À l’occasion du premier anniversaire de la tempête Derecho, Boisés Est organise des ateliers informatifs pour créer des forêts plus résilientes. Selon le président Jean Saint-Pierre, il est envisageable de construire une forêt qui a moins de risques de se faire endommager lors d’une tempête.
« Le 27 mai prochain, nous allons passer au travers des questions et commentaires des gens afin d’aider les agriculteurs à rendre leur forêts plus résistantes. Nous allons faire le tour des travaux qui ont été accomplis pour rétablir les forêts. Nous allons discuter des étapes à opter pour créer une forêt plus diversifiée. L’événement est ouvert à tous! »
« Une forêt diversifiée comporte moins de risques que la forêt soit touchée par des tempêtes. C’est bon pour la biologie puisqu’il y a des collaborations entre différentes espèces sur un même territoire, ce qui fait en sorte que les forêts sont plus productives et en santé. »
La tempête a détruit 3 000 acres de forêts, ce qui équivaut à 13 kilomètres carrés. « Un an plus tard, il est encore difficile de déterminer la perte nette exacte pour nos agriculteurs et agricultrices », souligne Roxane Lormand, directrice générale de l’Union des cultivateurs franco-ontariens. « Il y a eu bien des dommages causés à plusieurs bâtiments agricoles et beaucoup de nettoyage reste à faire pour de nombreux propriétaires de boisés et acériculteurs. La normalité revient peu à peu, mais avec un paysage fortement métamorphosé pour de nombreuses années. »
Les champs du Vignoble Clos du Vully.
Au vignoble Vankleek Hill Vineyard, Scott Lambert, copropriétaire avec sa conjointe Teresa Bressan, déplore que la région de l’Est de l’Ontario ne profite pas de l’émergence des vignobles locaux pour développer un circuit agro-touristique qui permettrait à bien des petits producteurs, et pas que de vin, de mettre en valeur leurs produits.
La province pourrait créer et proposer une véritable route des vins de l’Est de l’Ontario. Il rappelle qu’un des slogans de l’Ontario, Open for business, ne fait pas justice aux possibilités qu’il voit. «On trouve qu’il y a une sorte d’hypocrisie, on dit qu’on veut soutenir le marché local, mais dans le fond, on donne plus de chance à des vins étrangers qu’à des vins locaux».
Lambert fait référence notamment aux droits d’accise sur l’alcool qui ont récemment bondi de plus du triple de l’augmentation habituelle, en raison de l’inflation. Cette taxe fédérale sur les boissons alcoolisées vient ajouter 6,3 % de taxes au fabricant. Or, les grands vignobles du Chili ou des États-Unis bénéficient d’une exemption de droits de douane qui à elle seule représente probablement 6 millions de dollars que ne touche pas le gouvernement fédéral.
Pas assez de soutien pour les petits producteurs locaux
En quelque sorte, on protège des vins étrangers et on ne soutient pas assez la production canadienne. «On dirait qu’on nous lance des balles courbes de tous les coins!», ajoute Scott Lambert. En Europe par exemple, de nombreux pays qui sont de gros producteurs de vins, tels l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce pour ne nommer que ceux-là, n’imposent pas de droits d’accise à leurs producteurs de vins.
Les petits vignerons de l’Est ontarien estiment en général que la vente directe, sur leur vignoble, représente 98% de leurs ventes totales. Assouplir les règles actuelles et adoucir leur taux de taxation leur permettrait surtout de diversifier leur clientèle, être moins dépendants des visiteurs, ce qui est très difficile à réaliser dans le moment. M. Etter calcule même qu’il pourrait augmenter de 20 % à 30 % ses ventes, ce qui serait majeur pour son vignoble. Et il demeure persuadé que ces assouplissements entraîneraient des retombées économiques intéressantes pour sa région.
D’ici à ce que les choses bougent, les vignerons de la région continuent de soigner leurs vignes, de récolter leurs raisins, de croire en leurs produits et de s’unir pour essayer de changer les choses. Car ce qui les a menés à la production vinicole dans cette région émergente et dans des conditions fiscales pas toujours favorables, c’est d’abord et avant tout la passion du vin.
