le Vendredi 29 mars 2024
le Mercredi 21 mai 2003 0:00 Le 21 mai 2003

De l’agriculture soutenue par la communauté dans l’Est ontarien

De l’agriculture soutenue par la communauté dans l’Est ontarien
00:00 00:00

Berhanu Shumye Wassihun, propriétaire de la ferme True Food Ecostered de Glen Robertson dans l’Est ontarien, offre ses produits selon le programme d’Agriculture soutenue par la communauté d’Équiterre. Photo J.Sauvé.

Le programme d’agriculture écologique d’Équiterre compte un de ses membres dans le comté de Glengarry. M. Berhanu Shumye Wassihun, propriétaire de l’entreprise True Food Ecostere, cultive tous ses produits selon les pratiques écologiques d’Équiterre à proximité du village de Glen Robertson. Avec huit ans d’expérience dans l’agriculture écologique, M. Wassihun récolte plus de 40 variétés de légumes, ainsi qu’une douzaine de différents grains et herbes au grand plaisir de ses clients.

«Je cultive mes produits sur plus ou moins six acres de terrain loué à l’extérieur du village de Glen Robertson», explique M. Wassihun. «Tout est cultivé de façon strictement organique. Mes produits seront d’ailleurs certifiés par l’agence OCPP/Pro-Cert qui témoigne que les légumes et autres produits sont organiques.»

M. Wassihun est originaire d’une famille d’agriculteurs de Gonder en Éthiopie. Au moment de son arrivée au Canada en 1990, il détenait déjà un baccalauréat en science de l’agriculture. Il a également étudié l’agriculture à l’Université McGill, à Montréal.

«J’ai commencé à cultiver des produits organiques par accident. J’ai passé quelques années en Europe, explique-t-il. Lorsque je mordais dans un légume, je trouvais que ce dernier ne goûtait rien sinon l’eau sucrée. Au Canada, je trouvais les produits en magasin presqu’aussi infects. J’ai donc prié quelqu’un de me prêter un petit lopin de terre et j’y ai fait pousser quelques carottes. Quand j’ai croqué ma première carotte, elle était sublime. J’ai retrouvé le goût de chez moi.»

Il a passé sept ans à travailler chez un agriculteur du Québec qui lui a permis de poursuivre ses expériences. La première année, il a cultivé 20 acres de produits qu’il n’a pas pu vendre. C’est devenu de l’engrais vert pour la terre. «J’ai ensuite réduit la superficie de mes cultures pour faciliter la récolte et la mise en marché de mes produits.»

«Ma famille et moi sommes installés à Glen Robertson depuis 2001, raconte M. Wassihun, et j’ai immédiatement lancé mon entreprise. Je crois que la culture de produits organiques est un bon projet qui a un avenir. J’ai la chance d’avoir un bon lopin de terre et j’aime travailler dur.»

M. Wassihun s’occupe de tous les aspects de son entreprise, de l’ensemencement jusqu’à la mise en marché. «Je travaille seul sur ma terre bien que j’aie des gens qui passent par chez moi de temps en temps et qui échangent leur main-d’oeuvre pour le gîte. Ils ne connaissent rien mais je leur enseigne quand même ce qu’agriculture organique veut dire.»

Faisant partie du réseau de projets de l’Agriculture soutenue par la communauté (ASC), M. Wassihun écoule ses produits de différentes façons. D’abord, des clients réguliers et certains intéressés peuvent se procurer des paniers de produits organiques frais chaque semaine à un coût plus qu’abordable. «Une personne peut acheter un panier hebdomadaire contenant environ 15 lbs de légumes frais au prix de 14$, explique-t-il. Je crois que l’équivalent dans les supermarchés coûterait environ 30$. Pour 28$ une famille de 4 personnes a assez de légumes frais pour bien manger chaque semaine.»

«Les gens peuvent également décider de me donner un montant fixe deux fois par saison pour avoir leur panier chaque semaine. Je prépare les paniers et les livre moi-même. J’ai des clients aussi éloignés que Montréal et Ottawa.»

Il vend également aux marchés des fermiers: «J’ai obtenu la permission de Santé Canada pour vendre mes produits aux différents marchés des alentours. J’y amène plus de 40 variétés de légumes, une dizaine d’herbes, et des farines moulues de mes propres grains tels le maïs, le blé et l’orge. Je fais aussi la transformation de certains de mes produits. Par exemple, avec mes farines, ma femme et moi préparons des pains et d’autres plats traditionnels de chez moi.»

«De plus, je cultive tous les ingrédients organiques qui me permettent de préparer du jus vert que je vends uniquement sur commande à mes clients. Ce jus rehausse l’immunité naturelle du corps. Il devient de plus en plus populaire. Je recommande que mes clients le consomment surtout en hiver.»

Tous les produits qui ne sont pas distribués par l’entremise de l’ASC ou vendus au marché sont immédiatement séchés et mis en sachets afin de les ajouter aux soupes. Tout est utilisé.

Au bout du compte, les désirs de M. Wassihun sont exaucés. «L’année dernière a été trop sèche, la récolte n’a pas été bonne. L’année précédente non plus. Mais je n’en demande pas beaucoup. Mon entreprise défraye mes coûts d’opération, nous mangeons de mes produits, je paye nos factures, c’est ma vie et je suis heureux.»