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le Mercredi 2 mai 2012 0:00 Volume 29 Numéro 17 Le 4 mai 2012

Kapuskasing perd sa station de recherche

Kapuskasing perd sa station de recherche
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Dans la foulée des coupures d’emplois annoncées par le gouvernement fédéral, les 20 employés de la station de recherche (ou ferme expérimentale) de Kapuskasing ont reçu une lettre le 11 avril leur annonçant la perte de leur travail et la fermeture de l’établissement d’ici décembre 2012.

 

Fondée en 1915, elle était rapidement devenue une chef de file en agriculture nordique. Elle était la 3e plus vieille ferme expérimentale du pays.

 

La ferme de Kapuskasing s’était démarquée notamment par les recherches sur les légumes, les céréales et le bœuf qui s’y effectuaient. Elle était rapidement devenue une chef de file en agriculture nordique.

 

Dernièrement, la ferme assumait le leadership dans la relance de l’agriculture dans la Grande enclave argileuse de la région de Cochrane. Sa fermeture donne donc un coup dur à plusieurs communautés de Matheson à Hearst, dans le nord de l’Ontario, qui avaient espoir de retrouver la vitalité agricole d’antan.

 

Déception et mobilisation
Des voix se sont rapidement élevées pour décrier la décision. Le maire de Kapuskasing, Alan Spacek désire trouver des investisseurs privés comme cela s’est passé lors de la fermeture de la station de recherche de Thunder Bay, mais la tâche s’annonce ardue.

 

C’est la rectrice de l’Université du Québec en Abitibi-Témiskamingue (UQAT), Mme Johanne Jean, qui s’est montré la plus atterrée par cette mauvaise nouvelle. C’est que la recherche en agronomie de l’UQAT se fait en partenariat avec la ferme de Kapuskasing. Les infrastructures et l’équipement scientifique de la ferme permettent d’effectuer des recherches qui servent aux cultivateurs des deux côtés de la frontière Québec-Ontario.

 

Rappelons aussi que la ferme a un troupeau de bovins. Les chercheurs des deux institutions sont en train de développer le « Bœuf en or », un animal élevé à l’herbe et au foin, sans antibiotiques. Il reste encore beaucoup de travail à faire sur l’alimentation de ces bovins et sur les façons de réduire l’empreinte écologique de cet élevage.

 

« Ce serait une grave erreur de fermer la ferme, » a confié Mme Jean à l’Agricom. « Il faudra revoir nos stratégies et réorienter notre recherche. » Et elle à l’intention de consacrer tout le temps nécessaire à ce dossier afin d’entamer un dialogue avec les organismes impliqués dans le secteur agroalimentaire canadien.

 

Ce n’est pas la première fois que la ferme subit un coup dur. En 1995, plus de la moitié du personnel de l’établissement avait été mis à pied. En 2005, il y avait eu d’autres coupures. Laurier Guillemette, conseiller municipal de Kapuskasing et ancien employé de la ferme s’indigne. « Il n’y a pas eu de dialogue, nous n’avons eu aucune information qui nous disait que peut-être cela arriverait. Il semblerait qu’on est une des sept fermes fédérales qui ferment. »

 

Le meilleur commentaire pour témoigner de l’amertume qui reste après l’annonce de cette décision est venu d’une personne très active dans le monde de l’agriculture en Ontario et qui préfère qu’on taise son nom. « Tout ce qui pousse dans le sud ce sont des maisons, il faudra bien qu’ils viennent dans le Nord et alors tout sera à recommencer! »