IJL – Réseau.Presse – Agricom
Les employés du Vignoble Clos du Vully, installent le géotextile.
Les gels successifs n’ont pas tous les mêmes effets. Robert Poirier, propriétaire Les fruits du Poirier, souligne aucune incidence. « Je n’ai pas eu beaucoup de dommages, à part sur les vignes et sur les kiwis. Mais rien de plus, je suis vraiment chanceux! »
Même son de cloche chez Michel Villeneuve, propriétaire des Vergers Villeneuve et Blueberry Farms. « Présentement, le gel n’a pas eu un grand impact sur les plantes, à part que les plantes au sol ont gelé. Les abeilles sont présentes, alors c’est signe que tout va bien pour le moment! J’ai bien hâte de voir dans quelques jours si les plantes deviendront noires. J’ai bon espoir que tout ira bien! »
Au Vignoble Clos du Vully, Jan-Daniel Etter mentionne avoir perdu « seulement » 20 % de sa production. « On a protégé nos vignes avec des toiles géotextiles. On a choisi l’endroit le plus surélevé de la région pour nos vignes, alors ça va. » .
Reste à voir comment le phénomène El Niño influencera l’été à nos portes.
IJL – Réseau.Presse – Agricom
Murale capturée au Musée de l’agriculture et de l’alimentation.
L’aquaponie consiste en quelque sorte à fusionner ce qu’on appelait l’hydroponie, soit cultiver des plantes avec des racines dans l’eau, sans terre, et l’aquaculture plus traditionnelle de poissons en bassins. Les producteurs qui choisissent ce système diversifient leur culture, puisqu’ils obtiennent deux ou plusieurs produits avec les mêmes installations.
Et c’est sans compter sur le fait que ce type de projet a un impact environnemental moindre et fonctionne pratiquement tout seul, une fois qu’il est bien démarré.
Les bons poissons
Frederick Miner, fondateur de l’ancienne Miner AquaGrenn Foods est passionné par le sujet. Il considère que l’aquaponie est une technique simple, mais sous-utilisée, parce que les gens ne connaissent pas assez le procédé.
M. Miner, lui, après un an de recherche et de formation en autodidacte sur le sujet s’est lancé, sans connaître de réelles embûches. Il se rappelle avoir essayé quelques poissons avant de conclure assez rapidement que le tilapia était tout désigné, car il est très résistant. Pour chaque génération, c’est lui qui faisait tout. «C’est moi qui les ai élevés, des oeufs, jusqu’à jeunes poissons, jusqu’au stade de la “graduation”, comme j’appelle: se faire manger». S’il rit de l’image, M. Miner assure qu’il s’attachait à ses tilapias, très sociaux, et devenait triste quand il fallait les envoyer dans les assiettes. «Nos poissons venaient dans nos mains comme un chien vient sur toi!»
Et une fois que l’eau était propice à l’élevage de tilapias et que l’installation était prête, il s’est mis à récolter, en même temps, des herbes variées, comme le chou kale qui pousse aisément et qui semble très heureux d’être apparié aux poissons. Le système est presque parfaitement clos: une fois les poissons nourris par l’herbe séchée que leur donne l’éleveur, ceux-ci, par leurs déjections, vont nourrir les plantes dont les racines baignent dans l’eau. À leur tour, ces dernières seront utiles car elles vont assainir l’eau en absorbant les nitrates et permettre aux poissons d’y rester longtemps. «Tu ne changes plus ton eau, techniquement, tout ce qu’il te reste à faire, c’est de la maintenance!», ajoute l’ancien éleveur. De la maintenance, et récolter.
Une technique aux nombreux avantages
Pour Renée-Claude Goulet, conseillère scientifique au Musée de l’agriculture et de l’alimentation, l’aquaponie s’inscrit tout à fait dans l’ère du temps. Elle pense aussi que ce genre d’élevage gagnerait à être mieux connu, puisqu’il présente une certaine simplicité et de nombreux avantages.
