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le Mercredi 4 mai 2011 0:00 Volume 28 Numéro 17 Le 4 mai 2011

« Ça commence à être pressant » La température fait prendre du retard

« Ça commence à être pressant » La température fait prendre du retard
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Les pluies abondantes et le temps frais font prendre beaucoup de retard dans les semis et les cultures. Les conditions météorologiques qu’a connues l’Ontario en fin-avril et au début mai ont inondé les champs et les vents violents ont causé de nombreux dommages, ce qui donne du fil à retordre aux agriculteurs pour qui chaque jour du calendrier est compté.

Alors que les agriculteurs se préparaient à sortir aux champs, les vents en rafale, les pluies abondantes et la température plutôt fraîche leurs ont fait rebrousser chemin. C’est le cas notamment des producteurs de petits fruits pour qui les pluies reçues causeront au moins deux semaines de retard.

À la Ferme Proulx de Cumberland, dans l’Est ontarien, la production de fraises sera sans doute l’une des cultures les plus éprouvées. « Malheureusement, dans les champs, la pourriture a commencé à paraitre sous la paille », souligne Madame Gisèle Proulx, propriétaire. Les employés s’affairent donc à retirer à la main la paille qui recouvre les plants, plutôt qu’à l’aide de la machinerie, comme ils ont l’habitude de le faire.

Les retards s’accumulent et les producteurs maraîchers ont peine à reprendre le contrôle. Madame Proulx souligne qu’à ce moment-ci de l’année, elle aurait déjà dû avoir enlevé la paille depuis fort longtemps et devrait s’attaquer à semer le maïs et à attacher les plants de framboises. Elle craint de plus de prendre trop de plants de fraises, ce qui lui ferait perdre deux années de récoltes.

Stress financier

À la crainte de perdre une partie de leurs plants ou de voir leurs récoltes chuter dramatiquement s’ajoute aussi un stress financier. « Les frais s’accumulent, mais on ne sait pas quand les revenus vont entrer », explique la propriétaire de la Ferme Proulx. Ces retards causent d’ailleurs de nombreux mots de tête aux cultivateurs qui voient des frais supplémentaires imprévus s’ajouter. De fait, il leur faut stocker les plants dans des chambres froides, payer les salaires des employés étrangers qui attendent une température plus clémente avant de commencer leur travail, réparer les bâtiments endommagés par les vents violents, ainsi que payer les factures pour l’achat des semences, d’équipements, des plants, etc. « Ça commence à être pressant », résume la productrice maraîchère.

Madame Jeannette Mongeon Dignard de la ferme Hector Dignard estime que ces retards et les pertes qui en découlent lui feront perdre au moins 150 000 dollars de son chiffre d’affaires cette année. La ferme dont elle est copropriétaire possède entre autres une trentaine de ruche et elle craint de voir sa production de miel réduire du tiers en raison de la floraison tardive. De plus, son maïs à consommation humaine risque lui aussi d’être affecté. Elle estime qu’elle en récoltera approximativement une tonne de moins à l’acre.

Si les retards se font sentir aux champs, ils le sont également dans les marchés publics qui ouvrent peu à peu leurs portes. « Les marchés ouvrent quand même, même si nous ne sommes pas prêts, indique la Madame Proulx. Mais on ne sait même pas si nous aurons quelque chose à vendre.»

Grandes cultures

Du côté des grandes cultures, le beau temps se fait aussi attendre puisqu’au moment de mettre sous presse, la saison était en retard d’au moins deux semaines et les prévisions météorologiques de la semaine suivante n’annonçaient rien de positif. Selon Léo Guilbeault, directeur du district d’Essex au Grain Farmers of Ontario, ce sont principalement les producteurs de Toronto et de tout l’Est de la province qui en subiront les conséquences. Étant de grands producteurs de blé de printemps et d’avoine, ces agriculteurs devront possiblement opter pour une autre culture plus tardive puisque les récoltes n’en vaudront pas la peine. Par conséquent, le directeur craint donc qu’une hausse du prix de la moulée pour animaux dans les mois à venir. « Ça va prendre un bel été pour se rattraper », souligne Monsieur Guilbeault.

Même si la saison estivale n’a pas encore débuté, les agriculteurs songent déjà à l’automne. Ils espèrent tous que celui-ci sera tardif afin de sauver la mise et leur permettre de se rattraper en prolongeant la saison des récoltes.