sandwich tandis que la Super Fantastique ou le Better Bush vous donnera de plus petites tranches.

Les tomates sont disponibles dans toutes les grosseurs et toutes les couleurs : rouge, orange, jaune, rose, mauve, brun, même blanc!

Sol riche et bien drainé

Que vous cultiviez en pot ou en pleine terre, assurez-vous de planter vos tomates dans un milieu riche en matière organique qui se draine bien et de leur fournir les nutriments nécessaires.

Privilégiez une fertilisation biologique ou de type naturelle comme les engrais à base de fumier de poule composté. Au jardin, n’oubliez pas que la tomate est une culture exigeante en nutriments. Vous pouvez donc la faire précéder d’une culture de légumineuses dans votre rotation.

Bon jardinage!

Nadia Carrier est copropriétaire des Serres M. Quenneville à Plantagenet et professeure en techniques agricoles au collège La Cité à Ottawa.

Au cours des dernières semaines, Agricom a publié de magnifiques photographies anciennes sur la vie agricole de l’Ontario français. Ces photos en noir et blanc provenant des archives de famille témoignent des activités du monde agricole, de la fin du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle.

Ces images sont d’une grande valeur archivistique et historique. Cela dit, leurs propriétaires ne sont pas toujours conscients de leur richesse et ne savent pas comment bien les préserver pour les générations à venir.

Mme Josaphat Lapointe épluchant des épis de maïs pour la mise en conserve, Embrun, 1931.

Source : Université d’Ottawa, CRCCF, Collection Centre culturel « La Ste-Famille »

Conseils de conservation

Voici des conseils pour bien conserver vos négatifs et photographies d’archives qui sont restés dans la famille au fil des générations.

Les écarts de température et d’humidité sont l’une des plus importantes causes de détérioration des documents photographiques.

Il faut éviter d’entreposer ses photos dans un sous-sol humide ou dans un grenier. Elles risquent de connaître des problèmes de moisissure qui laissent de vilaines taches sur les images et peuvent même les détruire. Ces endroits placent également vos photos à la merci de bestioles indésirables.

En revanche, un milieu trop sec et chaud entraîne le dessèchement du papier, qui s’effrite. Il faut éviter de mettre vos photos près des radiateurs, des conduits d’air chaud et des murs extérieurs.

En résumé, il s’agit de garder vos photos dans des conditions ambiantes favorables, notamment dans des pièces tempérées et bien aérées.

Ernest Gareau au volant de son tracteur tirant une charge de foin, sur la 4e concession à North Lancaster, vers 1950.

Source : Université d’Ottawa, CRCCF, Collection Centre culturel « Les trois p'tits points... », Reproduit de la collection de Germain Gareau.

Lumière, eau et feu

L’exposition à la lumière et au rayonnement UV peut aussi contribuer à détériorer vos photos. La lumière et les rayons ultraviolets altèrent les photos, qui pâlissent et même s’effacent. Vaut mieux les conserver à l’abri de la lumière.

Le feu et l’eau sont deux autres ennemis de vos photographies. Il est judicieux de les déposer dans des contenants à l’épreuve du feu. Quant à l’eau, de nombreux documents familiaux ont été altérés ou perdus à cause des inondations, particulièrement dans les sous-sols. Pour bien faire, éloignez vos photographies des sources d’eau, particulièrement des fenêtres et de la tuyauterie.

Identifier ses photos

Une fois vos négatifs et photos mis en sécurité, il importe de bien les identifier. Un document photographique qui n’est pas décrit perd rapidement de sa signification. À quoi bon le conserver, si l’on ne peut pas connaître l’année, le lieu et les personnes photographiées?

Attention: il ne faut jamais écrire à l’encre sur l’endos des photos, car celle-ci finit par transpercer le papier. On doit plutôt utiliser un crayon à mine de plomb.

Par ailleurs, il ne faut jamais mettre de colle, de ruban adhésif, d’agrafe ou de trombone sur vos négatifs et photos. Il faut plutôt les placer dans des pochettes protectrices de polyester comme le mylar.

Numérisation et dons à des dépôts d’archives

Il existe deux bonnes façons de préserver à long terme vos négatifs et photos de familles : la numérisation et le don à un dépôt d’archives.

Pour éviter de perdre à jamais vos précieux souvenirs, il est facile de les numériser, préférablement à haute résolution. De cette façon, vos négatifs ou vos photos ne seront plus uniques. Une fois bien numérisée, votre collection de photos anciennes peut être cédée à un centre d’archives, une société d’histoire ou un musée régional.

Ces endroits bénéficient d’un personnel qualifié capable d’assurer, selon les normes en archivistique, la préservation à long terme de vos documents photographiques. La plupart de ces centres disposent d’un dépôt à température et humidité relative contrôlées, ainsi qu’à l’épreuve du feu.

Par ailleurs, en plus d’être traitées, vos photographies de familles seront décrites et cotées selon les Règles de description des documents d’archives et désormais accessibles à tous.

Au lieu de reposer dans vos fonds de tiroir à la maison et n’être accessibles qu’à vous et aux membres de votre famille, vos collections de documents photographiques contribueront à mieux faire connaître le patrimoine agricole franco-ontarien.

Le Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF), à l’Université d’Ottawa, s’avère le dépôt d’archives le plus important de l’Ontario français. Ce centre d’archives institutionnelles conserve dans ses dépôts, à température et humidité contrôlées, plus d’un million de négatifs et photographies.

Le CRCCF possède une imposante collection de documents photographiques qui retrace la vie agricole et rurale des Franco-Ontariens depuis le 19e siècle. Citons particulièrement la Collection du Centre culturel « La Sainte-Famille », qui compte 1 200 photographies des Comtés unis de Prescott et Russell.

Dans l’Est ontarien, on trouve La Seigneurie, le centre de généalogie et d’histoire d’Hawkesbury et Patrimoine L’Orignal-Longueuil. Dans le Nord ontarien, on retient le Centre franco-ontarien de folklore, à Sudbury et l’Écomusée de Hearst. N’hésitez pas à les contacter.

Michel Prévost est historien. Il a été l’archiviste en chef de l’Université d’Ottawa pendant une trentaine d’années.