D’abord, «on entend plus souvent parler de souveraineté alimentaire dans les dernières années, les gens sont plus sensibles à ça». Or l’aquaponie est probablement sous-exploitée en Ontario. Le tilapia, par exemple, qui est une espèce tout indiquée pour ce système, provient très souvent encore de l’Asie. Et de nombreux doutes ont d’ailleurs été soulevés quant à la qualité de ces poissons. Alors qu’il est pourtant relativement facile d’en faire l’élevage ici, à petite ou à plus grande échelle. On s’assurerait d’un meilleur contrôle de la qualité et on aurait notre ressource à proximité.
De plus, qui dit proximité dit impact environnemental beaucoup moins grand. Mme Goulet rappelle que s’il n’y a «qu’une heure de route entre l’éleveur et l’assiette du consommateur», on est dans le local, on est dans une pratique «beaucoup plus respectueuse de l’environnement». Et on ne dépend plus de toute une chaîne de transport qui peut parfois faire défaut, comme on l’a vu pendant la pandémie.
En fait, même, «ce qui est intéressant, c’est que l’aquaponie peut tout à fait être un projet urbain!», ajoute-t-elle. À Montréal, il existe un tel projet qui s’appelle le LabÉAU, pour “laboratoire des écosystèmes alimentaires urbains”. Mme Goulet aimerait bien voir ce genre de projet naître à Ottawa. «C’est urbain, c’est local, c’est bien contrôlé, ça n’ajoute pas à la pêche», c’est une belle opportunité, pense-t-elle. La municipalité vient justement de modifier son règlement concernant l’agriculture urbaine à des fins commerciales.
«Améliorer un écosystème naturel, tout en nous nourrissant, c’est un grand rêve. Mais plus il y a de projets, de science autour de ça, plus on connait l’aquaponie et plus on s’assure qu’on le fait comme il faut”, dit la conseillère scientifique. L’ancien éleveur, M. Miner, ne pourrait être plus d’accord. «Pour le moment, on apprend sur le tas. Les gens ne connaissent pas assez ça!».
Plus de soutien
Comme ce genre d’aquaponie moderne est méconnu, M. Miner dénonce le peu de soutien gouvernemental pour des gens motivés qui voudraient commencer en aquaponie. Il a l’impression qu’il y a beaucoup de frilosité dans les aides financières, face à des techniques un peu plus innovantes. Pourtant, il y a de belles occasions d’affaires. «Sur le plan gouvernemental, ça prendrait juste un groupe de personnes qui connait ça. Ça prendrait un peu de recherches et développement, sur la biologie des plantes et la biologie des poissons».
Lui s’est formé tout seul. Et même s’il continue de plaider que c’est simple, tout le monde ne peux pas devenir pisciculteur du jour au lendemain. M. Miner rêve de voir un groupe d’éleveurs qui se soutiennent. Que peuvent se faire une banque d’oeufs ou des recharges d’eau bien équilibrée, en cas de problèmes dans une installation, comme la perte subite de tous les poissons. Mais pour cela, il faudrait plus de pisciculteurs, et donc plus de gens qui entendent parler d’aquaponie et qui ont envie de faire le saut.
Mme Goulet est d’accord que l’idée de combiner le poisson et les plantes en agriculture devrait être plus exploitée. «La recherche met beaucoup d’efforts pour réduire l’impact environnemental de notre industrie alimentaire», alors qu’il y a là des moyens qui offrent un bel équilibre entre production et durabilité.
IJL – Réseau.Presse – Agricom
32 jours de coulée, 15 jours de bouillie. C’est le bilan donné par Jules Rochon, Président régional de l’Association des producteurs de sirop d’érable de l’Est ontarien. Au début de février, au début de la saison, il faisait très froid. C’était dix heures par jour de bouillis. C’était très difficile sur la production.
La saison des sucres s’est terminée très tôt cette année pour les producteurs de sirop d’érable. Le froid, les vents forts et le verglas ont été des défis de taille sur la production.
Du côté du sud-ouest de l’Ontario, 80% de la saison s’est déroulée en février… « Les agriculteurs ont eu une période très raccourcie (5 février au début mars), puisqu’il a fait très chaud. » C’est un phénomène rare.
