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le Samedi 8 juin 2013 21:46 Volume 30 Numéro 14 Le 29 mars 2013

Démystifier la mammite

Démystifier la mammite
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La mammite demeure à ce jour l’un des types d’infections les plus fréquents dans nos exploitations. Six mois après l’adoption de la nouvelle norme concernant le comptage des cellules somatiques (CSS) dans les réservoirs à lait, abaissée à 400 000 cellules, quels changements observons-nous?

 

Même si les résultats enregistrés dans la majorité des fermes étaient nettement inférieurs à ce seuil, avant août 2012, cette nouvelle mesure a incité de nombreux éleveurs à réexaminer la façon dont ils traitent les vaches qui ont un problème chronique de CSS élevé. De toutes les données recueillies pendant la journée du test prévu dans le plan d’amélioration des troupeaux laitiers (DHI), le CSS individuel des vaches est sans doute l’une des données les plus fréquemment examinées.

 

La majorité des chercheurs qui étudient la mammite considèrent que l’obtention de trois CSS élevés (supérieur à 200 000) consécutifs chez une vache indique une infection chronique. Dans la plupart des exploitations où sont effectués 10 tests par année, cela représente de 110 à 120 jours d’infection. Dans celles où les analyses de lait sont moins fréquentes et où des vaches obtiennent trois CSS élevés consécutifs, l’infection se manifeste encore plus longtemps.

 

Les résultats du CSS visent à aider les éleveurs à décider s’ils doivent traiter ou non une vache donnée. Il serait impossible en aussi peu de lignes d’examiner toute la panoplie de bactéries et de microbes à l’origine des infections intramammaires.

 

Chaque microbe possède ses propres mécanismes qui provoquent des réactions légères, modérées ou violentes à l’infection. Certaines bactéries comme Staphylococcus aureus peuvent causer des infections dont la gravité varie grandement. Des réactions très légères (infections subcliniques), où le lait est visiblement normal et où la vache et le pis semblent normaux, sont souvent la manifestation la plus courante. Dans ces situations, le seul signe d’infection est un CSS élevé. Les échantillons prélevés dans le cadre du plan d’amélioration des troupeaux laitiers permettent de cibler ces vaches. Staphylococcus aureus peut aussi causer l’une des infections les plus graves, la mammite gangréneuse.

 

Staphylococcus aureus demeure l’un des principaux agents de la mammite chronique dans les troupeaux laitiers de l’Ontario. La réussite du traitement des vaches infectées par cette bactérie dépend essentiellement de la rapidité de détection des infections. Une fois bien établies, ces infections réagissent très peu au traitement. Voici des règles générales permettant de décider s’il convient ou non d’effectuer un traitement :

 

1)         Une vache ne devrait pas obtenir trois CSS consécutifs (infection chronique).

 

2)         Aucun des CSS élevés ne devrait être supérieur à 1 000 000.

 

3)         Les jeunes animaux réagissent généralement mieux que les vaches plus âgées.

 

Dans les troupeaux où les décomptes cellulaires se situent entre 250 000 et 300 000, il est essentiel d’utiliser les données provenant du plan d’amélioration des troupeaux laitiers du DHI qui indiquent un CSS élevé. Toutes les vaches ayant un CSS élevé (>200 000) devraient subir un prélèvement visant à déterminer quel microbe est à l’origine de l’infection. Un traitement devrait être envisagé pour les vaches nouvellement infectées ou celles qui correspondent aux critères ci-dessus. Nous vous encourageons à vous renseigner auprès de votre vétérinaire pour choisir l’antibiotique indiqué pour l’infection en particulier.

 

Au moment de la prise d’échantillon, utilisez un produit de prétrempage et laissez agir 30 secondes. Essuyez, en portant une attention particulière à l’extrémité de la tétine. Si vous utilisez des tampons d’alcool, frottez énergiquement le bout de la tétine avant le prélèvement. Lorsque les sujets sont des vaches ayant un CSS élevé, prélevez des échantillons à chaque quartier (pour chaque quartier du pis). Certaines bactéries sont présentes en très faible nombre, et les chances d’obtenir une culture positive sont plus élevées si vous prélevez des échantillons individuels à chaque quartier. Cette méthode facilite aussi grandement l’interprétation des données en laboratoire et en accroît la pertinence. Le plan d’amélioration des troupeaux laitiers du DHI prévoit un test PCR qui permet de cibler quelques organismes à l’origine de la mammite, dont Streptococcus agalactiæ, Staphylococcus aureus et les mycoplasmes. Ces tests sont extrêmement sensibles en ce sens qu’ils permettent de cibler des brins de séquence d’ADN bactérien dans un échantillon de lait.

 

Ils ne détectent pas de bactéries intactes dans le lait. Comme la culture et la multiplication de l’organisme constituent la norme d’excellence pour déterminer une infection véritable, les résultats d’un test PCR positif mené dans le cadre du plan d’amélioration des troupeaux laitiers devraient être interprétés (à mon avis) comme indices d’une infection positive potentielle, et confirmés au moyen de la culture.