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le Mercredi 17 octobre 2012 0:00 Volume 30 Numéro 05 Le 19 octobre 2012

Du lait au vin : la passion a eu raison

Du lait au vin : la passion a eu raison
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Jan-Danniel Etter est passé de producteur laitier à producteur de vins. Il s’agit d’un heureux concours de circonstances qui fait aujourd’hui le bonheur du jeune agriculteur de 30 ans. Le hasard, qui a voulu qu’il ramène de la Suisse une expertise vitivinicole et qu’il croise sur son chemin un viticulteur expérimenté de l’Est ontarien, a changé son plan de carrière, qui est aujourd’hui plus prometteur que jamais.

Jan-Daniel n’a pas hésité une seule seconde quand, en 2005, un cousin Suisse lui demande son aide pour faire les vendanges dans la région natale de ses parents, le Mont Vully. Il a sauté à pied joint dans l’aventure et il s’est épris pour la production de raisins. Si bien, qu’il y est retourné les six années suivantes, pour des séjours variant de trois semaines à trois mois et demi, profitant ainsi de l’occasion pour ramener au Canada les connaissances acquises auprès de trois vignerons qui faisaient cave commune.

En 2008, subjugué par cette production de raisins, il se décide enfin à se lancer dans une nouvelle aventure et à planter près de 250 plants.

Les trois années subséquentes, il plante respectivement 1700, 2200 et 1000 plants et il crée enfin son entreprise, les vins Clos du Vully.

Son vignoble de 4 acres et demie compte aujourd’hui 5 000 plants de raisins. Le propriétaire en était cet automne à sa 2e vendange sur sa terre, un exploit dont il n’est pas peu fier.

Et après cinq ans de travail acharné, il ne regrette pas son choix et est toujours aussi passionné pour ce qu’il fait. «C’est tellement un beau métier. On travaille toujours à l’extérieur et on est entouré de la nature. Il n’y a pas de stress, ni de patron », confie le jeune agriculteur.

Son secret ? Il réside peut-être dans la perception de son travail. «Tailler une vigne, c’est comme sculpter la nature. Chaque plant est une mini oeuvre d’art », admet-il. Et il se compte chanceux de pouvoir bénéficier de l’appui de ses parents qui lui louent le terrain, lui prête la machinerie et apporte leur coup de main lors des vendanges.

« Aussitôt qu’ils ont un peu de temps libre, ils viennent m’aider. [Ma mère] a vécu là-dedans quand elle était jeune, donc elle connait bien le métier et ça lui fait plaisir que son fils continue la tradition familiale au Canada », raconte Jan-Daniel.

Une collaboration éternelle
Alors que plusieurs agriculteurs se font compétition dans une même production, le jeune viticulteur de l’Est ontarien a pu bénéficier des conseils et du savoir-faire d’un autre producteur. Denis Perreault, propriétaire du Domaine Perreault de Navan, l’a littéralement pris sous son aile.

«Notre vinificateur a 71 ans et moi j’ai 69 ans, alors c’est bien d’avoir un jeune parmi nous. Jan a la passion pour le vin et je sais qu’il réussira », admet M. Perreault.

Jan-Daniel sait qu’il a eu de la chance. Le jeune agriculteur de la relève, issu d’une famille de producteurs laitiers, cherchait à parfaire ses connaissances et à partager sa passion avec un autre producteur. Les deux viticulteurs ont donc décidé de faire front commun pour promouvoir leurs produits locaux.

«On travaille en collaboration. Il me permet de vinifier et d’entreposer le vin chez lui et une fois que mes installations seront prêtes, on fera vieillir les vins ici pour ensuite les commercialiser [à ma boutique]. Mais j’ai tout de même l’intention de continuer à travailler avec lui après, que ce soit pour l’échange des connaissances et pour partager des produits ou de la machinerie. On pourrait même organiser des événements ensemble un jour », lance le jeune homme.

« Ça attire plus les gens, ajoute le viticulteur d’expérience. Ils pourraient aller d’un vignoble à l’autre et ça leur ferait une sortie. Les gens quand ils quittent la ville, ils veulent faire quatre cinq places [dans la même journée]».

Producteurs laitiers d’origine suisse débarqués en sol ontarien depuis des décennies, les Etter se sont forgé une place de choix au sein de la communauté agricole de leur province d’accueil. Parions qu’au cours des prochaines années, les vins Clos du Vully se tailleront eux aussi une place sur les tables ontariennes.