Cette année, Dame nature a donné la vie dure aux agriculteurs. En décembre 2022, les vents forts ont brisé les racines des érables. En plus des pannes d’électricité pendant la crise de verglas. À St-Isidore, les agriculteurs sans génératrices ont été sans électricité pendant une semaine complète. Tout un défi sur la production! Malgré tout, c’est une belle année de récolte et de production pour bon nombre d’agriculteurs.
Du côté de Claude Castonguay, propriétaire de la sucrerie Frank Sugar Shack à Moose Creek, c’est plutôt une mauvaise année de production. Il y a trois-quatre ans, c’est une production totale de 600 gallons de sirop d’érable qu’il a eu. Cette année, pas plus de 500. Par chance, il a entaillé tôt cette année, sinon, la production aurait été encore plus mauvaise. Oui, les équipements sont améliorés, mais les changements climatiques (le climat plus chaud) ont le dernier mot sur la production qui est affectée.
Cette année, les racines des arbres n’étaient pas couvertes en décembre. Ce qui n’est pas bon pour la production de l’eau d’érable. Aussitôt qu’il fait plus chaud et que les bourgeons commencent à sortir, c’est fini pour la saison des sucres.
Tristement, c’est aussi de plus en plus difficile sur les vieux érables. Ce sont eux qui réussissent moins bien à survivre à ces changements de température.
Heureusement, de nouveaux arbres sont plantés chaque année pour permettre la continuité du fonctionnement de l’érablière et palier au fait que certains arbres meurent ou sont désormais trop vieux pour être entaillés.
Ces défis climatiques, ça amène des augmentations des coûts. « La récolte n’a pas été bonne. 80 à 85 % versus l’année précédente. […] Les prix ont augmenté versus l’année passée! » s’exclame Claude. La saison a été jusqu’au 11 avril dans le secteur de cet agriculteur. Normalement, la saison s’étire jusqu’à après le congé de Pâques.
Les aléas de Dame Nature affectent aussi les jeunes pousses. L’an dernier, Claude a dû arroser à quelques reprises les arbres fraîchement plantés. Ils n’arrivaient pas à être assez hydratés. Trop de sécheresse. Alors l’humain a donné un coup de main à la nature. C’est ce qu’on appelle l’art d’exercer un métier qui travaille en étroite collaboration avec la nature et la température qui varie à tous les jours.
IJL – Réseau.Presse – Agricom
Dans l’Est ontarien, plusieurs petits vignobles ont vu le jour ces dernières années. De petits producteurs, souvent des projets familiaux, dont la quantité de vin produite est inférieure à 2 000 caisses par année et qui peinent à distribuer leur marchandise.
Ces petits producteurs, qui se sont regroupés sous l’association Vignobles artisanaux de l’Ontario, affirment que pour que leur vin soit offert en restaurant, le ministère du Revenu leur impose un taux de taxation si élevé qu’il n’est pas rentable pour eux de le faire.
Pour ces petits producteurs de vin sans label, le pourcentage de taxes prélevées sur la vente de vin dans un établissement de restauration s’élève à 53 %. Trop pour un vigneron comme Jan-Daniel Etter: «Même sur ma propriété, du moment où j’ouvre une bouteille, je reste à 53 % de taxes pour la vente au verre en tant que “traiteur”», comme si c’était un verre vendu au restaurant.
Les vins du Sud de la province, qu’ils proviennent de la région de Niagara, du comté de Prince Edward ou la rive nord du lac Érié bénéficient de certaines exemptions de taxes en raison de leur appellation délivrée par la Vintners Quality Alliance (VQA). Ces produits peuvent être offerts en restaurants avec un taux de taxation de 26 %, ce qui est considérablement moins élevé que pour les petits producteurs.
Des taxes qui reposent sur un système désuet?
Pourtant, en général, ces producteurs seraient plus en mesure d’absorber un haut taux de taxation, puisque leur production est beaucoup plus grosse. Selon M. Etter du Vignoble Clos du Vully à Navan, il y a là une certaine injustice qui découle de vieilles règles devenues obsolètes. «Nous, on ne veut pas tuer les gros producteurs, on veut juste avoir les mêmes opportunités!»
Lorsque les appellations ont été créées dans les années 90, elles servaient à assurer la qualité des vins, d’une part, en excluant certains cépages par exemple, mais aussi à contrôler la provenance. C’est parce que ce sont des produits locaux qu’ils sont «favorisés» par le gouvernement ontarien. Mais les petits producteurs actuels aussi, produisent des vins 100 % ontariens qui mériteraient, d’après M. Etter, de pouvoir être offerts en restauration tout en permettant à leur créateur d’être profitable.
La question de la vigne Vitis labrusca, autrefois très exploitée ici, était pertinente dans les années 70 à 90, selon M. Etter. Mais depuis, de nombreux croisements génétiques ont été faits sur les vignes afin de conserver la résistance au climat canadien qu’offrait la labrusca, tout en réduisant le goût indésirable qui n’est aujourd’hui plus perceptible. D’ailleurs, le cépage Marquette, qui a pourtant été approuvé par la VQA, contient 3,8 % de labrusca dans sa génétique, alors que les vignes cultivées au Vignoble Clos du Vully par exemple ne présentent plus que 1 à 3 % de labrusca. Il y a donc une certaine incohérence à continuer de rejeter ces vignes, selon M. Etter.
Changer le mode de fonctionnement
L’association Vignobles artisanaux de l’Ontario effectue des moyens de pression sur la VQA et le dialogue commence à s’ouvrir. L’approbation de la vigne Marquette va dans le sens d’un élargissement des critères pouvant mener à une appellation. Par voie de communiqué, ceux-ci se disent proactifs pour trouver des solutions. «Nous avons travaillé dur à l’élargissement de l’accès au système VQA, notamment en reconnaissant de nouvelles variétés de cépages et en collaborant avec des régions viticoles émergentes.»
Néanmoins, à ce jour, les petits producteurs ne souhaitent pas nécessairement avoir une nouvelle appellation ni devenir membres de la VQA, puisque les frais d’adhésion sont trop importants pour un petit producteur. «Encore une fois, notre problème, c’est qu’on est traités différemment sans raison, le problème qu’on essaie de régler, c’est juste d’être traités également», souligne M. Etter.
Pour la VQA, les appellations sont toujours utiles et visent à protéger autant les consommateurs, en lui assurant des produits de qualité et conformes aux normes, qu’à protéger le marché et les producteurs de vin. Parce que la VQA est aussi l’instance qui veille «à ce que les libellés sur les étiquettes soient authentiques» et qui veut s’assurer de «l’intégrité des vins et de l’industrie vinicole de l’Ontario et prévenir la contrefaçon de produits de grande valeur comme le vin de glace.»
IJL – Réseau.Presse – Agricom
Notre dernière visite remontait à « avant la pandémie ». Les enfants ont grandi, mais il n’y a pas d’âge pour être émerveillés devant les animaux. Je tenais à y aller pendant la période de mise à bas, avec l’espoir (pas trop dissimulé) d’assister à une naissance. Comme de fait, la vache allait probablement accoucher le soir même – qui veut accoucher face à des visiteurs exubérants?
Nous nous sommes rabattus sur les bébés animaux. Mon fils de cinq ans ne comprenait pas que nous ne pouvions toucher les bébés naissants. Les mamans des chevreaux ne les reconnaissent qu’après deux semaines, grâce à leur blettissement. « Pourquoi leur maman ne peut pas les reconnaître avec ses yeux? Toi tu me reconnaissais avec tes yeux et ton nez! »
En passant devant l’enclos des vaches, mon fils se questionne: « est-ce qu’on reconnaît les bovins de boucherie aux vaches parce qu’au lieu de faire du lait ils font de la viande? » Définitivement, il a un enjeu avec la reconnaissance identitaire…
La ferme urbaine est vraiment un atout de conscientisation pour nous, gens de la ville, qui achetons notre lait et nos oeufs dans des boîtes en carton. Mais il y a plus au Musée…
Des expositions et des démonstrations
« Ici c’est une place ‘’hands on’’, les jeunes découvrent l’agriculture, les odeurs, les sons, ils touchent les animaux, découvrent les technologies anciennes et les plus récentes des agriculteurs, » explique Renée Claude Goulet, conseillère scientifique au Ingenium. » Ils découvrent aussi des produits surprenants comme le varech, les huîtres… »
Avez-vous eu la chance de découvrir la nouvelle exposition sur l’aquaculture? C’est fou comme on en apprend sur ce qu’on mange… Ma fille a été étonnée d’apprendre que dans son lait au chocolat il y a des algues – de la carragénine!
J’ai été surprise de voir mes enfants m’expliquer de long et en large l’exposition sur les abeilles – vive Netflix! Saviez-vous que les reines pondent chaque 15 secondes au printemps? Clairement, je ne savais pas autant de choses à leur âge.
La visite du Musée est pour tous les âges, et plus les enfants vieillissent, plus ils peuvent emmagasiner d’informations. Le grand enfant que je suis a beaucoup apprécié sa visite printanière.
Champ de fraises d’automne sur planches avec paillis noir et goutte à goutte
La majorité des producteurs de poivrons, de tomates et d’aubergines utilisent le paillis plastique de polyéthylène dans leur système de production. D’autre plantes aimant la chaleur (concombre, melon, zucchini, cerise de terre), ou les légumes de primeur tôt en saison, comme le maïs sucré, sont souvent cultivés aussi avec cette technique.
Amélioration des conditions de croissance
Les paillis plastiques posés au sol améliorent grandement les conditions de croissance, principalement en réchauffant l’environnement immédiat de la plante (le sol surtout), en limitant la perte d’eau du sol et en diminuant, complètement ou non, la croissance des mauvaises herbes. Les paillis plastique sont souvent utilisés en combinaison avec la fertigation goutte à goutte.
Les différents types
Il existe trois principaux groupes (couleurs) de paillis plastiques, qui ont chacun leurs avantages et inconvénients : le paillis noir empêche la croissance des mauvaises herbes, mais doit être bien en contact avec le sol pour transférer la chaleur au sol; les paillis photo sélectifs verts ou bruns laissent passer certains rayons du soleil et réchauffent très bien le sol; les paillis transparents réchauffent le plus le sol, mais laissent les mauvaises herbes sous le paillis compétitionner la culture.
D’autres couleurs existent aussi, avec des caractéristiques appropriées en conditions spécifiques, comme le paillis réfléchissant pour réduire les insectes ravageurs et le blanc pour les cultures de laitues dans le milieu de l’été. Le paillis blanc (sur noir) est de plus en plus utilisé dans les régions chaudes comme le sud-ouest de l’Ontario, pour éviter les chaleurs extrêmes dans des cultures comme les crucifères et les fraises, et contrôler les mauvaises herbes.
L’installation
On pose le paillis avec une dérouleuse, sur un sol bien préparé et meuble. Lorsque la pose se fait sur planche, il est recommandé de façonner les planches en premier lieu, avant la pose du plastique. La largeur du paillis est adaptée à la largeur voulue en surface, le plus commun étant 1,20 m (48’’) (pour une largeur de plastique de 1,5 m – 60’’). Le plastique doit être en contact étroit avec le sol, bien tendu, et enterré sur les côtés et au bout des rangs. Il n’est pas rare que le vent (ou la machinerie passée trop près) arrache le paillis sur de bonnes longueurs! Le coût d’utilisation est d’environ 1500$ par hectare. L’installation à la main (et à la pelle!) est possible, mais le résultat est souvent peu concluant, sauf pour de très petites surfaces. Il est cependant profitable d’en installer dans le jardin pour les plants de poivrons, et pour plusieurs autres plantes potagères!
Les paillis sont généralement retirés à la fin de la saison. Des équipements attachés à l’arrière du tracteur sont disponibles pour cette tâche. Et que fait-on avec tous ces déchets de plastiques? Malheureusement, la majorité n’est pas recyclé et va aboutir aux sites d’enfouissement : le plastique retiré en fin de saison est souvent trop sale pour le recyclage. Du paillis biodégradable est disponible depuis plusieurs années, mais les contraintes qu’il impose et la durabilité variable font qu’il n’est pas encore utilisé à grande échelle. Son évolution et son développement est garant pour le futur!
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Nicholas Dessaint de la Ferme Dessaint de Sarsfield a eu beaucoup de dommages lors de la tempête. « Avec les assurances, ça a été très long, les derniers détails ont été réglés le mois dernier. Nous avons changé d’agent à trois reprises dans le dossier. »
Un an plus tard, très peu de choses sont complètement terminées dans sa ferme. « Il y a des choses que je ne vais probablement pas reconstruire parce que le montant d’argent pour lequel je suis assuré ne couvre pas pour une nouvelle structure. La majorité des choses ont été ou vont être rebâties plus ou moins comme elles l’étaient. »
Pour Stéphane Wolfe, propriétaire de la ferme Hammondale à Rockland, le cauchemar est loin d’être terminé. « Nos animaux sont relocalisés sur trois fermes et on pense pas qu’ils vont revenir avant le temps des fêtes. Tous les bâtiments ont été affectés, il ne restera pas grand chose d’original! »
La famille de Stéphane va revenir vivre sur la ferme, dans une roulotte pendant les travaux cet été. « Mon moral va mieux, mais c’est beaucoup de choses à gérer. Au moins avec les assurances, ça va vraiment bien même si c’est long. »
« Il est encore difficile de déterminer la perte nette exacte pour nos agriculteurs et agricultrices », souligne Roxanne Lormand, directrice générale de l’Union des cultivateurs franco-ontariens. « Il y a eu bien des dommages causés à plusieurs bâtiments agricoles et beaucoup de nettoyage reste à faire pour de nombreux propriétaires de boisés et acériculteurs. La normalité revient peu à peu, mais avec un paysage fortement métamorphosé pour de nombreuses années. »
Certains producteurs de sirop d’érable ont carrément réduit leurs activités à la suite des dommages dans leur boisé. Selon Jean St-Pierre, président de Boisés Est, une dizaine de petits producteurs ont cessé leurs activités, car leur revenu était trop bas pour tout le travail de rétablissement.
« C’est malheureux, car on a besoin de la relève! s’exclame Jean St-Pierre. Le sirop d’érable est un produit de grande valeur. Cela va prendre des années avant que les érables retrouvent leur pleine capacité. Des coûts énormes sont à prévoir. »
De leur côté, Mark Rombouts de RDC Farms à Curran et Audrey Lizotte de la Ferme l’Artisan à Fournier, affirment n’avoir eu aucun dégât. « Nos arbres ont toujours été épargnés depuis notre ouverture, même cet hiver, » relate Audrey Lizotte.
De l’aide gouvernementale
Le gouvernement provincial a annoncé qu’il allait dédommager les agriculteurs pour cette tempête et celle d’avril 2023.
Ce montant ne parviendra toutefois pas à Nicholas Dessaint. « J’habite dans la section rurale de la ville d’Ottawa et cette municipalité-là n’a pas reçu de fonds, je ne sais pas pourquoi. Toutes les municipalités autour ont reçu des fonds sauf la mienne. »
En effet, le montant de 5,5 millions de dollars a été octroyé à 22 petites municipalités affectées par d’importants événements météorologiques en 2022.
Imaginer une vache en stabulation entravée toute sa vie, et en particulier une vache qui doit demeurer attachée lors du vêlage, peut parfois être mal perçue par la population. Mais cela sera chose du passé bientôt, puisque les fermiers devront se conformer d’ici le 1er avril 2028 à de nouvelles règles d’élevage.
C’est le 31 mars 2023 qu’a été déposé le très attendu rapport rédigé par le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage. En effet, ce Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers du Canada, une référence pour les fermiers canadiens et dont la dernière mouture date de 2009, s’est vu modifié. Le code a été révisé à l’issue de plusieurs mois de consultations et de réflexions auxquelles ont participé autant des producteurs laitiers, des consommateurs que des défenseurs du bien-être animal.
Plusieurs changements devront être apportés dans les fermes qui ne répondent pas aux exigences, mais des périodes de grâce sont accordées selon les changements attendus. Par exemple, en se basant sur l’évolution des données scientifiques concernant le bien-être animal ainsi que sur l’acceptabilité sociale, dont on ne peut faire fi, ce nouveau code fournit des instructions particulières sur le vêlage des vaches laitières.
Plus d’espace pour mettre bas
En effet, les bêtes devront obligatoirement pouvoir mettre bas dans des enclos de vêlage où elles trouveront suffisamment d’espace pour bouger et où elles ne seront plus attachées. Pour nombre de défenseurs des droits des animaux, la pratique de vêlage telle qu’elle se fait encore souvent est cruelle et dépassée. Marc-Antoine Racine, de la ferme Racine à Casselman en Ontario, est d’accord avec cette mesure qu’il met déjà en pratique dans son établissement. «C’est assez humain de se dire que la vache a le droit de se promener, un vêlage, c’est quand même un accouchement! Tu veux que ta vache soit le plus confortable possible».
Par contre, il affirme que malgré les apparences, il vaut mieux retirer rapidement le veau à sa mère, même si certaines personnes souhaiteraient le contraire. «La vache, ça n’a pas l’instinct maternel comme un chat ou un chien. On sait tous que si on laisse le veau avec sa mère, automatique la vache pile dessus.» Et s’il est vrai que les veaux, qui devront être mis en groupe rapidement, se sentent moins seuls de cette manière, ça demeure un «couteau à double tranchant, car dès que tu en as un qui tombe malade, ils sont tous malades».
Des conséquences pour les plus petites fermes
Il se trouve peu de voix qui ne reconnaissent pas l’importance du bien-être animal et l’amélioration des conditions de vie de leurs vaches selon les Producteurs laitiers du Canada. Par contre, la transition, le changement de pratique et les modifications dans l’environnement des vaches entraineront des frais. Pour les plus petits éleveurs, ces coûts sont plus difficiles à absorber.
À la ferme Racine, à la suite d’un important incendie en 2008, la famille a anticipé les changements à venir et a reconstruit en ajoutant des espaces de vêlages, qu’il appelle sa «section hôpital». Mais il pense à certains fermiers qui ont des infrastructures moins modernes. «Ça va faire mal aux petites fermes» qui devront réaménager leurs installations.
Le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage reconnait cette préoccupation et accorde un délai de carence aux producteurs qui doivent s’ajuster. Il est mentionné dans la section 2.3.1 du rapport final que «la période de transition d’ici à ce que tous les vêlages se fassent dans des enclos de maternité en stabulation libre, des cours ou des pâturages est passée de 5 à 6 ans. Ce changement a été apporté en raison de la complexité et des coûts d’un tel changement dans certaines fermes.»
Des éleveurs de vaches laitières qui collaborent
Les recommandations qui sont faites dans ce rapport ont été élaborées avec l’aide des producteurs aussi afin d’en améliorer l’adhésion. De l’avis de Nicholas Dessaint de la ferme Dessaint à Sarsfield, de nombreux producteurs laitiers ont déjà instauré ce genre de mesure, volontairement, parce qu’ils se soucient du confort de leurs bêtes. Mais l’insérer dans un code de conduite «permet de s’assurer que tous les producteurs prennent bien soin des animaux et que le public ait la confirmation que ces pratiques sont respectées».
Mais la question de la perception du public est tout de même centrale, comme le reconnaît M. Racine. Parce que oui, comme il le dit, «le consommateur se sent moins coupable de manger la viande s’il sait que la vache a vécu dehors en “liberté” et a vécu une belle vie». Mais une vache dehors a aussi plus de risques de blessures. Elle peut attraper un coup de soleil, elle peut se blesser, elle souffre plus souvent de maladies de pied car son environnement est moins bien contrôlé. Alors que les vaches à l’intérieur vivent dans un environnement plus contrôlé, sont généralement mieux soignées et plus «poupounées». Il y a un revers à la médaille que le consommateur moyen ne connaît pas nécessairement.
Quoi qu’il en soit, les changements apportés au Code de pratique et son implantation par étapes entreront en vigueur le 1er avril 2024. Les contrevenants pourraient se voir imposer des sanctions administratives de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) qui applique les lois gouvernementales. Alors malgré le travail et les investissements à faire pour certains, aussi bien s’y atteler. Nos vaches s’en porteront mieux et notre lait n’en sera que plus agréable à boire.